27/03/01
Sébastien
Ozanne, MGN: "Le seul véritable frein est la pénurie
de ressources"
Passé
de la première position ex-aequo du classement à
la quatrième partagée avec Easynet, MGN a engagé
ces trois derniers mois une stratégie agressive, qui
l'a amenée à redéfinir son offre et même
à changer de nom. De fait, Matra Grolier Network est
maintenant devenue Matra
Global Netservices. Aujourd'hui, dans le cadre des interviews
hebdomadaires qui reviennent à la Une du lundi après
une courte pause de quelques semaines, Sébastien Ozanne,
son directeur marketing, nous présente sa vision du
marché de l'hébergement. Au passage, il revient
sur les raisons des changements engagés par son entreprise.
JDNet
Solutions : Pouvez-vous nous résumer votre récente
inflexion stratégique ?
Sébastien Ozanne : Notre stratégie
a connu une évolution
conséquente en rapport avec la demande des clients
qui est devenue largement plus mature. De fait, nous sommes
passés d'offres orientées solutions, vers un
modèle en couche qui prend en compte toutes les strates
nécessaires à l'hébergement en système
ouvert. C'est pourquoi nous avons changé notre nom
en Matra Global Netservices. Ce choix peut être difficile
à mettre en oeuvre, car il faut tout fournir pour gérer
l'orientation des grands comptes, notre coeur de cible. Nous
avons donc rebaptisé notre activité "hebergeering",
car il s'agit toujours bien d'hébergement, mais en
allant plus loin dans la valeur ajoutée et la gestion
d'applications e-business. Nous avons déposé
ce mot afin qu'il ne soit pas possible de qualifier n'importe
quoi avec, mais notre objectif est qu'il devienne générique
en vue de traduire un métier spécifique de l'hébergement.
JDNet Solutions : quelles sont les principales
tendances du marché de l'hébergement ?
Aujourd'hui, nous distinguons plusieurs familles d'hébergeurs.
D'abord, les opérateurs, qui se situent dans les couches
basses des infrastructures. Puis viennent les colocateurs
et ensuite les hébergeurs qui rentrent dans la partie
utile où se trouvent le contenu et les applications.
C'est là notre métier, l'herbergeering. Enfin,
la dernière couche est constituée des ASP "pure-players".
Nous travaillons beaucoup avec les SSII en amont afin de qualifier
avec elles une démarche projet appliquée à
l'hébergement. A leur attention, nous avons aussi développé
des services d'intégration et de tests, et mis en place
une plate-forme de préproduction pour que chaque version,
même mineure, puisse être testée sans grêver
le fonctionnement de l'application.
Et
les plus grandes difficultés que vous rencontrez dans le métier
d'hébergeur ?
Nous
faisons face aujourd'hui à un nombre de technologies
impressionnant, auxquelles nous devons nous former en permanence.
Il s'agit déjà d'une démarche assez dure,
d'autant que certaines technologies ne sont pas matures. Du
coup, nous devons prendre beaucoup de précautions,
car une bonne technologie doit être éprouvée,
c'est à dire être un outil industriel et pas
seulement un laboratoire. Et c'est là que nous faisons
intervenir notre plate-forme de préproduction.
En parallèle, le marché est très pressé
- une réalité qui s'exprime à travers
la locution Time-to-market - et nous rentrons parfois dans
le mauvais rôle de celui qui prône l'austérité.
Car il y a des règles à respecter, et il paraît
préférable pour nous de ne pas se décrédibiliser
en se lançant dans n'importe quoi très vite.
Et ceci m'amène finalement au seul véritable
frein, la pénurie de ressources. Dans ce domaine, un
opérateur qui intervient seulement au niveau de l'infrastructure
rencontre forcément moins de difficultés que
nous. Nous avons donc prévu un plan de recrutement
important de quarante personnes au plus vite.
Comment
vous situez-vous dans le débat actuel sur la qualité de service
?
Je suis contre les déballages
marketing à propos des SLAs (contrats sur la qualité
de service) car le débat est plus profond que cela.
Tout le monde est à 99,9 %, mais il s'agit de
savoir de quoi chacun parle. En ce qui nous concerne, nous
fournissons des temps de réponse comme tous les hébergeurs,
mais comme nous rentrons dans la partie applicative en couche
haute, nous proposons un partage des responsabilités
vis-à-vis du client. Ce partage rentre en oeuvre dès
le début du projet, lorsqu'il s'agit de définir
une architecture sécurisée et qui tienne la
charge. Et si un client arrive avec un seul serveur sans redondance,
nous réalisons un audit et effectuons nos prescriptions.
Nous avons des compétences en terme de rédéfinition,
et nous travaillons beaucoup dans ce domaine avec des sociétés
comme Sun, ou même Fi System qui pratique le conseil
en infrastructure.
Au niveau du contrat, le client retrouve des engagements classiques
en matière de disponibilité, mais aussi de l'ordre
de la qualité. Pour cela, nous simulons des scénarii
et nous nous engageons sur des temps de réponse. Nous
proposons donc 99,9 % sur la couche basse et ensuite
le même niveau ou moindre sur le plan applicatif. Il
s'agit simplement d'une question de prix à discuter
avec le client en fonction des niveaux de redondance souhaités.
Aujourd'hui, nous fournissons des outils de mesure au client,
comme ceux de Cisco, HP OpenView et BMC, mais d'ici quelques
mois, nous proposerons des tableaux de bord unifiés.
[Propos recueillis par François
Morel, JDNet]
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