INTERVIEW 
 
Alexandre Mars
PDG
Phonevalley
Alexandre Mars
Il est préférable de penser à faire du business avant de songer à lever des fonds
Phonevalley, société française spécialisée dans les solutions mobiles, engrange les nouveaux contrats de déploiement de services SMS pour le compte d'entreprises, de marques, de collectivités ou de médias. Retour avec son PDG sur le chemin parcouru et sur les développements en vue.
04 mars 2004
 
          
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JDN. Quelle est l'étendue des services de Phonevalley et ses limites ?
Alexandre Mars. Nous avons la chance d'être positionnés sur un secteur qui ne connaît pas la crise : les solutions mobiles. Nous commercialisons des outils et des services SMS, qui sont nos atouts principaux. Parallèlement, nous développons de nouveaux produits autour du multimédia mobile et des déclinaisons en SMS premium. Nous pouvons assurer les parties connectivité et applications. Pour la partie marketing mobile, nous collaborons souvent avec les agences publicitaires et/ou Web type Publicis ou FullSix, qui travaillent avec des marques. Nous ne disposons pas de bases de données marketing direct en propre. Nous estimons qu'il vaut mieux conseiller nos clients en matière d'utilisation de bases de données disponibles sur le marché plutôt que de pousser nos propres data. Celles-ci ne conviendraient pas forcément aux besoins de nos clients.

Peut-on avoir des précisions sur la typologie de votre clientèle ?
Nous disposons de plus de 200 clients. Nous avons des annonceurs sectoriels divers comme le Crédit Lyonnais dans le monde de la banque, Maaf dans l'assurance, Nokia et Samsung dans la téléphonie mobile. Notre clientèle BtoB, à qui nous vendons des services et produits mobiles, se classe en quatre catégories : les grands comptes (comme SNCF-TER ou EDF-GDF), les opérateurs mobiles (nous avons des relations historiques avec SFR) et les collectivités (municipalité de Cannes...) et le monde des médias. Mais celui-ci est assez singulier : ils ont tous opté pour des services SMS Plus (surfacturés). Nous travaillons avec des supports presse (Prisma Presse, Emap France, 20 Minutes, Bayard Presse, Le Monde...), radio (GIE les Indépendants) et Web (Lycos France, MSN, Club-Internet). Les revenus sont assez équilibrés entre les différentes catégories de clientèle.

Pourquoi ne communiquez-vous pas vos résultats financiers ?

La concurrence est féroce sur notre secteur. Je préfère communiquer sur les nouveaux clients qui ont choisi de faire confiance à Phonevalley. De plus, je détiens la grande majorité du capital de la société et l'obligation de communication est donc beaucoup plus réduite, d'autant plus que nous sommes une société "privée".

On a l'impression que les activités de Phonevalley reposent sur une multitude de micro-contrats...

C'est une vision erronée. Nous avons des clients grand compte, médias ou collectivités qui génèrent des volumes conséquents de SMS.
Les montants des contrats annuels et pluriannuels et des revenus sont très variés. Il est vrai que nous menons beaucoup d'opérations évènementielles avec des clients comme Warner France ou Gaumont. Mais nous participons également à des animations SMS à moyen terme. C'est le cas actuellement avec une marque d'un grand groupe agro-alimentaire qui porte sur un volume conséquent de packs et devrait durer six mois.

Les agences médias ont-elles le réflexe d'intégrer le canal SMS dans les stratégies marques?
Depuis un an, cela a beaucoup évolué dans le bon sens. Les agences médias traditionnelles, comme Carat, OMD ou Zenith Optimédia, intègrent de plus en plus le SMS en préconisant ce canal dès le début de leur brief clients.

Quelles opérations de SMS marketing se montrent particulièrement intéressantes ?
Les opérations de chrono-mobilité, c'est à dire la possibilité de toucher un consommateur à un moment donné. Par exemple, pour la sortie d'un DVD, nous pouvons envoyer un SMS à des acheteurs potentiels samedi midi en leur proposant une offre spéciale sur ce produit culturel dans la perspective d'un achat l'après-midi.

Vous venez de lancer un service de SMS politiques avec André Santini, candidat UDF pour la région Ile-de-France. En quoi est-ce novateur ?
C'est la première fois qu'un candidat à une élection utilise le canal SMS comme un véritable outil d'information. L'outil SMS avait déjà été exploité en politique, mais pour chatter avec des candidats de l'élection présidentielle en 2002.

Avec le développement du multimédia mobile, avez-vous des projets MMS ?
Nous avons un catalogue de produits MMS : des postcards, des jeux ou des quizz MMS. Pour le moment, nous ne sommes pas encore très présent sur ce marché qui vient tout juste de démarrer.

