30/03/01
Alain Falck, Sybase : "Nous vivons
la troisième génération des systèmes
d'information "
Après
avoir longtemps été considéré au même titre qu'Oracle et
Informix comme un éditeur de bases de données, Sybase a
depuis sensiblement diversifié son offre : il a évolué
du kit de développement PowerBuilder au début des années
90 aux outils décisionnels en 1999, en passant en 1998 par
les applications mobiles. Un an plus tard, une offre de
progiciels financiers voyait aussi le jour derrière la marque
Financial Fusion. Après un premier pas dans l'EAI en 1994-95,
Sybase vient aussi de revenir à la charge sur ce marché
très porteur en se proposant de racheter Neon et
sa quinzaine de connecteurs natifs. Nommé en octobre 2000,
son directeur général France Alain Falck redéfinit les horizons
de son entreprise, qui axe désormais sa stratégie
autour du portail d'entreprise Sybase EP 2.0.
JDNet
Solutions : Qu'est-ce qui vous conduit aujourd'hui à redéfinir
vos objectifs autour de votre portail d'entreprise ?
Alain Falck : Cette stratégie est l'aboutissement
de l'enrichissement de notre offre au dessus des premières
briques "bases de données". En 2000, nous avons sorti notre
offre portail avec un serveur d'application Java. Celle-ci
intègre aussi des produits tiers, comme le moteur de recherche
d'Autonomy ainsi que des technologies de Vignette pour la
gestion de contenu, et de Broadvision pour la personnalisation.
De plus, nous proposons une solution intégrée avec des connecteurs
natifs.
Quelle est votre cible ?
Notre offre s'adresse principalement à quatre
segments. Financial Fusion vient verticaliser le portail
à l'attention du secteur banque-finance-assurance. Pour
les telcos, nous y associons le produit de Customer Care
de Netonomy. Dans le domaine du gouvernement et des institutions
publiques, nous avons aussi une première référence aux Etats-Unis,
avec le portail d'achat de fournitures de l'administration
fédérale. Enfin, l'acquisition de Neon nous aide à attaquer
le marché des services et de l'industrie, où nous étions
déjà présents dans des sociétés d'hôtellerie et de catering
(restauration à bord).
A quelle demande Sybase EP 2.0
répond-il ?
Les entreprises souhaitent pouvoir mettre
en oeuvre une solution qui ne remette pas en cause leur
existant. Nos clients veulent un portail ouvert, capable
de s'interconnecter avec des systèmes hétérogènes. Dans
ce cadre, nous pouvons dialoguer avec d'autres bases de
données que les nôtres, d'autres systèmes d'informations,
et grâce à Neon, avec des progiciels ERP, SCM,
et CRM comme Siebel.
Quel type de portail d'entreprise
proposez-vous ?
Aujourd'hui, nous n'avons pas le même positionnement
que Mediapps, qui est très orienté vers l'agrégation de
contenus. Nous sommes sur la partie qui touche à l'infrastructure
et aux applications, plus en amont de l'information. En
cela, notre position sur le marché est relativement comparable
à celle d'IBM avec Websphere ou de BEA Systems avec WebLogic.
Mais grâce à Neon, nous allons bénéficier d'une offre plus
large et plus intégrée. IBM, de son côté, est générateur
de besoins en services. BEA présente une offre plus étroite
que nous. Quant à Oracle, son approche est un peu différente,
et son produit reste très propriétaire.
Peut-on à présent observer une
segmentation plus claire du marché, côté offre ?
Le marché présente en effet deux approches
différentes. La première vague a été celle des portails
généraux de type corporate. Puis, sont apparus les portails
thématiques et verticaux, avec de hauts niveaux d'intégration
y compris avec des applications de commerce électronique.
Quel rôle joue l'information
aujourd'hui ?
Nous vivons la troisième génération des systèmes
d'information. La première a été caractérisée par des mainframes
et des environnements propriétaires, auxquels peu avaient
accès. Puis, les systèmes se sont ouverts et l'information
a pu être diffusée à toutes les personnes de l'entreprise.
Aujourd'hui, tout le monde a accès à trop d'information,
et l'efficacité prime avant tout. Les utilisateurs ont toujours
besoin de fonctions de "pull" et de "push". Ils veulent
tout de suite être avertis de changements d'états afin de
motiver leurs décisions... C'est pourquoi nous soutenons
l'approche portail, qui présente une information extrêmement
triée et adaptée.
Ne craignez-vous pas que des
éditeurs fonctionnels ne sortent des portails verticaux
bâtis au dessus de leurs offres ?
Nous ne sommes pas concurrents sur notre
coeur de métier qui est l'intégration. En fait, nous sommes
tous partenaires dans un domaine ou un autre, car nos logiciels
présentent un grand nombre de complémentarités.
Avec l'arrivée de Neon, nous pouvons accéder à des systèmes
ERP comme SAP ou JDEdwards, et nous sommes donc plus partenaires
que concurrents. Leurs portails sont beaucoup plus orientés
vers la présentation du contenu verticalisé que vers l'intégration.
Les connecteurs de Neon seront-ils déjà présents dans votre
nouvelle version ?
Ils ne figurent pas dans la v2.0 qui est
en test à l'heure actuelle et devrait bientôt être
disponible. Le rachat de Neon est soumis au formulaire S.4
des autorités américaines, qui établit des règles très strictes
pour éviter notamment les situations de monopole. L'opération
devrait être finalisée à la mi-avril.
Comment se dessine le prochaine
génération de systèmes d'information ?
Je pense qu'elle sera liée aux mobiles. Ces
technologies viennent compléter une offre de portail de
façon harmonieuse. Leur mariage donnera accès à la richesse
de contenu d'une manière dynamique et proactive. Et, qui
plus est, partout et tout le temps. Avec l'arrivée de l'UMTS,
il sera possible de se connecter en permanence. Mais tant
que celui-ci n'est pas en place, les liaisons restent limitées
côté débits et il faut préparer la solution localement.
La gestion des connaissances
fait-elle partie des évolutions possibles de votre offre
?
Ce n'est pas prévu pour le moment. Et si
cela devait l'être, nous irions certainement sur ce créneau
par le biais de partenaires avec des produits tiers.
Au même titre que Mediapps pour
l'information, peut-on vous qualifier d'agrégateur d'applications
?
Oui. Soit nous les agrégeons nous-mêmes dans
notre offre, soit elles le sont par le biais de nos partenaires
intégrateurs.
Diplômé
de l'Ecole Centrale de Paris, Alain Falck a démarré sa carrière
au sein de GEC Alstom. Au cours des 15 dernières années,
il a assuré successivement les fonctions de directeur d'activités
dans une filiale du groupe Vivendi, de directeur Général
adjoint d'AT&T Dataid, puis de directeur de la branche Systèmes
et Solutions d'Olivetti France. En 1995, il rejoint Microsoft
France pour prendre la direction de la division Entreprises.
Avant de rejoindre Sybase en octobre 2000, Alain Falck était
directeur général de VBS France, intégrateur de solutions
ERP et e-business.
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