07/11/2001
Itipi
: 3 500 internautes mesurent la performance transactionnelle
en ligne
Créée
en mai 2000, la société Itipi
est peut-être la seule à proposer une mesure
de la performance web qui soit réellement "vue
de l'internaute". En effet, "nous effectuons
des tests avec un panel de 3 500 internautes
français en phase avec la répartition statistique
constatée sur le territoire", déclare
son p-dg Jean-Pierre Christie. Une démarche à
laquelle peuvent être opposés a priori
des effets de bord, comme la présence de vieux
processeurs lents sur les PC de certains internautes,
ou une répartition qui ne tienne pas compte de
la prédominence de fournisseurs d'accès
et de liaisons plus ou moins rapides.
Un navigateur truqué qui
masque la marque du site
Sur ce dernier point, l'entreprise fournit les logs du
site sans avoir forcément un technicien sous la
main. Et Itipi se charge d'élaborer des scénarii
avec son client à partir de ceux-ci. Or, les 3 500 internautes
ne sont pas mobilisés d'un coup. L'entreprise exprime
son souhait quant au nombre de surfeurs qui doivent intervenir
lors des tests, qui sont réalisés chaque
jeudi soir. Les internautes sont prévenus à
l'avance en surnombre, tout en tenant compte des visiteurs
qui apparaîssent dans les logs avec leurs différents
types de connexions.
"Si nous voulons 500 personnes, nous en faisons
venir 800", indique Jean-Pierre Christie. "Or,
nous n'avons pas eu de cas où l'abstention soit
telle qu'elle tombe en dessous de nos chiffres. Et aussi,
nous sommes aujourd'hui obligés de réguler
les arrivées, ce qui nous permet de ne conserver
que des profils intéressants dans notre panel.
Là aussi, nous avons un observatoire réalisé
chaque semaine par notre équipe en charge du panel."
Un navigateur truqué qui
cache la marque du site
De
plus, "notre démarche n'est pas de mesurer
le temps d'accès au site web à l'aide de
tests réseaux", poursuit Jean-Pierre Christie.
"Nous sommes positionnés sur le test de charge.
Le but de notre solution Wallace est de connaître
à l'instant T combien de transactions complètes
simultanées vont pouvoir être réalisées.
Il s'agit de mettre à mal le site pendant 10 minutes
avec l'arrivée massive d'internautes, et nous pouvons
observer par exemple si la base de données est
capable de suivre. Nous pouvons aussi étudier la
charge sur une prise de commande du fait du bruit provoqué
par d'autres internautes."
Pour cela, une petite fenêtre s'ouvre sur l'écran
de chaque personne conviée au test, avec des directives
précises concernant le scénario à
éxécuter durant une période donnée.
30 % des internautes peuvent être invités
à surfer, 30 % à utiliser le moteur
de recherche, et les 40 % restants se chargeront
de la prise de commande. Le participant dispose pour cela
d'un navigateur spécifique, baptisé "Browser+".
A la demande du client, la marque de son site peut être
masquée en vue d'éviter que ne s'ébruitent
ses relations contractuelles.
Mais
qu'est-ce qui mobilise tant les internautes ?
10 francs par
test: c'est ce que recevra chaque participant. Tous les
jeudis soirs, les tests s'enchaînent, lui permettant
de gagner "aux alentours de 150 ou 160 francs
par mois" précise Jean-Pierre Christie, "lorsque
nous envoyons les chèques, les internautes sont
ravis". En face, l'entreprise débourse entre
20 000 et 200 000 francs au total.
Une somme payée jusque-là par un unique
client qui a choisi un abonnement de trois mois. Après
un premier test gratuit en guise de démonstration,
les tarifs sont calculés en fonction du type d'abonnement,
trimestriel, semestriel ou annuel. Puis viennent se rajouter
un coût fixe par test et par internaute mobilisé,
ce qui permet à Itipi de reverser son obole au
participant.
Et le système fonctionne. Pour le prouver, Itipi
déclare près de 50 clients signés,
dont les sites Ducasseonline.com, EuropeInfos.com, eAuctionRoom,
CanalPlus.fr, Internet.gouv.fr, HyperElectronics.com,
BlackOrange.com et la Fête de l'Internet 2001. Depuis
le lancement du système Wallace fin janvier, la
société a également réussi
une première levée de fonds auprès
de Dassault Développement malgré la frilosité
ambiante des investisseurs. Celle-ci se monte à
10 millions de francs.
Prochaines
étapes : data mining et tests d'ergonomie
Jusqu'à début
2001, la société Itipi qui emploie 15 personnes
dont 6 en R&D a développé l'ensemble
de ses technologies autour d'une base de données.
Depuis le 25 janvier, 3 tests en moyenne sont réalisés
chaque jeudi soir et les données qui en résultent
y sont stockées. D'après Jean-Pierre Christie,
"nous développons un système de datamining
qui devrait nous permettre d'exploiter ces données.
A terme, nous utiliserons un outil du commerce, mais nous
ne l'avons pas encore choisi pour le moment".
"Actuellement", poursuit-t-il, "beaucoup
d'internautes nous donnent aussi leurs impressions par
mail concernant leur navigation. Or, nous pratiquons exclusivement
le test de charges. Mais nous constatons une demande de
la part de nos clients en matière d'ergonomie.
Ce que nous allons donc faire dans un premier temps sera
de permettre à l'internaute de donner leurs appréciations
de ce qui s'est passé. Suivant le degré
de précision du scénario, l'internaute a
10 minutes et doit trouver un moyen d'y parvenir.
Et si nous voyons que sur le total, seuls 10 % sont
arrivés à passer la commande, cela donne
une idée d'un problème évident. Mais
nous ne rentrerons pas dans le fonctionnement et la sémantique
et nous ne ne le ferons pas avant longtemps, car cela
dépend des temps de réponse qui varient
dans chaque cas. Et les impressions peuvent donc être
subjectives."
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