Les services IP doivent tripler de valeur en France d'ici à l'an prochain

Supports des différents projets Internet, intranet/extranet et commerce électronique, les opérateurs de services IP profitent largement de l'engouement des entreprises pour le réseau des réseaux. D'après une étude du cabinet Cesmo, le marché a ainsi atteint en France, pour l'année 2000, une valeur globale de 13 milliards de francs en hausse de plus de 8 milliards sur l'année précédente. Entre cette année et 2002, ce total devrait encore bondir de 26 à 38 milliards de francs. L'étude, qui examine l'évolution jusqu'en 2005, prévoit pour dans quatre ans que le marché des services IP en France atteindra alors près de 88 milliards de francs.

Inclus dans le marché des services de télécommunications, le segment IP pèse de plus en plus lourd. Fin 2000, d'après Cesmo, la partie relevant des services Internet a représenté environ 10 % de ce secteur estimé à 171 milliards de francs. Et cette part devrait encore grimper progressivement chaque année. En 2005, les services IP compteront alors pour environ 46 % du marché global des services de télécommunications dont la valeur attendue tournera alors autour de 191 milliards de francs.

Facteurs de croissance : intranet et l'hébergement
Sur le plan applicatif, Cesmo identifie trois principaux segments : les services typiquement Internet regroupant notamment les offres de connectivité, de conception et d'hébergement de sites web, les services intranet (qui intègrent entre autres les offres de réseaux privés virtuels), et ceux liés au commerce électronique. Il apparaît que des trois segments, celui qui a le plus progressé depuis 1999 est l'intranet, dont la part sur le total augmente de 15 à 20 %. En face, c'est la partie Internet qui recule de 6 %, de 75 à 69 %. La part du commerce électronique, quant à elle, reste stable (+ 1 %).

Ensuite, l'étude examine les offres en fonction du type de services proposés. Ici, un transfert semble avoir eu lieu entre l'accès et l'hébergement. Alors que le premier domaine affiche une part en réduction de 7 %, de 38 à 31 % entre 1999 et 2000, le second augmente avec les mêmes parts de marché dans l'ordre inverse (+ 7 % de 31 à 38 %). En même temps, le transport IP, et les services annexes comme le conseil et l'ingénierie, stagnent. Ces deux domaines présentent des parts respectives de 18 % et 13 %. A titre indicatif, le marché de l'hébergement en France a représenté en 2000 aux alentours de 5 milliards de francs à lui seul, soit une croissance de 125 % par rapport à 1999.

Hébergeurs et ISP indépendants en voie de disparition
Avant de s'intéresser à la nouvelle segmentation du marché, Cesmo fait remarquer un ralentissement de la croissance du marché grand public. En terme de parts de marché, celui-ci perd un point, engrangé du côté des entreprises qui ont généré 73 % de la valeur. En 2000, la plus forte croissance aurait ainsi été générée par les services liés aux intranets et aux extranets. Et contrairement au grand public qui s'intéresse le plus souvent aux offres à bas prix, les entreprises demandent surtout des services à valeur ajoutée.

Pour terminer, la nouvelle segmentation du marché dévoile quelques tendances intéressantes. Parmi les fournisseurs de services IP, certains seraient amenés à disparaître. Selon Cesmo, les ISP indépendants tournés vers les entreprises ne sont déjà plus que trois : Eunet, Psinet et Magic Online. Or, sur ces trois-là, Psinet connaît à présent d'importantes difficultés financières. Par rapport à 1999, l'année 2000 s'avère critique pour ceux qui n'ont pas été rachetés, puisque la valeur totale qu'ils ont généré a chuté de 710 à 390 millions de francs. Enfin, les hébergeurs purs sont également en voie de disparition, la plupart ayant quitté cette catégorie en étendant leurs offres vers d'autres services.

Trois nouvelles catégories d'acteurs sous les spots
En face, trois autres catégories qui n'existaient pas en 1999 sont en train d'émerger. Il s'agit des opérateurs de boucle locale qui bénéficient de la démocratisation de l'ADSL, puis des opérateurs IP dont l'expertise approfondie apparaît très prisée, et enfin des ISP virtuels que le cabinet d'études avoue avoir du mal à identifier car ils proposent souvent leurs services en marque blanche. Respectivement, ces trois catégories emportent chacune 1 %, 3 % et 1 % des parts du marché global, et devraient accroître leurs positions dans les années à venir.