Start-up à suivre : Blendle veut devenir l'iTunes de la presse

Start-up à suivre : Blendle veut devenir l'iTunes de la presse Dans le cadre de sa série de rentrée, le JDN vous présente dix start-up originales et disruptives. Aujourd'hui, Blendle propose d'acheter à l'unité des articles de presse papier.

"Payer pour de l'info de qualité devrait être aussi facile qu'acheter une app sur l'App Store". C'est en partant de ce postulat qu'un néerlandais de 27 ans, Alexander Klöpping, a lancé sa start-up Blendle courant avril 2014. Depuis ce jour, celui qui ambitionne de donner naissance à un "iTunes de la presse" met à disposition des utilisateurs les contenus en provenance de la majorité des journaux papiers et magazines de son pays. Le fonctionnement de la plateforme rejoint les convictions de son fondateur : simplicité et fluidité de l'expérience utilisateurs avant tout. Chacun voit son compte crédité de 2,50 euros lors de son inscription et peut ensuite recharger son compte avec des cartes de 5, 10 ou 20 euros. Le prix des articles est fixé par l'éditeur, et varie généralement entre 10 et 80 centimes d'euros l'unité. Un montant sur lequel Blendle, qui pousse décidément le mimétisme avec iTunes, prélève 30% de commission.

20% des 100 000 utilisateurs ont déjà rechargé leur compte

La formule a séduit 100 000 utilisateurs après à peine quatre mois d'existence, vient de révéler Alexander Klöpping dans une note. Pas une mince performance dans un pays qui compte 16 millions d'habitants. D'autant que  près de 20% des lecteurs ont décidé de recharger leur compte, à hauteur de 10 euros en moyenne. Un montant qui aurait de quoi rendre envieux King.com ou Supercell et qui s'explique par une formule aussi audacieuse qu'innovante. Lorsque l'utilisateur clique sur un article, il paie en effet automatiquement...  mais peut décider de récupérer sa mise si ce dernier ne lui a pas plu. Un acte de paiement "sans friction" et une liberté d'action qui, in fine, augmentent de façon significative le montant moyen dépensé par les utilisateurs. Car ces derniers y trouvent bien évidemment leur compte, en économisant l'achat du journal.

Pas de cannibalisation côté éditeurs, mais de nouveaux lecteurs

Reste à voir si la recette est rentable côté éditeurs. Des éditeurs qu'Alexander Klöpping affirme avoir eu toute les peines du monde à convaincre mais qui pourraient bien sortir gagnants de ce modèle. Pour cause, Blendle leur permet de toucher une population plus jeune, en général réfractaire à l'abonnement. La majorité des utilisateurs est ainsi âgée de moins de 40 ans. Pas de cannibalisation donc, et au contraire l'espoir de séduire puis attirer de nouveaux lecteurs vers le papier. Une méthode sans doute plus pérenne que le couplage d'iPad et autres goodies en tout genre aujourd'hui proposés avec un abonnement papier.

Quel écho trouvera l'initiative en France ?

"Les consommateurs ne veulent payer que pour le contenu qu'ils consomment vraiment, ils attendent également que des algorithmes et leurs connexions sociales les aident à trier les informations, au sein d'un seul et unique espace. Alors que les consommateurs ont changé, les journaux et magazines ne se sont pas adaptés", martelait  Alexander Klöpping au lancement de son produit. Un discours qu'il semble déterminé à porter hors de ses frontières, lui qui annonce un déploiement prochain à l'international. Quel écho trouvera-t-il en France ? Si le secteur, qui louvoie aujourd'hui sur Internet entre un modèle publicitaire qui dégringole et un modèle payant qui peine à décoller, entendra sans doute l'argument économique, il lui sera plus difficile de convaincre certains médias de l'opportunité de  "diluer" leur marque au sein d'un maelstrom de publications. Un défi qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui qui s'est présenté aux ad-exchanges. Qui aurait cru il y a quelques années de cela que le Figaro et TF1 accepteraient de commercialiser une partie de leur inventaire ensemble au sein de La Place Media ?