30/03/01
Comment
Seliance est devenue un modèle d'intégration
Contrairement
à l'idée que voudraient véhiculer certains
éditeurs de logiciels, les grands projets informatiques
exceptionnellement réussis sont relativement rares.
En effet, si sur le papier beaucoup apparaissent alléchants,
nombreux aussi sont ceux qui ont délaissé
l'un des exercices les plus complexes à ce jour :
faire communiquer tous les systèmes d'information
impliqués dans le déroulement automatisé
d'une transaction de bout en bout.
Cas d'école : hier 29 mars 2001, jour de son
ouverture, Seliance
se déclare prête à l'emploi. Afin d'aboutir
à une intégration proche de 100 %, tant
sur les plans interne qu'externe, la place de marché
du Crédit
Lyonnais (à 75 %) a fait intervenir 50 techniciens
en provenance de deux SSII Internet, Valoris et Ifatec,
pendant près d'un an. Son choix s'est aussi porté
sur deux importants outils EAI. D'une part, le serveur d'application
WebLogic de BEA
Systems a permis de faire communiquer pas moins de huit
autres applications majeures. Parmi celles-ci, WebMethods
assure la connectivité avec tous les partenaires
de l'entreprise.
Initié par la demande en
achats de fonctionnement
"Le
projet est né il y a un peu plus d'un an au sein
du marché entreprises du Crédit Lyonnais",
déclare Martine Beaulieu, directeur général
de Seliance. "De la part de nos clients, nous avions
constaté des besoins récurrents en particulier
dans le domaine des achats de fonctionnement, et nous avons
voulu conjuguer cette demande avec les atouts de la banque,
qui emporte la confiance de très nombreux entrepreneurs."
Depuis hier, Seliance propose à ses clients du mobilier
et des fournitures de bureau, des livres, de l'informatique
ainsi que des services d'hygiène et d'entretien.
Regroupant près de 50 marques, soit plus de
10 000 références, la "place
d'affaires" telle qu'elle se définit elle-même,
cible en priorité les moyennes et grandes organisations
dont le chiffre d'affaires se situe entre 10 millions
et 2 milliards de francs. "D'ici fin juin, nous
devrions intégrer près de 70 marques
avec plus de 20 000 références",
ajoute Martine Beaulieu. "Nous sommes en train d'implémenter
une offre complète de voyages qui nous permettra
d'atteindre cet objectif."
Défilé
de SS3I dans le capital : Valoris et Ifatec
En tant que société d'une
vingtaine de personnes - "60 d'ici la fin de l'année"
- Seliance a été créée fin 2000
sur la base d'un capital de 80 millions de francs issus
d'un premier tour de table. Après le Crédit
Lyonnais, à 75 %, suit le fonds d'investissement
ChrysaLead. La société issue d'un rapprochement
entre Danone, CVC Capital Partners, GIMV et la SS3I (SSII
Internet) Valoris en détient 17,5 %. Puis, France
Télécom s'adjuge 5 %, et enfin la SSII
Groupe Euriware emporte les 2,5 % restants. Dans ses
rangs se trouve la filiale Ifatec, une autre SSII Internet."
Nous sommes en train de boucler un second tour de table
qui devrait être connu dans les jours ou les semaines
qui viennent", dévoile Martine Beaulieu.
Dans un tel contexte, où les prestataires participent
au capital et sur lequel les éditeurs peuvent se
baser pour leur publicité, un budget est rarement
communiqué. De fait, l'on se contentera des 70 personnes
travaillant sur le projet depuis près d'un an. 15 commerciaux
supplémentaires, ainsi qu'une équipe de télé-opérateurs
d'un centre d'appels, constituent les renforts externes.
Enfin, à travers ses centres d'affaires, le Crédit
Lyonnais joue le rôle de réseau de prescription
avec environ 300 commerciaux sur le terrain.
Ariba,
fournisseur providentiel de Seliance
Historiquement, c'est en juin 2000 que
le Crédit Lyonnais a décidé d'assumer
les risques de ce projet pharaonique. Après des prestations
de conseil qui ont conduit au choix des solutions, la mise
en oeuvre effective a démarré en juillet 2000.
