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Photo © JDN
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« Samedi 19 janvier,
16h20. Jean-Pierre Mustier, le patron des activités de marché de la Société générale,
téléphone à Daniel Bouton, le président de la banque. Il lui demande s'il peut
passer le voir dans son bureau, au trente-cinquième étage de la tour de la Défense.
"Il y a un problème d'opérations dissimulées", lui annonce-t-il, livide. Daniel
Bouton, occupé à préparer le conseil d'administration exceptionnel du dimanche
soir, qui doit entériner des pertes imprévues de 2 milliards d'euros subies sur
les subprimes, blêmit à son tour.
Jean-Pierre Mustier lui révèle qu'une énorme transaction sur des "forwards",
d'un montant de 30 milliards d'euros, réalisée par un jeune trader du desk Delta
One, Jérôme Kerviel, est fictive. (...). La banque ignore ce qui se cache derrière
(...). Elle a seulement la forte présomption que le jeune Breton de 31 ans au
faux air de Tom Cruise est un trader ripou, un "rogue trader", comme disent les
Anglo-Saxons. Mustier et Bouton ne savent pas encore qu'en infligeant à la banque
des pertes de 4,9 milliards d'euros Jérôme Kerviel va devenir, dans quelques jours,
le plus grand rogue trader de l'histoire. »
Extraits de "Cinq
milliards en fumée, les dessous du scandale de la Société
générale"