JDN.
Quelle est l'étendue des services de Phonevalley
et ses limites ?
Alexandre Mars. Nous
avons la chance d'être positionnés sur
un secteur qui ne connaît pas la crise : les solutions
mobiles. Nous commercialisons des outils et des services
SMS, qui sont nos atouts principaux. Parallèlement,
nous développons de nouveaux produits autour
du multimédia mobile et des déclinaisons
en SMS premium. Nous pouvons assurer les parties connectivité
et applications. Pour la partie marketing mobile, nous
collaborons souvent avec les agences publicitaires et/ou
Web type Publicis ou FullSix, qui travaillent avec des
marques. Nous ne disposons pas de bases de données
marketing direct en propre. Nous estimons qu'il vaut
mieux conseiller nos clients en matière d'utilisation
de bases de données disponibles sur le marché
plutôt que de pousser nos propres data. Celles-ci
ne conviendraient pas forcément aux besoins de
nos clients.
Peut-on
avoir des précisions sur la typologie de votre
clientèle ?
Nous
disposons de plus de 200 clients. Nous avons des annonceurs
sectoriels divers comme le Crédit Lyonnais dans
le monde de la banque, Maaf dans l'assurance, Nokia
et Samsung dans la téléphonie mobile.
Notre clientèle BtoB, à qui nous vendons
des services et produits mobiles, se classe en quatre
catégories : les grands comptes (comme SNCF-TER
ou EDF-GDF), les opérateurs mobiles (nous avons
des relations historiques avec SFR) et les collectivités
(municipalité de Cannes...) et le monde des médias.
Mais celui-ci est assez singulier : ils ont tous opté
pour des services SMS Plus (surfacturés). Nous
travaillons avec des supports presse (Prisma Presse,
Emap France, 20 Minutes, Bayard Presse, Le Monde...),
radio (GIE les Indépendants) et Web (Lycos France,
MSN, Club-Internet). Les revenus sont assez équilibrés
entre les différentes catégories de clientèle.
Pourquoi ne communiquez-vous
pas vos résultats financiers ?
La concurrence est féroce sur notre secteur.
Je préfère communiquer sur les nouveaux clients qui
ont choisi de faire confiance à Phonevalley. De plus,
je détiens la grande majorité du capital de la société
et l'obligation de communication est donc beaucoup plus
réduite, d'autant plus que nous sommes une société "privée".
On a l'impression que les
activités de Phonevalley reposent sur une multitude
de micro-contrats...
C'est une vision erronée. Nous
avons des clients grand compte, médias ou collectivités
qui génèrent des volumes conséquents
de SMS. Les
montants des contrats annuels et pluriannuels et des
revenus sont très variés.
Il est vrai que nous menons beaucoup d'opérations
évènementielles avec des clients comme
Warner France ou Gaumont. Mais nous participons également
à des animations SMS à moyen terme. C'est
le cas actuellement avec une marque d'un grand groupe
agro-alimentaire qui porte sur un volume conséquent
de packs et devrait durer six mois.
Les
agences médias ont-elles le réflexe d'intégrer
le canal SMS dans les stratégies marques?
Depuis un an, cela a beaucoup évolué
dans le bon sens. Les agences médias traditionnelles,
comme Carat, OMD ou Zenith Optimédia, intègrent
de plus en plus le SMS en préconisant ce canal
dès le début de leur brief clients.
Quelles opérations
de SMS marketing se montrent particulièrement
intéressantes ?
Les opérations de chrono-mobilité,
c'est à dire la possibilité de toucher
un consommateur à un moment donné. Par
exemple, pour la sortie d'un DVD, nous pouvons envoyer
un SMS à des acheteurs potentiels samedi midi
en leur proposant une offre spéciale sur ce produit
culturel dans la perspective d'un achat l'après-midi.
Vous venez de lancer un service
de SMS politiques avec André Santini, candidat
UDF pour la région Ile-de-France. En quoi est-ce
novateur ?
C'est la première fois qu'un candidat
à une élection utilise le canal SMS comme
un véritable outil d'information. L'outil SMS
avait déjà été exploité
en politique, mais pour chatter avec des candidats de
l'élection présidentielle en 2002.
Avec le développement
du multimédia mobile, avez-vous des projets MMS
?
