Il n'y pas si longtemps, Caddie était le leader incontesté du chariot métallique.
La situation a bien changé. Le concurrent allemand Wanzl, avec ses 400 millions
d'euros de chiffre d'affaires, ses 3.000 salariés (contre 1.000 annoncés par Caddie)
et ses plus de 50% de parts de marché dans le bastion français a relégué le fabricant
alsacien à la seconde place.
La faute, selon la plupart des observateurs, à un manque d'investissement de
la part du Français. "Locaux vétustes", presses âgées de plus de 30 ans pour certaines
avec "un évident problème de productivité", "flottement du bureau d'études" dans
les années 90... les reproches en interne sont légion. La société alsacienne aurait
notamment raté le coche des technologies informatiques. "Nous sommes à l'ouest.
Quand Wanzl proposait déjà des modules avec radars pour l'entrée des magasins,
nous en étions encore aux portillons avec cellules", râle un employé.
Des clients historiques perdus
Résultat, Wanzl, plus créatif et plus réactif, a ravi à Caddie certains de
ses clients historiques, comme Aéroports de Paris ou Système U. Comble :
des chariots Wanzl spécialement conçus pour l'occasion ont été choisis par Auchan,
qui a demandé à la firme allemande de vendre à Caddie certaines de ses pièces
pour que le distributeur puisse continuer de passer quelques commandes au Français.
Sur 80.000 chariots vendus depuis 2005, moins de 5.000 l'auraient été par Caddie,
selon Wanzl. En revanche, Caddie a su remporter l'exclusivité pour les chariots
Casino.
Autre point faible du fabricant de Schiltigheim, la productivité. Là aussi,
Caddie aurait manqué l'occasion d'investir. "La bataille de la productivité, explique
un acteur du secteur, c'est dans les années 95-2000 qu'il fallait la gagner, quand
les marges sur les chariots étaient importantes". Une ère révolue avec la hausse
des matières premières et le système des enchères inversées pratiqué depuis quelques
années par la grande distribution.
Enfin, Caddie pâtirait de la disparition de ses meilleurs commerciaux. "La
génération des vendeurs qui passaient leur week-end avec leurs clients, qui ne
repartaient pas d'un magasin sans une commande, même petite, est partie à la retraite",
raconte un professionnel, qui se rappelle que "les barons de la vente étaient
tous chez Caddie".