INTERVIEW 
 
Mats Carduner
Directeur général
Google France
Mats Carduner
"Le marché français des liens sponsorisés a grand besoin d'éducation"
Spécificités du marché français, limites légales des liens commerciaux, référencement payant, déréférencement, Google News... Le nouveau DG de Google France fait le point.
(04/01/2005)
 
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JDN. Quel est le rôle de Google France au sein du groupe ?
Mats Carduner.
Notre activité est essentiellement commerciale. Nous sommes notamment en charge de la promotion des programmes AdWords et AdSense et de l'instauration d'un dialogue avec les clients du groupe. Le seul bureau européen possédant un service de recherche et développement se situe à Zurich.

Quelles sont les spécificités du marché français ?
C'est un marché mature, même s'il accuse un retard de deux ou trois ans sur le marché britannique. Le taux global de pénétration d'Internet est notamment plus faible en France. Mais les perspectives de croissance sont intéressantes. Le marché des liens sponsorisés est quant à lui tiré par le secteur du tourisme.

Comment évolue ce marché en particuliers ?
Il reste très parisien, à la différence du marché allemand, très décentralisé. La France compte également un nombre croissant d'acteurs faisant le relais entre Google et les annonceurs. Notre objectif est clairement de développer des synergies avec ces intermédiaires, pour l'essentiel des agences média, des régies publicitaires et des référenceurs.

Le prix d'achat des mots-clés augmentant sans cesse, ne pensez-vous pas que les liens promotionnels peuvent, à terme, être victime de leur succès ?
La hausse des coûts est limitée à des secteurs dynamiques et fortement concurrentiels, comme le tourisme et les finances personnelles. Mais d'autres secteurs sont encore à défricher tels les services juridiques. Il ne faut pas oublier que le marché n'en est qu'à ses débuts. Il reste donc un énorme travail d'éducation à faire, secteur après secteur, pour expliquer aux responsables marketing les bienfaits du lien commercial dans leur stratégie de marketing direct.

Nos équipes planchent sur une solution alternative au référencement payant."

Certes, mais ne craignez-vous pas de voir les annonceurs partir sur d'autres réseaux plus petits où les prix d'achat des mots-clés sont moins élevés ?
Non. Le retour sur investissement des campagnes de liens promotionnels est facilement contrôlable et démontré. La plupart de nos clients enregistre ainsi un ROI positif. Et même si celui-ci était négatif, le lien publicitaire resterait plus rentable que d'autres outils de marketing direct. D'autre part, la France, de par son retard, possède une plus grande marge de manœuvre que le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, par exemple.

La justice américaine a disculpé Google dans l'affaire qui l'opposait à Geico pour violation de marque. Cela signifie-t-il qu'un annonceur peut acheter le mot-clé "Google" aux Etats-Unis ?
Outre-atlantique, où la publicité comparative est très utilisée, cela ne pose en effet aucun problème. Mais c'est un sujet sensible sur lequel nous ne voulons pas nous tromper. C'est pourquoi notre politique a consisté, jusqu'à présent, à retirer systématiquement toute campagne basée sur le nom d'une marque, a posteriori suite à une plainte. Quoi qu'il en soit, l'annonceur est responsable de ses choix de mots-clés et l'utilisation d'une marque concurrente n'est ni efficace ni rentable.

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Article  Liens sponsorisés : Bourse des Vols obtient gain de cause contre Google

Qu'en est-il des procès en France sur le même thème ?
Nous sommes toujours en appel dans l'affaire Bourse des Vols. La condamnation du Tribunal de grande instance de Nanterre est, selon nous, une mauvaise décision.

Lancer une campagne de liens sponsorisés a-t-il une quelconque incidence sur le référencement naturel d'un site pour les mots-clés achetés ?
Certainement pas. L'index naturel de Google subit un traitement automatisé universel. Son intégrité est en parfait accord avec la pertinence et l'exhaustivité qui ont bâti la réputation de notre moteur de recherche. Certes, résultats naturels et résultats commerciaux cohabitent sur le même site mais ils se complètent parfaitement. Toute interaction entre ces deux activités relève du fantasme.

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Article  Référencement payant, la solution au déréférencement ?

Envisagez-vous de lancer une offre de référencement payant comme celle de Yahoo ?
Surtout pas. Nous ne tenons pas à biaiser les résultats de la recherche. Le cheminement du référencement payant n'est pas le bon et nos résultats d'audience prouvent que nous avons fait les bons choix. La plupart des acteurs ayant proposé une telle offre est d'ailleurs revenue en arrière. Pour tout vous dire, nos équipes planchent actuellement sur une solution alternative au référencement payant.

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Article  Netbooster déréférencé par Google

Quelle est la politique de Google vis-à-vis du déréférencement ?
Certains acteurs ont des pratiques qui divergent de nos objectifs et qui pénalisent les internautes. Notre politique consiste à retirer de notre index les sites de ces acteurs. Nous encourageons d'ailleurs le marché à dénoncer ceux qui ont de telles pratiques.

Quelles sont ces pratiques exactement ?
Elles sont détaillées sur notre site, dans des directives à destination des webmasters. Des personnes chez Google veillent à ce que ces directives soient bien respectées de tous. Nous avons également des robots qui détectent automatiquement certains types d'infractions comme les pages satellite, par exemple.

Certains acteurs vous reprochent de ne pas être assez transparent sur le déréférencement...
Notre index contient un nombre considérable de sites. Nous ne pouvons pas nous permettre de prévenir les responsables d'un site avant de déréférencer celui-ci. En général, les acteurs sanctionnés savent pourquoi ils le sont.

Comment fonctionne Google News ?
De manière complètement automatisée. Seule la sélection des sites référencés par ce service est effectuée par nos équipes éditoriales. Google News a beaucoup surpris les fournisseurs de contenu, au moment de son lancement. Certains d'entre eux ont même dans un premier temps refusé d'être référencé avant de revenir sur leur décision, comme LeMonde.fr.

Comment classez-vous les articles indexés par cet outil ?
Principalement en fonction de la fraîcheur de l'information.

Envisagez-vous d'insérer des liens promotionnels dans Google News ?
Non.

Deux de vos rivaux proposent un outil de messagerie instantanée. Allez-vous lancer votre propre solution ?
Ce n'est pas dans nos objectifs du moment.

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2005 sera-t-elle marquée par la lutte des moteurs de recherche, selon vous ?
Cela paraît évident. Une vraie bataille se prépare, notamment sur la rapidité et la pertinence des résultats fournis. Ceci prouve que nous avons eu raison de miser sur un outil propre à Internet. Nous allons poursuivre notre mission.

 
 
Propos recueillis par Frédéric QUIN, JDN

PARCOURS
 
 
Mats Carduner est directeur général de Google France depuis novembre 2004.

Fin 1998, il lance la filiale française du site d'emploi américain Monster.

En 1997, il rejoint l'agence Havas Interactive, au poste de directeur de projet Internet, où il est notamment responsable du site Cadres Online.

En 1995, il participe au lancement du fournisseur d'accès Internet Infonie en qualité de responsable des programmes en charge des contenus et de la fidélisation des abonnés.

Et aussi, diplômé d'HEC en 1990, Mats Carduner débute sa carrère chez L'Oréal comme responsable commercial, puis chef de produit marketing.

   
 
 
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