Nous avons un catalogue de produits MMS : des postcards,
des jeux ou des quizz MMS. Pour le moment, nous ne sommes
pas encore très présent sur ce marché
qui vient tout juste de démarrer.
Pensez-vous que l'on puisse
prescrire le SMS dans tous les domaines d'activité
?
Par expérience, nous savons que le SMS n'est
pas toujours une poule aux oeufs d'or. Par exemple,
des services SMS avec un abonnement payant
pour recevoir sur son mobile des informations ou des
alertes sur l'état du trafic en transport en
commun ne marchent pas.
En revanche, ce service est jugé utile par les
usagers s'il est fourni gratuitement. Autre exemple,
les services de contenu éditorial payant en SMS
Plus ne marchent pas. Les utilisateurs finaux ne voient
pas la valeur ajoutée de ce type de services.
Jusqu'ici, des services SMS
Plus sont arrivés en France en mode MO ("mobile
originated", l'utilisateur demande un service par
SMS). Que va changer la prochaine arrivée de
la déclinaison MT ("mobile terminated")
?
Les services SMS-MO ne fournissent que des prestations
au coup par coup. Avec la version SMS-MT, l'utilisateur
s'inscrit une fois en SMS premium pour un service à
long terme. Par exemple, les éditeurs de presse
pourront fournir au détenteur d'un mobile une
grille de programmes TV par SMS envoyée chaque
jour à 18 heures. L'utilisateur sera facturé
à la réception du message SMS. Les premiers
tests MT vont débuter entre mai et juin, sous
la supervision de l'association SMS Plus. La commercialisation
par les trois opérateurs devrait débuter
en début d'été.
Quand le SMS Plus pourrait-il
devenir un véritable moyen de paiement ?
C'est déjà un outil de micro-paiement.
Il donne accès à des téléchargements
de services (jeux, sonneries). Il permet également
de donner un accès à des services Wi-fi
en situation de mobilité. On espère que
ce cadre limité de paiement sera dépassé
à termes.
Dans votre prospection de
nouveaux budgets, quels sont les concurrents que vous
rencontrez régulièrement ?
Des groupes comme Prosodie, Plurimédia ou Jet
Multimédia, des acteurs comme Netsize ou Mobile
& Permission. On trouve une demi-douzaine d'acteurs
significatifs.
UFC-Que
Choisir juge exorbitant le prix d'envoi d'un SMS facturé
par les opérateurs mobiles. Qu'en pensez-vous
?
Récemment, l'Autorité de régulation
des télécommunications a présenté
une étude comparative européenne sur ce
sujet. La France se trouve dans la moyenne des prix
pratiqués. En conséquence, je trouve les
critiques d'UFC injustifiées.
En tant que manager d'une
start-up ayant survécu à l'éclatement
de la bulle Internet, quelle est la principale leçon
que vous avez retenue ?
Il est préférable de penser à faire
du business avant de songer à lever des fonds.
Dès 2001, Phonevalley a commencé à
réaliser du chiffre d'affaires.
Avec un contexte économique
plus difficile, comment parvenez-vous à motiver
votre équipe ?
La moyenne d'âge des collaborateurs de Phonevalley
(une vingtaine en tout) est de 29 ans. Nous avons un
turn-over assez faible. Nous sommes encouragés
par la quantité de nouveaux contrats que nous
engrangeons. Le niveau de salaire est également
déterminant.
Vous avez été
l'un des grands investisseurs au cours de la période
de la Net-économie (1999-2000) à travers
le fonds de capital-risque Mars Capital. Qu'en reste-il
?
Mars Capital n'investit plus depuis trois ans. Mais
je reste encore actionnaire administrateur de quelques
sociétés high tech. C'est le cas de LTU
Technologies (ex-Look That Up) en France, et de Flytxt,
un peu l'équivalent de Phonevalley au Royaume-Uni.
Combien de SMS envoyez-vous
par
mois ?
Entre mon usage personnel et professionnel, une centaine.
Quel terminal mobile utilisez-vous
?
J'en ai deux : un Nokia 5510 et un Sony Ericsonn T610.
Quel
est la dernière sonnerie musicale pour mobile
que vous avez téléchargé ?
Superstar, le single de Jamelia.
|