04/11/2001
L'EAI
en Europe devrait croître de 135 % en 2001
malgré une certaine confusion
Drainé
par la pénétration des applications e-business
dans les entreprises, le besoin d'intégration se fait
cruellement sentir afin d'assurer une cohérence des données
au sein de systèmes d'informations disparates. L'année
2001 devrait ainsi être celle de la plus forte croissance
du marché en terme de revenus tirés de la vente
des licences de progiciels EAI (Enterprise application integration)
au sens large.
D'après
le cabinet d'analystes Frost&Sullivan, qui vient de finaliser
son étude sur le marché européen de l'EAI,
ce dernier a connu une croissance de 126,9 % en 2000, passant
d'une valeur de 400 millions de dollars en 1999 à
près de 920 millions de dollars. Pour cette année,
la progression devrait encore s'accélérer pour
atteindre un montant global de 2,15 milliards de dollars
(+ 135 % environ) fin 2001. Au final, le cabinet prévoit
que la vente des licences de produits d'intégration culminera
aux alentours de 17,5 milliards de dollars en 2007. Ce
chiffre devrait être en augmentation de 6,4% par rapport
à 2006, reflétant une érosion conséquente
de la croissance au fil des années, en rapport avec une
plus grande maturité du marché.
La
France devrait vite rattrapper son retard
Dans le même temps, des disparités
sont constatées entre les principaux pays d'Europe. Si
la Grande-Bretagne et l'Allemagne dominent le marché
depuis 1997, les pays situés plus au sud comme la France
et l'Italie continuent d'accuser un certain retard. Pour l'Hexagone,
du moins, celui-ci devrait être comblé au cours
des toutes prochaines années. Ainsi, Frost & Sullivan
constate qu'en 2000, les revenus du marché européen
sont provenus à 29,5 % de la Grande-Bretagne, 23,5 %
de l'Allemagne et seulement 15,8 % de la France. En 2007,
le Royaume-Uni ne devrait plus représenter que 23,5 %,
avant l'Allemagne (25,4 %) et seulement un poil devant
la France (22,5 %).
+196,1 %
pour l'intégration des flux BtoB en 2000
Aujourd'hui, les problématiques d'intégration
ne sont plus réglées par un seul type de solutions.
En effet, si le dialogue classique point à point entre
applications internes à l'entreprise reste le domaine
privilégié de l'EAI, la mise en relation du système
d'information avec les partenaires s'envole dans le cadre actuel
d'harmonisation des échanges BtoB. En clair, l'EDI (Echange
de données informatisé) propriétaire cède
la place à XML sur Internet, avec pour leitmotiv la baisse
des coûts opérationnels. Mais à défaut
de parler le même langage, les données provenant
de systèmes épars au sein d'une même chaîne
de valeur doivent pouvoir être reformatées en temps
réel par les progiciels d'intégration BtoB (BtoBi
ou IAI, Internet application integration).
Dans ce cadre, Frost & Sullivan compare l'évolution
de ces deux segments. En 2000, Le marché EAI traditionnel
a connu une progression de 116,5 % à 760 millions
de dollars, et devrait passer à 5,87 milliards de
dollars en 2007. En parallèle, le secteur de l'intégration
des flux de données ne pèse que 160 millions
de dollars à l'heure actuelle, mais fait preuve d'une
croissance beaucoup plus importante, de 196,7 %, par rapport
à 1999. En 2007, sa valeur globale devrait constituer
plus du double de l'EAI, soit 11,69 milliards de dollars
suite à une croissance annuelle moyenne de 85,2 %
sur les six prochaines années. Parmi les causes de ce
revirement de situation, l'on peut espérer une réponse
à la complexité de la sécurisation des
échanges multi-niveaux sur les réseaux ouverts
de type IP.
2001
entame la consolidation: fin de la confusion ?
Enfin, comme pour illustrer l'un des principaux
freins au développement de ces marchés, Frost
& Sullivan tente de dresser un panorama du perpétuel
mouvement des acteurs. Selon le cabinet d'études, l'une
des principales restrictions à la croissance demeure
la confusion régnant côté offres. Ainsi,
la distinction est établie entre les acteurs à
100 % sur l'EAI comme Tibco, Vitria, Seebeyond et Webmethods
qui sont souvent les plus présents, et les grands éditeurs
traditionnels comme Microsoft, Oracle, IBM, BEA et HP qui augmentent
considérablement leurs parts de marché. De fait,
l'année 2000 a été celle de la multiplication
des offres. Pour Frost & Sullivan, 2001 signe le début
de la consolidation, les plus petits éditeurs devant
soit se faire racheter par des plus gros, ou alors se concentrer
sur des niches. Dans ce contexte, les exemples de rachats ne
manquent pas depuis la fin de l'année dernière.
Après l'acquisition d'Active Software par Webmethods
en août, suivent celles de Netfish par Iona et de Neon
par Sybase en février...
Attention
aux prévisions trop optimistes, selon IDC
Enfin, face à l'offre, la demande
s'exprime différemment selon un sondage réalisé
le mois dernier par le cabinet d'études IDC. D'après
ce dernier, la majorité des utilisateurs européens
de progiciels dans l'entreprise estiment déjà
avoir atteint le niveau d'intégration désiré.
En grande partie, les entreprises sondées se reposeraient
sur les connecteurs natifs fournis par les éditeurs d'applications
packagées. Au final, l'intégration entre les solutions
CRM et ERP par ce biais ne représente pas moins de 30 %
des besoins exprimés. En face, les technologies middleware
réclamant l'installation d'une solution intermédiaire
coûteuse à mettre en place ne retiennent qu'à
27 % l'attention des sondés. Car il semblerait,
toujours d'après IDC, que seules 22 % des entreprises
sont concernées par des systèmes fragmentés.
Le cabinet d'études jugeant que les sociétés
de taille moyenne disposent déjà le plus souvent
de systèmes intégrés, ce seraient donc
désormais les très grandes entreprises qui draineraient
la croissance du marché EAI.
[François
Morel, JDNet]
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