08/08/2000
DHL
convoite les market-places et peine sur le BtoC
Le
géant du transport express international, DHL,
subit depuis l'année dernière une "révolution"
selon les termes de son directeur du commerce électronique
en France, Michel Delloye. "En effet, explique celui-ci,
nous observons une inadéquation entre l'offre et la
demande." Par cette remarque est sous-entendue l'idée
que le métier du prestataire est à proporement
parler le transport depuis la récupération d'un
colis jusqu'à son acheminement au destinataire (logique
de circuit intégrée). Or, la demande à
laquelle il doit faire face désormais, réclame
davantage. En effet, les marchands en ligne souhaitent se
reposer entièrement sur leur prestataire et opérer
une externalisation globale de leur logistique. C'est
précisément là que le bat blesse. La
structure du géant n'est d'une part pas forcément
adaptée pour gérer l'entreposage des marchandises,
le traitement des commandes ou encore des tâches plus
complexes telles que le cross-docking (commande packagée
issue de plusieurs fournisseurs).
Par
ailleurs, DHL découvre un nouveau marché en
forte croissance, celui des particuliers, qui lui était
quasi inconnu. Et là encore la problématique
s'avère lourde à gérer. Sur un marché
caractérisé par un volume important de petits
flux et des destinataires pas toujorus présents lors
de la livraison, le spécialiste du BtoB a dû
composer...
"Il est clair que le marché du BtoC n'est pas
notre priorité", reconnaît Michel Delloye.
Activité qui ne dégage que très peu de
rentabilité et ne constitue pas le nerf de la guerre
pour la société. "Nous ne nous substituerons
jamais à la
Poste en France comme cela a pu être le cas en Italie"
admet-il, lucide. En dépit de ce constat, la société
souhaite "apprendre" et se renforcer malgré
tout sur ce marché. "Nous devons être présents
sur un marché ou l'acheteur décidera demain
de son propre prestataire. Et il le fera seul, grâce
aux plates-formes de sélection et de mise en compétion
des transporteurs. Aujourd'hui, Il nous faut le fidéliser
à tout prix."
A l'heure actuelle le service clients de la société
reçoit entre 30 et 60 appels par jour de demande de
prise en charge par les sites de commerce électronique
grand public. Appels qui sont pour le moment le plus souvent
refusés. "Nous préférons attendre
d'être réellement opérationnels sur ce
segment avant de nous engager." Une cinquantaine de sites
BtoC sont actuellement gérés en France par DHL,
en phase de test .
Parmi eux, la librairie en ligne BOL
ou encore Travelprice.
Aux Etats-Unis, la firme assure la logistique d'Amazon. "Le
problème avec cette clientèle est que bien souvent,
ils restent dans le flou le plus total lorsqu'il s'agit de
localiser géographiqument leur clientèle ou
la fréquence des commandes. Ils cherchent avant tout
à se décharger de ce poids", déplore
Miche Delloye. Pour acquérir plus de souplesse sur
le créneau du transport domestique, la firme compte
développer des partenariats avec des acteurs de proximité
afin de disposer d'un réseau de relais au niveau des
localités désservies. Un projet évoqué
encore discrètement. Par ailleurs, sur la partie logistique
(entreposage...) à proprement parler, la firme s'appuira
sur son actionnaire la Deutsche
Post qui dispose de structures adéquates. D'ici
2 ans, DHL ambitionne de réaliser un tiers de son CA
sur le BtoC (son CA actuel sur la France est de 1.8 milliard
de francs).
Au niveau BtoB qui constitue 98% de son CA, DHL convoite le
créneau très prometteur des places de marché.
"Plusieurs discussions sont en cours avec des partenaires
tels que Commerce One, Ariba ou encore SAP pour développer
conjointement les outils d'interconnexion (API) nécessaires
pour faire de DHL le partenaire logistique privilégié
des échanges qui s'y dérouleront.
Côté logiciels, la société dispose
d'une structure dédiée à Londres pour
développer les applications nécessaires. Trois
outils spécifiques sont élaborés ou en
cours d'élaboration. Tout d'abord l'automatisation
de l'émission des lettres de transport, un support
marketing assuré en cas de rupture de la chaîne
de transport (en cours) et des services à valeur ajoutée
tels que la simulation es tarifs, les informations réglementaires
en temps réel (autorisation ou non d'expédier
une marchandise dans un pays donné) et enfin l'intégration
des taxes (en cours) sans oublier les outils de tracing (un
colis peut être scanné jusqu'à 15 fois).
L'ensemble de ces outils sont mis à disposition gratuitemnt
sur le site du marchand en mode co-brandé et selon
ses besoins.
[Alexandra Bissé,
JD Net]
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