29/03/01
Jacques Mercey, Mega International
: "ebXML capitalise sur les erreurs de l'EDI"
Fournisseur
de solutions de modélisation pour les projets e-business,
Mega International
participe activement au projet ebXML. Jacques Mercey,
vice-président R&D, nous a accordé un
entretien. L'occasion de revenir sur les enjeux de ce standard
et d'évoquer les dérives possibles.
JDNet
Solutions : Pouvez-vous résumer les principaux chapitres
de ebXML?
Jacques Mercey : De manière assez logique,
on peut en citer au moins trois puisque, pour faire du commerce,
il faut utiliser les mêmes voies de transport, il
faut savoir se trouver, et puis il faut surtout parler le
même langage ! Un premier volet du standard, qui concerne
les composants de base, définit les protocoles de
transports possibles, les formats des messages et les moyens
de décrire les données. Le deuxième
volet précise de quelle manière référencer
les processus pour les présenter à des partenaires
afin de les mettre en oeuvre. Le troisième volet
s'attache, lui, à 'décrire comment décrire'
les processus commerciaux. Ce point peut paraître
obscur, il s'avère pourtant fondamental : ebXML ne
définit pas directement les processus (mises à
jour d'un catalogue, validation d'une commande, etc) ; il
dessine le cadre dans lequel les entreprises pourront s'accorder.
C'est l'une des grosses différences
avec xCBL ou Rosettanet...
Une différence parmi d'autres. xCBL
est une initiative privée, d'un seul acteur, Commerce
One en l'occurence. Son champ est très restreint
puisqu'il définit quelques processus dans le cadre
d'une relation point à point. Quant à Rosettanet,
il s'agit d'un standard conçu à l'origine
par et pour une industrie particulière (l'informatique)
et qui fournit des processus et un vocabulaire très
précis. On est loin du "framework".
Tous ces protocoles, auxquels
on peut encore ajouter UDDI, ne vont-ils pas concurrencer
ebXML ?
Entre UDDI et ebXML, il existe un chevauchement
clair. UDDI définit une sorte d'annuaire des services
Web, une façon de faire du sourcing parmi ces services,
ce qu'apporte aussi ebXML. Je crois toutefois, le nombre
de participants au projet ebXML en témoigne, que
tout le monde a bien compris la nécessité
de rationaliser les échanges b-to-b avec un tel standard.
A défaut, les projets d'e-procurement et de places
de marché pourraient en pâtir. Et puis, n'oublions
que ebXML a été initié par ceux-là
même qui ont lancé EDI. Autrement dit, son
élaboration s'appuie aussi sur les expériences,
pour ne pas dire les erreurs, de l'EDI. Sa valeur vient
aussi de là.
Comme vous l'avez précisé,
ebXML s'apparente à une architecture qui "décrit
comment décrire". Avec un standard aussi générique,
ne prend t-on pas le risque d'assister à des mises
en oeuvre radicalement différentes ? Assez pour "casser"
le standard ?
C'est un risque, qui sera sans doute amplifié
par la concurrence entre éditeurs. Comment pourrait-il
en être autrement ? Comme à l'habitude, chacun
va chercher à apporter son petit "plus"
au standard défini par les instances internationales.
Cela n'empêchera pas forcément les logiciels
de partager au moins une partie des spécifications.
Aujourd'hui, les projets d'e-procurement
sont plutôt l'affaire de grands comptes. Pensez-vous
que ebXML aidera à insérer les PME dans les
circuits de l'e-commerce ?
ebXML a été conçu pour
cela même, par opposition à l'EDI qui reste
principalement cantonné aux entreprises fortunées...
D'ailleurs, les documents sur lesquels nous travaillons
mentionnent de façon récurrente les besoins
et contraintes des moyennes et petites entreprises. Le véritable
enjeu d'ebXML est bien là et, même si nos travaux
peuvent sembler très conceptuels, nous n'oublions
pas cet objectif.
Depuis 15 ans, Jacques Mercey, vice-président
R&D de Mega International, pilote un centre de développement
qui compte aujourd'hui une quarantaine de personnes. Spécialiste
de la modélisation des processus b-to-b, il participe
activement aux différents groupes de travail du consortium
ebXML
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