03/08/2001
Linux vs. Windows 2000, 18 mois
après
(suite)
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Page précédente) Tuons le suspense en
répondant tout de suite aux questions brûlantes :
- oui, effectivement, Linux, les desktop Linux (Gnome et KDE)
et ses applications (et en particulier Star Office de Sun)
ont atteint désormais un niveau remarquable en s'ouvrant à
l'utilisateur final ;
- oui, effectivement, on peut remplacer MS Office par Star
Office ;
- oui, effectivement, KDE ou Gnome offrent un niveau de confort
et de facilité d'utilisation [presque] équivalent aux desktop
des différentes versions de Windows...
Pas
encore le paradis
Cela
dit, ce n'est pas encore parfait, loin de là. Tout d'abord,
j'ai rencontré pas mal de difficulté à régler correctement
ma configuration, surtout côté réseau. Red Hat Linux 7.0 a
été très susceptible sur ce point et, avant de trouver la
bonne manière, je me suis retrouvé plusieurs fois avec une
situation "d'écran gelé" où même le pointeur de la souris
est perdu (dans ce cas, pas de crtl-alt-del reconnu, il faut
éteindre et rallumer...). Toujours du côté de la fiabilité,
les mises en veille ne sont pas tellement mieux supportées
que sous W2K. J'ai constaté que les sorties d'hibernation
se passaient mal une fois sur deux. Pour un portable, ne pas
pouvoir compter sur la fonction veille, c'est pour le moins
gênant...
Quatre
détails décevant... |
En dehors
de ces problèmes, quelques petits détails sont décevants :
- les gestionnaires de fichiers de Gnome ou KDE sont beaucoup
plus restrictifs que celui de Windows ;
- le réglage des paramètres n'est pas encore complètement
disponible sous interface graphique. Par exemple, le changement
de résolution de l'écran (une manipulation souvent nécessaire
quand on se branche sur un vidéo-projecteur) n'est pas disponible
;
- le port USB est géré mais il ne faut pas trop lui en demander
comme de vouloir brancher ou débrancher à la volée une souris
- faire fonctionner Samba en tant que client n'est pas évident,
surtout pour connecter une imprimante partagée depuis un serveur
Windows.
Culture
Linux requise
En fait, je me suis aperçu qu'une solide culture Linux était
toujours nécessaire car vous ne pouvez complètement éviter
d'avoir recours aux manipulations via la ligne de commande.
De plus, j'ai également constaté que l'installation de logiciels
en dehors de ceux déjà présents dans la distribution n'était
pas une partie de plaisir : j'ai eu bien du mal à faire en
sorte que Netscape 6 soit opérationnel sur ma machine. Le
script d'installation étant buggé, il faut lui faire passer
les étapes une par une à la main, c'est à dire via la ligne
de commande
on sent la différence avec les applications pour
Windows qui sont nettement plus et mieux "accompagnées" y
compris chez Netscape (installer Netscape 6 sous W2K ne m'a
causé aucune difficulté mais je l'ai trouvé bien décevant).
Le
verrouillage par la migration
Une autre barrière majeure qui reste en place : la migration
des données. Comme la plupart d'entres vous, je ne repars
pas à partir de rien quand je prends une nouvelle machine
ou que je change de version de système ; j'ai une masse de
données dans mes fichiers à laquelle je tiens ! Or, je n'ai
trouvé aucune possibilité de reprise de tous mes messages
venant d'Outlook ou encore des entrées de mon carnet d'adresse
(pas très envie de les recréer à la main...). J'ai
aussi éprouvé des problèmes avec les caractères accentués
présents dans les fichiers au format RTF ainsi qu'avec les
polices de caractères installées en standard sous Linux qui
ne correspondent pas ou mal avec les polices habituelles sous
Windows
C'est d'autant plus dommage que Star Office 5 (la
version 6 est renommée en Open Office par Sun) est vraiment
bien et vraiment compatible avec MS Office. Un exemple : non
seulement mes présentations Powerpoint étaient reconnues mais
je ne perdais rien en les transformant au format Star, même
les effets de transitions entre diapositives étaient conservés
intacts !
Avec
Linux, je sais que les défauts vont être
corrigés... |
Alors
? D'un côté on a Windows 2000 qui est inadapté à une utilisation
sur portable (gourmand et pas fiable) et de l'autre on a Linux
qui est désormais à niveau qu'on peut effectivement recommander
si, et seulement si vous avez les compétences et la culture
nécessaires pour qu'il fonctionne bien. Même avec cette réserve
de taille, je ne peux qu'être impressionné par les progrès
accomplis par la communauté Open Source en 18 mois et je reste
à l'affût des dernières évolutions car je sais que les défauts
que j'ai mentionnés sont connus (et que certains s'activent
pour y apporter une solution).
Win
ME, la bonne surprise
Curieusement, la bonne surprise vient plutôt d'un produit
dont on a peu parlé : la dernière version "grand public" de
Windows, Millennium Edition. Rapide (il boote en seulement
50 secondes, on voit que la couche Dos est enfin vraiment
partie !), fiable (il plante à peine plus que W2K et
le mode veille fonctionne
) et presque plug & play ! J'ai
été surpris de voir le nombre de choses qu'il a reconnues
et configurées correctement sans rien demander lors de l'installation
(y compris des ressources réseau) et le support de l'USB est
tel qu'on peut le rêver : branchement et débranchement à la
volée sont permis sans provoquer de catastrophe, enfin !
Donc,
pour moi, l'OS pour poste de travail du moment, c'est Windows
ME. Attention, mon jugement est à prendre avec des pincettes
car cette conclusion est fondée sur une expérimentation partielle
qui ne représente qu'une fraction des conditions d'utilisations
que vous éprouvez tous les jours.
[Alain
Lefebvre, vice-président du groupe SQLI]
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Post Scriptum : Mac OS 9. Tant qu'on y est,
autant balayer large et j'ai donc aussi un mot à dire sur
le grand oublié de l'histoire : le Macintosh. Je me dois de
préciser que j'ai été un "macmaniaque" de longue date : j'ai
eu mon premier Macintosh en 1985 et j'ai utilisé un Mac à
la maison jusqu'en 1992. J'adorais ce système qui m'a appris
tout ce que je sais en matière d'usabilité. Depuis cette période,
j'avais un perdu de vue l'évolution du système d'Apple. Aussi,
quand il m'a été donné l'occasion de replonger dans ses arcanes,
je n'ai pas hésité à consacrer un après-midi entier pour installer
l'accès Internet et MS Office 98 (la version spécifique pour
le Macintosh) sur un iMac pour une amie
Je ne m'attendais
pas à souffrir autant : l'après-midi m'a à peine suffit !
En plus des difficultés de réglages, j'ai trouvé que l'interface
s'était terriblement dégradée avec le temps : menus obscurs,
dialogues inédits, manipulations surprenantes, etc. Donc,
l'outsider ne viendra pas de Cupertino sauf si l'OS-X tient
ses promesses. Déjà, un mauvais signe : Mac OS-X est encore
plus en retard que ne l'a été Windows 2000, une entrée en
matière qui laisse peu d'espoir
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