Medef, CCI, CGPME : un gisement de dépenses inutiles dont la collectivité peut faire l’économie
Les données récentes montrent que les crédits immobiliers ont chuté et les prêts aux PME sont en deçà de leurs besoins. Le débat sera sur les voies à suivre pour atteindre des taux de croissance compatibles avec le plein emploi doit prendre en compte le rôle central de la PME
Mario Draghi président de la BCE a déclaré le 24 avril 2012 qu’il y a un pacte budgétaire mais il est nécessaire d’avoir un pacte de croissance. D’après lui, il faut « revenir en arrière ». Il ajoute que les LTRO (refinancement de la BCE aux banques) n’ont pas produit les effets positifs escomptés en matière de financement de l’économie. En effet toutes les données récentes montrent que les crédits immobiliers ont chuté et les prêts aux PME sont en deçà de leurs besoins.
Jean Claude Juncker plaide de son côté pour la relance de l’activité en Europe et pour plus de croissance.
Ce n’est pas uniquement le plaidoyer de François Hollande, candidat aux élections présidentielles en France qui explique cette montée en Europe de l’exigence de mettre en place des politiques de croissance mais aussi des Pays-Bas; pays du Nord qui connait une crise politique provoquée par l’éclatement de la coalition au sujet des mesures à prendre, afin de réduire les déficits budgétaires.
Le débat sera sur les voies à suivre pour atteindre des taux de croissance compatibles avec le plein emploi doit prendre en compte le rôle central de la PME
L'indispensable soutien aux PME (petites et moyennes entreprises)
En France la PME a été soit diabolisée et reléguée
au second plan. Les technocrates et les dirigeants politiques sont plus à
l’écoute des grands patrons qu’ils côtoient, qu’ils reçoivent plus facilement
et les associent à leurs voyages officiels.
Les patrons des PME industrielles ne sortent
pas des grandes écoles, encore moins de l’ENA ou polytechnique, ils sont
intarissables sur leurs propres produits mais à quelques exceptions près ne
vont pas très loin dans la formulation des demandes socioprofessionnelles,
autres que celle catégorielles. Leurs syndicats professionnels ? Entre le
Medef qui défend essentiellement les gros cylindrés, la CGPME manque
cruellement de relais sur le terrain. Certaines délégations disposent d’énormes
moyens financiers mais leurs résultats ne sont pas au niveau escompté
Voilà
un gisement de dépenses inutiles dont la collectivité peut faire l’économie.
Une pléthore de structures qui se font la
guerre, sont censées encadrer et appuyer les actions des PME. Lorsque l’on a recensé
le nombre de participants à leurs actions, on constate le décalage entre les
efforts déployés et les moyens financiers et humains utilisés pour des
réalisations médiocres.
Mon action à la tête d’une agence de
développement économique, fut plus féconde que l’armada de certaines structures
départementales.
J’avais pris l’initiative, de chercher des
alliances et des coopérations avec la CCIP, la CGPME, le MEDEF, l’ACTEP,
UBIFRANCE, les clubs d’entreprises, les services économiques municipaux, les
conseils généraux, le conseil régional
afin de dégager des complémentarités. L’idéal est de créer des structures de
proximité par communes ou communautés d’agglomération regroupant toutes ces
structures en une seule, sous l’égide d’agences de développement au niveau
communal ou intercommunal.
La CCIP 93 ne peut prétendre approcher 30.000
entreprises, mais des structures de proximité pourraient le faire.
Ces agences auront la charge d’accompagner
les PME au niveau local et à l’international par la sensibilisation-formation,
le conseil, l’intermédiation auprès des élus locaux et des administrations
publiques, la recherche d’aides régionales et nationales. C’est ce que j’ai
fait dans les domaines des Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication, des techniques de l’exportation, de la recherche et
l’innovation.
Souvent, la grosse
PME allemande est comparée à la PME française de taille plus modeste. Il
faudrait en France avoir 10 000 PME
de plus de 200 salariés. Durant mon expérience
de 25 ans de conseil aux entreprises de l’est-parisien, j’ai constaté la baisse
en moyenne de leur effectif passant de 30 à 9 salariés.
Si les grands groupes
délocalisent, les PME sont plus ancrées dans leur territoire et constituent un
gisement d’emplois insoupçonnable. L’erreur qui a fait mourir des centaines de
milliers d’entre elles, notamment celles qui produisaient des biens, fut cette
idéologie libérale du laisser-faire.
Aux côtés des élus
locaux, nous proposions des plans viables aux entreprises en difficultés. Sans
un soutien public et financier, celles-ci n’avaient aucune chance de survivre.
Un comité départemental présidé par le préfet réunissant, les services fiscaux,
les donneurs d’ordre, les organisations patronales et syndicales, les
établissements financiers pourrait être le passage obligé avant le dépôt
de bilan au tribunal de commerce.
Créer des emplois
c’est bien, mais sauvegarder l’existant c’est mieux. Il serait illusoire de
penser que l’on peut sauver toutes les sociétés en difficulté. Certaines ont vu
s’écrouler leurs marchés, ou n’ont pas su s’adapter en terme de produits et
d’innovations. Mais celles qui ont
des problèmes de trésorerie (qui était le lot de la majorité d’entre
elles) ou un ralentissement conjoncturel, pourquoi ne pas les aider à
garder leurs salariés avec des aides publiques ? Celles-ci se substituant aux
allocations chômages.
La loi du 2 mars 1982
de décentralisation, en donnant des prérogatives aux communes en
matières économiques, a eu son utilité, mais le problème du millefeuille
administratif a réduit l’efficacité du soutien public aux entreprises, entre
les CCI, les SDE (services du développement économique municipaux),
les associations patronales, on constate beaucoup de perte d’énergie. Les CCI et autre
organismes souffrent de lourdeurs administratives et de bureaucratie. A
cela s’ajoute les coûts des prestations qui se rapprochent des tarifs de
prestataires privés.
Le mille feuilles
(juxtaposition de plusieurs organismes d’appui aux entreprises) est coûteux
avec une efficacité faible.
Une coordination dans une structure départementale
permet de :
-informer sur
l’environnement de l’entreprise,
-organiser des salons
locaux (exemple : le Carrefour des entreprises de l’est parisien, CAREEP),
-participer à des
salons internationaux, avec des coûts moins prohibitifs,
-co-organiser
des séances de formation destinées aux cadres et chefs d’entreprises en
partenariat avec les organismes collecteurs du 1% formation comme les AGEFOS
ainsi que le conseil régional,
- coordonner des actions
de sensibilisation et d’accompagnement dans le domaine de l’exportation,
- développer
les synergies entre entreprises,
- rapprocher
Universités-Entreprises,
- promouvoir le
territoire à l’étranger,
- réunir, au moins
une fois par trimestre sous l’égide du préfet, tous les intervenants dans le
domaine économique y compris les syndicats. Les comités locaux
institués par le gouvernement de gauche en 1983 ont faillit mais des comités
départementaux peuvent les remplacer. Les mentalités ont changé et les clivages
bloquants pourraient s’atténuer,
-inventer de
nouvelles relations sociales entre les syndicats et le patronat comme en
Allemagne et les pays du Nord de l’Europe, où les syndicalistes ont une culture
économique et d’intervention dans la gestion.