12/06/2000
Interxion:
hébergeur et place de marché b-to-b physique
Fondée
en 1998 aux Pays-Bas, Interxion
a depuis acquis une envergure européenne avec 13 datacenters
ouverts et 5 en construction dans les plus grandes villes
du continent. Situé près de Paris à Aubervilliers,
son Internet Exchange Center français, le nom donné
à ses infrastructures de centres, couvre actuellement
une surface de 7 000 m2. "Nous sommes en train
de finaliser le dossier qui nous permettra d'ouvrir un troisième
bâtiment et de disposer d'une réserve foncière
de 22 000 m2", déclare Fabrice Coquio,
directeur général d'Interxion en France. "Une
ville comme Paris est destinée pour nous à être
financée jusqu'à 25 ou 30 000 m2
pour la fin de l'année 2001 ou le début 2002."
Ceci dit, la capitale n'est pas la seule concernée en
France, puisque l'hébergeur dévoile pour l'an
prochain des plans d'implantation à Lyon et à
Marseille.
Plus de 300 millions d'Euros levés
en l'an 2000
A l'heure actuelle, l'activité d'hébergement
d'Interxion proprement dite représente près de
70 % de son chiffre d'affaires pour l'année 2000,
une part qui devrait décroître aux alentours de
50 % au cours de l'année prochaine. Dans les faits,
la part restante s'inscrit aussi dans l'activité d'hébergement,
puisqu'il s'agit des services associés à l'offre
de base.
Se déclarant totalement neutre, Interxion a en effet
constitué son capital grâce à des interventions
de banques et établissements financiers. Au total, la
société a levé près de 300 millions
d'Euros depuis le début de l'année 2000. Pour
Fabrice Coquio, "cela nous procure une indépendance
vis-à-vis de tout opérateur Internet, une neutralité
qui correspond à la demande du marché."
Un extranet à l'étude
pour la communauté d'ISP
Et cette neutralité s'attache aussi à
son positionnement qui consiste à développer un
concept de communauté d'échange, véritable
place de marché b-to-b entre les ISP et les opérateurs.
D'après le directeur général d'Interxion
France, "nous faisons attention à développer
une segmentation la plus large et la plus variée possible
de tous les acteurs des télécommunications et
d'Internet. Je préfère vendre des espaces limités
entre 40 et 100 m2 plutôt que 4x2 500 m2,
ce qui me permet d'entretenir une grande diversité des
acteurs présents sur le site." En dessous de 20 m2,
le client dispose de baies, entre 20 et 100 m2 il
hérite d'une cage, et au delà l'hébergeur
lui loue une salle privative. Or, près de 80 % des
clients du datacenter parisien auraient choisi des cages, selon
Fabrice Coquio.
"A ce jour, les échanges entre nos clients se réalisent
suivant le mode archaïque de rendez-vous physique. Ceci
dit, nous allons nommer au siège un VP en charge des
communautés, et dont la mission en 2001 sera de déployer
des outils de type intranet ou extranet, et vidéoconférence
pour faire vivre ce concept de communauté." Le projet
devrait en toute logique prendre forme au cours de l'année
2001.
Pas de réseau, mais des débits
pharaoniques
Avec son offre exclusivement tournée vers la colocation
(housing ou location d'espaces), la société cible
donc principalement les ISP qui représentent 85 %
de ses clients. Parmi ces derniers figurent notamment MadgeWeb,
AduroNet,
Versapoint,
Pervasic
(Wap), Digital
Island et SpeedPort.
Puis les opérateurs de télécommunications
(Level 3,
Global
Crossing, 360
Networks...) constituent les 15% restants. A Paris, 15 d'entre
eux sont connectés et disposent d'infrastructures dédiées,
contre 20 à Amsterdam et 22 à Francfort.
Par exemple, l'Américain Viatel
a signé pour une présence dans 11 centres
en Europe.
Outre le fait de favoriser les échanges, cette présence
importante d'opérateurs garantit des débits importants.
A défaut de posséder sa propre fibre reliant tous
ses centres, Interxion les incite à y déployer
d'importantes capacités. "Nous avons le plus gros
POP de Colt
Télécom en dehors de ses propres bâtiments,
soit douze STM-16, chacun correspondant à 622 Mbps"
dévoile Fabrice Coquio. "Tous les opérateurs
viennent avec un câble de 144 paires au niveau de
la couche de transport. Du coup, les débits possibles
sont quasiment sans limite puisque tout dépend de ce
que l'opérateur met en bout pour allumer la fibre."
De la maintenance Lv.2 vers des services
évolués
Aujourd'hui, les services proposés par Interxion
couvrent de l'aide à l'installation jusqu'à la
supervision des opérations. La maintenance de niveaux
1 (reboot à la demande) et 2 (aide au diagnostic de pannes
et réparation) est assurée en 24/7 toute l'année
suivant une formule standardisée. De fait, la même
qualité de service est assurée dans tous les centres
de l'hébergeur. Les SLA (Accords sur la qualité
de service), contractuels et assortis de pénalités,
interviennent à la fois au niveau des infrastructures
ultra-redondantes avec répartition des charges en électricité,
et des services.
Parmi ces derniers, des domaines à valeur ajoutée
seront couverts dès le début de l'année
prochaine. Le 1er janvier, Interxion démarrera deux
nouvelles offres à Paris, l'une pour le stockage mutualisé,
et la seconde de réseau local virtuel, ou VLan. Dans
une optique de coller aux objectifs du fameux "time-to-market",
le VLan permet de remplacer la pose de câbles par un adressage
IP qui permet une connexion virtuelle entre deux routeurs via
un switch IP.
Enfin, dans le courant du 1er trimestre 2001, le partenariat
signé avec l'agrégateur de contenus Cibera
devrait déboucher sur une offre mutualisée d'informations
de provenances diverses (Bloomberg, Reuters...), dont les ISP
sont souvent assez friands.
[François
Morel, JDNet]
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