« Après avoir consulté
ses principaux adjoints, Daniel Bouton prend lui-même la décision : déboucler
cette énorme position dans les plus brefs délais, c'est-à-dire en commençant dès
le lendemain matin, lundi 21 janvier. (...)
Les patrons de la salle décident de confier à un seul trader le soin de
liquider l'ensemble de la position, afin d'éviter toute fuite. Il n'est pas choisi
au hasard. C'est le plus expérimenté, le plus habitué à intervenir sur de très
gros volumes : il fait partie du desk "basket trading", où l'on effectue des
arbitrages, pour d'énormes montants, entre les contrats à terme et les paniers
d'actions. Des opérations dont l'exposition peut parfois dépasser la dizaine de
milliards d'euros, ce qui nécessite alors l'accord direct du président de la banque.
C'est ce trader vedette, "expert de chez expert", selon la formule d'un responsable
de la salle, qui va, durant trois jours, et dans le plus grand secret, faire le
sale boulot, liquider, dans des conditions de marché épouvantables, la position
que lui a léguée Jérôme Kerviel. En subissant, sans que son talent puisse rien
y changer, des pertes colossales. »
Extraits de "Cinq
milliards en fumée, les dessous du scandale de la Société
générale"