Pensez-vous que l'on puisse prescrire le SMS dans tous les domaines d'activité ?
Par expérience, nous savons que le SMS n'est pas toujours une poule aux oeufs d'or. Par exemple, des services SMS avec un abonnement payant
pour recevoir sur son mobile des informations ou des alertes sur l'état du trafic en transport en commun ne marchent pas. En revanche, ce service est jugé utile par les usagers s'il est fourni gratuitement. Autre exemple, les services de contenu éditorial payant en SMS Plus ne marchent pas. Les utilisateurs finaux ne voient pas la valeur ajoutée de ce type de services.

Jusqu'ici, des services SMS Plus sont arrivés en France en mode MO ("mobile originated", l'utilisateur demande un service par SMS). Que va changer la prochaine arrivée de la déclinaison MT ("mobile terminated") ?
Les services SMS-MO ne fournissent que des prestations au coup par coup. Avec la version SMS-MT, l'utilisateur s'inscrit une fois en SMS premium pour un service à long terme. Par exemple, les éditeurs de presse pourront fournir au détenteur d'un mobile une grille de programmes TV par SMS envoyée chaque jour à 18 heures. L'utilisateur sera facturé à la réception du message SMS. Les premiers tests MT vont débuter entre mai et juin, sous la supervision de l'association SMS Plus. La commercialisation par les trois opérateurs devrait débuter en début d'été.

Quand le SMS Plus pourrait-il devenir un véritable moyen de paiement ?
C'est déjà un outil de micro-paiement. Il donne accès à des téléchargements de services (jeux, sonneries). Il permet également de donner un accès à des services Wi-fi en situation de mobilité. On espère que ce cadre limité de paiement sera dépassé à termes.

Dans votre prospection de nouveaux budgets, quels sont les concurrents que vous rencontrez régulièrement ?
Des groupes comme Prosodie, Plurimédia ou Jet Multimédia, des acteurs comme Netsize ou Mobile & Permission. On trouve une demi-douzaine d'acteurs significatifs.

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UFC-Que Choisir juge exorbitant le prix d'envoi d'un SMS facturé par les opérateurs mobiles. Qu'en pensez-vous ?
Récemment, l'Autorité de régulation des télécommunications a présenté une étude comparative européenne sur ce sujet. La France se trouve dans la moyenne des prix pratiqués. En conséquence, je trouve les critiques d'UFC injustifiées.

En tant que manager d'une start-up ayant survécu à l'éclatement de la bulle Internet, quelle est la principale leçon que vous avez retenue ?
Il est préférable de penser à faire du business avant de songer à lever des fonds. Dès 2001, Phonevalley a commencé à réaliser du chiffre d'affaires.

Avec un contexte économique plus difficile, comment parvenez-vous à motiver votre équipe ?
La moyenne d'âge des collaborateurs de Phonevalley (une vingtaine en tout) est de 29 ans. Nous avons un turn-over assez faible. Nous sommes encouragés par la quantité de nouveaux contrats que nous engrangeons. Le niveau de salaire est également déterminant.

Vous avez été l'un des grands investisseurs au cours de la période de la Net-économie (1999-2000) à travers le fonds de capital-risque Mars Capital. Qu'en reste-il ?
Mars Capital n'investit plus depuis trois ans. Mais je reste encore actionnaire administrateur de quelques sociétés high tech. C'est le cas de LTU Technologies (ex-Look That Up) en France, et de Flytxt, un peu l'équivalent de Phonevalley au Royaume-Uni.

Combien de SMS envoyez-vous par mois ?
Entre mon usage personnel et professionnel, une centaine.

Quel terminal mobile utilisez-vous ?
J'en ai deux : un Nokia 5510 et un Sony Ericsonn T610.

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Quel est la dernière sonnerie musicale pour mobile que vous avez téléchargé ?
Superstar, le single de Jamelia.

 
Propos recueillis/modérés par Rédaction JDN

PARCOURS
 
 
Alexandre Mars, 29 ans, diplômé d'HEC et de l'Université de Paris-Dauphine, est PDG de Phonevalley et président du fonds de capital-risque Mars Capital, créé en janvier 1999. En 2000, cette structure de financement de start-ups disposait d'un budget d'investissement de 100 millions de francs (15,2 millions d'euros). Parmi les sociétés ayant fait partie du portefeuille de Mars Capital, on peut citer Buy Central (shopbot), CyberDeck (fabricants de bornes interactives) ou Ukibi (logiciels).

   
 
 
 
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