Juridique
Services financiers en ligne : un nouveau cadre juridique européen
 (Mardi 13 mai 2003)
         

par Thibault Verbiest
Avocat aux Barreaux
de Paris et de Bruxelles,
chargé d'enseignement
à l'Université Paris I (Sorbonne)
Cabinet Ulys

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Les risques juridiques
des metatags
(25/02/03)

La directive "générale" sur les contrats à distance conclus avec des consommateurs (qui est transposée en France depuis août 2001) excluait de son champ d'application les services financiers et d'assurances. Or, en raison de leur nature immatérielle, les services financiers se prêtent particulièrement à la commercialisation à distance, notamment par la voie électronique (ce qu'on appelle parfois le courtage en ligne). En effet, une offre, et même une proposition de contrat, peuvent être placées sur un site web ou échangées par courrier électronique; elle peut être signée par signature électronique et le paiement peut s'opérer par des moyens électroniques. C'est la raison pour laquelle l'adoption d'une directive européenne spécifique était nécessaire. Après des années de tractations, la directive 2002/65 a été adoptée et devra être transposée par les Etats Membres au plus tard le 9 octobre 2004.

La directive s'applique à la "commercialisation à distance" de services financiers auprès de consommateurs (vente par téléphone, télécopieur, et réseaux informatiques tels que l'Internet). Elle devra être combinée à la directive sur le commerce électronique (en cours de transposition en France via le projet de loi sur la confiance dans l'économie numérique), qui n'exclut pas les services financiers.

En savoir
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"La protection juridique du cyber-consommateur "
par Thibault Verbiest (éditions Litec)

Cette directive est un élément essentiel de la stratégie actuellement menée par la Commission européenne pour créer un marché intérieur des services financiers de détail. Elle vise à créer un environnement réglementaire encourageant le développement du commerce électronique des services financiers et à accroître la confiance des consommateurs. En voici les grandes lignes.

Interdiction de la vente par inertie
La directive interdit la "vente par inertie", qui consiste à envoyer à un consommateur des produits ou services financiers non demandés et à les lui facturer.

Spam : choix entre l'opt-in ou l'opt-out
Le démarchage non sollicité par télécopieur est interdit. Le texte adopté propose deux formules pour la réglementation que les États membres doivent appliquer en matière de démarchage non sollicité par téléphone et d'envoi par courriel de communications commerciales non sollicitées ("spamming").

Selon la première formule, le démarchage non sollicité par téléphone et le"spamming" sont interdits sauf si le consommateur y consent expressément (système de l'opt-in); la seconde formule ne prévoit leur interdiction que si le consommateur a fait part de son opposition en s'inscrivant sur un registre prévu à cet effet (système de l'opt-out).

Toutefois, le considérant 26 précise que la directive est sans préjudice des garanties offertes aux consommateurs par la législation communautaire concernant la protection de la vie privée. Or, la directive " vie privée et communications électroniques " adoptée en 2002 consacre désormais l'opt-in comme règle générale. Le projet de loi sur la confiance dans l'économie numérique entend d'ailleurs anticiper la transposition de ce régime en droit français.

Fourniture d'informations pré-contractuelles
Les vendeurs de services et produits financiers seront également obligés de fournir une information complète aux consommateurs avant qu'un contrat ne puisse être conclu. Cette information doit comporter l'identité et les coordonnées du fournisseur, le prix et les modalités de paiement, les droits et obligations découlant du contrat ainsi que des informations sur les performances du service proposé.

Des informations sur la qualité technique et la nature du service financier doivent également être fournies conformément aux dispositions des directives "verticales" sur les services de crédit, d'assurance et d'investissement ou aux dispositions nationales pertinentes concernant les services qui ne font pas encore l'objet d'une réglementation communautaire. La directive prévoit également une obligation de confirmer ces informations au consommateur par écrit ou sur un " support durable (par exemple une disquette ou le disque dur du consommateur sur lequel un courrier électronique de confirmation est stocké).

Droit de renonciation
Le texte conférera aux consommateurs le droit de résilier un contrat dans les quinze jours suivant sa signature, délai porté à trente jours dans le cas de l'assurance vie et des plans de retraite. Ce droit ne s'appliquera cependant pas aux services financiers qui peuvent faire l'objet d'une spéculation, tels que les ventes de devises étrangères et de titres. Les États membres peuvent également exclure le crédit hypothécaire ou immobilier de ce droit de résiliation du contrat.

Utilisation frauduleuse de cartes de paiement
En cas d'utilisation frauduleuse de cartes de paiement ou d'autres moyens de paiement autres qu'en numéraire, les consommateurs pourront annuler les transactions et auront droit au remboursement de toute somme facturée. Cette obligation existe déjà en droit français.

Le réseau FIN-NET
La directive prévoit la mise en place de procédures adéquates et efficaces de réclamation et de recours, en particulier l'instauration de mécanismes de règlement extrajudiciaire des différends dans chaque Etat Membre et la coopération entre ces différents organismes.

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par Thibault Verbiest (éditions Litec)

C'est la raison pour laquelle la Commission européenne a lancé le 1 février 2001 un réseau pour la résolution extrajudiciaire des litiges dans le secteur des services financiers, afin d'aider les entreprises et les consommateurs du marché intérieur à résoudre leurs différends de manière rapide et efficace, en évitant, si possible, une action en justice aussi longue que coûteuse. Ce réseau, baptisé FIN-NET, vise notamment à faciliter la résolution extrajudiciaire des litiges de consommation dans le cas où le prestataire de services est établi dans un autre État membre que celui où réside le consommateur. Il regroupe plus de 35 organes nationaux, qui chapeautent spécifiquement certains services financiers (par exemple, les médiateurs des secteurs bancaire et assurantiel) ou bien règlent les litiges de consommation en général (par exemple, les chambres de recours pour les consommateurs). Tant les services en ligne que hors ligne sont couverts. La difficulté d'obtenir une possibilité de recours extrajudiciaire constitue en effet un obstacle au développement des prestations transfrontalières, en particulier dans le secteur des secteurs financiers, où l'essor du commerce électronique pourrait s'en trouver entravé.

[thibault.verbiest@ulys.net]

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[Rédaction, JDNet]
 
 
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