15/11/01
Schneider
ouvre son intranet RH à 40 000 salariés dans le monde
L'humain est désormais
au coeur de l'entreprise, entend-t-on. Utopie ? Le groupe
Schneider
Electric semble pourtant bel et bien être
passé à la pratique. L'équipementier
en automates industriels a osé faire de ce qui
n'est encore qu'un voeu pieu pour beaucoup. En confiant
à la SSII Coheris, spécialiste de la gestion
de la relation client, la mise en oeuvre de son intranet
RH (ressources humaines), Schneider s'est posé
en héraut de la transparence : avec son
intranet baptisé He@rt, aucun filtrage a priori
n'entrave la communication entre les 40 000 utilisateurs
potentiels d'un réseau qui connecte cadres, employés
et ouvriers.
Des
forums modérés a posteriori
Le caractère
"ouvert" de cet intranet ne se limite pas
à son nombre d'utilisateurs. Logique, vu les
objectifs : fédérer la fonction RH
du groupe, faciliter la mobilité et le recrutement
interne
et "développer une certaine proximité,
une transparence, pour en finir avec l'image opaque
de la fonction RH", explique la responsable du
projet Danièle Nguyen. Une belle intention qui
a pris forme par le truchement de Coheris. La société
a été "choisie avec l'aide de la
direction informatique parmi cinq prestataires pour
sa réactivité, le coût de la proposition
et sa compréhension du besoin", développe
l'intéressée. L'ensemble de la solution
repose sur Lotus Notes et Domino. "La webmaster
et moi-même avons été formées
pour rédiger le contenu via Notes et administrer
l'intranet", déclare la responsable du projet.
Des forums sur un intranet ? Il fallait oser, admettront
les nombreux dirigeants qu'une frilosité bien
légitime empêche encore de passer le cap.
D'autant que les forums de l'intranet He@rt ne sont
même pas filtrés. "Je les modère
moi-même, assure Danièle Nguyen, mais a
posteriori". Parmi les 40 000 employés
de Schneider qui ont accès à l'intranet
(sur plus de 72 000 au total) certains travaillent
dans des bureaux et d'autres en ateliers. Des bornes
d'accès ont donc été installées
par la DRH espagnole de Schneider dans certains ateliers,
près des machines à café. Conclusion
de Danièle Nguyen : "Dès lors
que vous valorisez la personne, cela se passe très
bien". Elle n'aura donc eu à intervenir,
en tout et pour tout, que deux ou trois fois, simplement
pour rappeler quelques préceptes de la Netiquette.
Quatre
ans pour faire accepter la technologie
Selon Danièle
Nguyen, "c'est une volonté de transformation
qui a rendu possible cet intranet". Comme le préconisent
les spécialistes, la transformation aura précédé
chez
Schneider
l'e-transformation. "Nous avions une organisation
RH très décentralisée, à
un niveau international, se souvient Danièle
Nguyen. Pour chacune de nos directions RH, le besoin
consistait à savoir ce qui se faisait chez les
autres". Après la finalisation d'un cahier
des charges et une première maquette en juin
1998, "le site intranet RH a ouvert en 1999 et
il intégrait déjà un forum",
poursuit la respondable du projet, récompensée
d'un "Intranet d'Or" cette année là.
Un intranet déjà amorti : "les
premiers bénéfices proviennent de dépenses
gelées en publications et autres notes, services
de concultants ou encore d'agence de communication",
souligne Danièle Nguyen. Mieux encore, les salariés
posent des questions et la DRH stocke leurs messages
pour y répondre ou modifier le site en conséquence.
Résultat, l'intranet en est déjà
à sa quatrième version.
Cette petite révolution interne aura demandé
à ses instigateurs, et donc à Danièle
Nguyen, un travail d'évangélisation non
négligeable en interne : "le décalage
entre le moment où la technologie était
maîtrisée et l'ouverture presque tardive
de l'intranet, raconte-t-elle, correspond à un
enchaînement incessant de réunions pour
convaincre les RH". Reconnu comme assez en avance,
Schneider a entamé "une réflexion
sur les nouvelles technologies dès 1996, rappelle-t-elle.
Et l'arrivée de Jean-François Pilliard
au poste de DRH en 1997 explique une volonté
de repositionner les RH". L'ensemble de la direction
générale de Schneider (DRH comprise) a
donc été formée. Simultanément,
un grand projet d'entreprise baptisé Schneider
2000 prévoyait -comme au sein de nombreuses autres
entreprises- un vaste chantier destiné notamment
à "l'amélioration de la satisfaction
des clients et des collaborateurs". A l'heure actuelle,
les résultats semblent plutôt probants.
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