14/12/00
Joe Menard, WebGain : "Nous travaillons
sur le principe de la colle universelle"
Spin-off
issue en janvier 2000 de l'éditeur BEA Systems qui
possède un tiers de son capital de 125 millions
de dollars, la start-up WebGain
a depuis gagné davantage d'indépendance. Spécialisé
dans les environnements de développement et d'intégration,
l'éditeur a procédé depuis le début
de l'année à quatre acquisitions majeures
sur son segment. Parmi ces dernières, WebGain a notamment
racheté à Symantec
les droits du logiciel de programmation en langage Java
VisualCafé, avec l'équipe de développement
associée. A l'intérieur de ses 17 bureaux
répartis dans 10 pays, la société
emploie aujourd'hui près de 250 personnes. Architecte
de cette réussite fulgurante, son président
et CEO Joe Menard nous présente WebGain, ses technologies
et sa
vision d'un marché en pleine évolution.
JDNet
Solutions : Comment l'idée de fonder WebGain s'est-elle
imposée ?
Joe Menard : Auparavant, je travaillais chez
BEA Systems où j'étais vice-président
des ventes pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.
Lorsque je suis revenu aux Etats-Unis en février
1999, le "time to market" avait pris une importance
considérable, et nous avons pu constater un grand
changement dans les cycles d'implémentation. Du coup,
nous avons vendu des produits pour aider les développeurs
à créer des applications plus rapidement.
A partir d'une technologie détenue à l'origine
par BEA Systems, la création de WebGain nous a permis
de cibler les entreprises à travers cette catégorie
de personnel. De plus, la structure même d'une start-up
rend plus aisée la démarche de recrutement.
Au départ, nous avons commencé en tant que
spin-off de BEA Systems, mais nous évoluons comme
une entreprise indépendante et nos ambitions s'orientent
à présent vers une introduction en bourse.
En
quoi vos outils peuvent-ils améliorer les délais
d'implémentation ?
Actuellement, il faut deux ans minimum
pour couvrir un déploiement complet de tous les processus
opérationnels d'une entreprise. De plus, l'ancien
modèle au niveau des développements ne répond
pas de façon efficace aux objectifs stratégiques
de l'entreprise.
Avec WebGain Studio, nous sommes passés à
la phase suivante qui consiste à assembler les applications
en fonction des processus métiers, des règles
et des contraintes associées. Grâce à
un processus itératif, nous pouvons prendre en compte
un modèle qui évolue, le modéliser
rapidement et le lancer pour observer les résultats.
Et la vitesse de développement a aussi son importance,
car une application rapidement conçue colle en général
davantage aux affaires de l'entreprise. Pour cela, nous
avons recours à des technologies classiques comme
Java et les bases de données relationnelles, mais
nous proposons une nouvelle approche.
Outre
Visual Café qui compte des dizaines de milliers d'utilisateurs
dans le monde, quelles technologies avez-vous acquises lors
de vos rachats successifs ?
En mars dernier, nous avons acquis
Tendril Software et son produit Structure Builder, une suite
d'outils pour la modélisation en langage UML qui
permet de concevoir, développer et déployer
des composants EJB (Entreprise JavaBeans). En avril, nous
avons racheté les droits de TopLink, un environnement
EJB orienté objet qui facilite l'intégration
d'applications Java entre elles. En juillet, enfin, nous
avons récupéré la technologie d'assemblage
d'applications Java inclue dans l'outil d'édition
Spin en rachetant son éditeur ZAT.
Peut-on
vous considérer comme un concurrent de Borland, par
exemple ?
Borland édite un bon environnement
de développement Java, mais c'est la seule chose
que nous avons en commun puisqu'ils n'ont pas d'équivalents
de Toplink et ne pratiquent pas la modélisation avec
UML. En outre, nos produits sont beaucoup plus intégrés,
et nous disposons d'un excellent débuggeur. De plus,
l'avenir de Borland suscite actuellement beaucoup de questions.
Qu'apportez-vous
de plus aux développeurs Java ?
Ils peuvent dessiner les processus
métier et composer graphiquement une application
en fonction de règles rationnelles. Il existe actuellement
une difficulté dans la création des applications.
La plupart des entreprises achètent
un
serveur d'application et programment ensuite du code Java.
Ensuite, il existe près de 500 000 développeurs
Java expérimentés dans le monde, ce qui représente
un marché très significatif pour nous. Les
autres personnes qui veulent participer aux développements
peuvent aussi assembler visuellement le code Java. Nous
prévoyons aussi de lancer bientôt une place
de marché où il sera possible de revendre
des composants Java.
Le
fait d'assembler graphiquement les composants et les processus
métier permet-il de faire appel à d'autres
catégories de ressources ?
Actuellement, les développeurs
Java libres sont effectivement difficiles à trouver
et surtout chers en terme de rémunération.
Dans notre première phase actuelle, nous pouvons
déjà cibler des développeurs Java moins
expérimentés et doubler le nombre de programmeurs
qui peuvent être recrutés sur un projet. Nous
leur rendons Java plus simple en rassemblant le serveur
d'applications, la base de données et les composants
en un produit unique.
Dans une seconde phase, nous allons très bientôt
cibler les développeurs C++, Visual Basic et les
analystes qui devraient se sentir à l'aise dans l'utilisation
du produit, appelé Spin en interne. A l'aide d'UML,
cet outil leur permet d'intégrer les composants Java
avec les applications existantes. La
troisième phase consistera à proposer nos
applications en mode ASP et à nous adresser aux grandes
entreprises du secteur technologique et intégrateurs
de systèmes.
Quelles
seront vos prochaines évolutions dans le domaine
de l'EAI ?
La prochaine vague sera de connecter
directement des services entre eux et de les faire dialoguer.
Il s'agit par exemple d'interfacer un système de
vérification de crédits avec un système
de paiement, ou des outils d'aide au diagnostic pour un
médecin avec une base de données spécialisée
dans la santé et les maladies.
Aujourd'hui, la plupart des entreprises ont recours à
l'EDI (échange de données informatisé
par des formats propriétaires). Demain, il s'agira
de relier ces services par l'intermédiaire du langage
XML.
Croyez-vous
dans le principe de la colle universelle, ou un middleware
capable d'interfacer tous les types d'applications ?
Nous espérons que la colle
universelle arrivera bientôt. Pour l'instant, nous
y travaillons en nous concentrant sur les standards Java
pour la logique métier et XML pour relier les applications.
Même
s'il existe aujourd'hui de nombreuses spécifications
du langage XML ?
Normalement, toutes ces spécifications
devraient pouvoir se rassembler en une seule dès
l'année prochaine. En tout cas, nous nous attendons
à ce que le marché évolue dans ce sens.
Et pour nous en assurer, nous travaillons avec chaque organisme
en charge de ces formats pour suivre les débats et
éventuellement peser dans l'évolution du cours
des choses.
En mars 2000, Joe Menard quitte son poste de président
de la division serveurs e-commerce chez BEA Systems pour
diriger WebGain en tant que président et CEO (Chief
executive officer). Auparavant, il a successivement occupé
les fonctions de vice-président du marketing au niveau
mondial et de vice-président des ventes pour la zone
EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) au sein de l'équipe
dirigeante de l'éditeur du serveur d'applications
WebLogic. Avant de le rejoindre en 1996, il était
directeur général de Tuxedo Systems Division,
une division de Novell rachetée cette année-là
par BEA Systems.
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