La plate-forme centrale du site, Ariba, a été
déterminée par un appel d'offres auquel peu
d'éditeurs n'ont pu, ou n'ont souhaité, répondre.
"Nous avons commencé avec la version 7 d'Ariba
en juillet", indique Eric Richard, directeur des systèmes
d'information de Seliance. "Puis, nous avons évolué
vers la 7.1 et la 7.2 avec l'accompagnement de l'éditeur.
Nous sommes Corporate Alliance Partner Ariba, ce qui signifie
que nous faisons partie du club participant aux évolutions
de leur produit. Et nous sommes aussi membres de l'Ariba
Commerce Services Network qui nous amène tout un
réseau de fournisseurs." Le standard UDDI n'avait
à l'époque pas encore émergé.
Mais la méthode "Punch Out", qui consiste
à envoyer la session utilisateurs directement chez
le fournisseur, comme un caddie virtuel le temps de la transaction,
est appliquée. "Nous avons commencé par
Ariba car nous savions que ses standards seraient des contraintes
pour d'autres", explique Eric Richard.
Défilé
d'éditeurs : BEA, Oracle, Point, Informix, BO...
Autour de ce noyau Ariba sont venues se greffer au moins
huit applications de plus. D'abord, la plate-forme d'applications
WebLogic de BEA Systems a été choisie car
elle disposait déjà des connecteurs vers chacune
des autres solutions. Elle joue le rôle de noeud central
du système d'information. La base de données
est Oracle, ainsi que le système permettant le traitement
et la présentation des factures, l'ERP Oracle Applications.
Au niveau du portail, on retrouve OpenMarket, "moins
une usine à gaz que d'autres concurrents et plus
facile à intégrer que Vignette à l'époque",
selon Eric Richard. "Le produit répond à
nos deux critères : le processus de publication
et de mise à jour doit être simple, et un moteur
de règles et de personnalisation est nécessaire
pour proposer des offres en fonction du comportement et
des intérêts du client."
Puis, la solution de gestion de la relation client et d'automatisation
des forces de vente est celle de l'éditeur Point
Information Systems, plus allégée et plus
standard que d'autres en vue d'optimiser les délais
et les coûts. Un datawarehouse est construit, afin
d'intégrer les données en provenance des différentes
sources, avec le support de l'outil d'ETL DataStage d'Ascentional
Software (ex Informix/Ardent). Enfin, Le reporting complet
est attribué à Business Objects.
WebMethods, l'IAI qui dialogue
avec les partenaires
Mais ce n'est pas tout. "Il nous fallait des outils
pour automatiser l'envoi des commandes aux fournisseurs"
raconte Eric Richard. "WebMethods est un EAI qui va
vers l'IAI (Internet Application Integration), et c'est
la raison pour laquelle nous l'avons retenu. Leur solution
dédiée aux échanges tient compte de
l'existant et nous pouvons dialoguer avec les fournisseurs
quel que soit leur mode de transmission, EDI/EDIFact, XML
et même l'envoi de fichiers sous FTP. Nous avons aussi
pu aller plus loin dans l'automatisation, en installant
des connecteurs chez nos principaux fournisseurs afin que
les données puissent être transmises à
leurs ERP."
Un projet imposant terminé
dans les temps
Au
final, la durée consacrée à ces travaux
de mise en oeuvre imposants n'aura été que
d'environ 8 mois. "Nous sommes prêts dans
les temps", se réjouit Martine Beaulieu. "La
communication a démarré et nous entamons une
campagne de publicité auprès de la presse
spécisalisée." Des spots devraient également
être diffusés dans la presse quotidienne et
à la radio à partir de la mi-mai.
L'entreprise qui souhaite réaliser des économies
sur ses achats de fonctionnement, quant à elle, doit
débourser 750 euros de droits d'entrée.
Au delà du bouquet de base qui lui est offert, elle
est facturée pour des services selon devis comme
par exemple un reporting plus évolué ou le
maintien d'un catalogue privatif. Enfin, le fournisseur,
qui y trouve une complémentarité par rapport
à ses réseaux de vente habituels, verse une
commission à Seliance sur les transactions.
[François
Morel , JDNet]
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