23/11/01
Comment
Danel conduit l'e-transformation avec un extranet clients
Principal
imprimeur européen de formulaires de gestion (pré-imprimés
de type bordereaux, feuilles de paie, factures et documents
administratifs divers), Danel
emploie quelque 1 300 personnes qui servent
les intérêts de 25 000 clients.
L'an dernier, 10 % environ de son chiffre d'affaires
(un peu plus de 183 millions d'euros) ont été
réalisés par voie électronique. Une
part composée à moitié/moitié
de revenus du Minitel et de ceux d'Internet, qui devraient
augmenter cette année. Aujourd'hui, l'entreprise
qui se déclare imprimeur depuis 1612 affiche comme
slogan métier "document e-services".
Depuis l'exploitation du support télématique
à partir des années 80, l'échange
de données informatisé (EDI) propriétaire
en 1997 et le lancement de l'extranet
e-Danel en 1998, l'imprimeur devenu "offreur
global de solutions" semble à présent
bien engagé sur la voie de l'e-transformation.
"Notre présent, c'est la diversification des
produits vers un ensemble de services à valeur
ajoutée", déclare Dominique Morel,
directeur informatique de Danel.
"Ces
services se déclinent sur trois axes majeurs. Le
premier consiste en une offre globale de conception, achat
sur le marché, stockage et distribution des pré-imprimés
jusque sur le bureau de l'utilisateur, à partir
duquel il passe aussi sa commande à l'aide des
moyens Minitel et Internet. Le deuxième axe concerne
la personnalisation de documents pour des mailings, des
opérations de vote, relevés bancaires, etc.
Enfin, nous proposons aussi le développement et
la vente de logiciels et de solutions numériques,
comme des fonds de page électroniques, des formulaires
web pour remplacer les imprimés, ou de l'impression
numérique à la demande." Sur les 25 000 clients,
près de 3 000 sites en Europe passent
par l'extranet (plus 7 000 environ sur Minitel).
eCilium,
filiale de développement web de Danel
|
Dominique
Morel
Directeur informatique
|
Depuis son ouverture en
1998 avec les premières fonctions pour la prise
de commande, l'extranet a évolué et s'en
trouve aujourd'hui à sa troisième version.
"En 2000, nous avons mis à disposition des
statistiques multi-dimensionnelles sur les consommations
de nos clients en ligne à l'intérieur
de fiches personnalisées", dévoile
Dominique Morel. "Jusqu'à cette année,
nous ne prenions que les appels de livraison dans le
cadre de commandes établies, et nous étions
donc distributeurs pour les sites en réseaux
d'agence de nos clients. En 2001, nous sommes en train
de recouvrir toute la chaîne. L'offre en cours
de mise en place vise surtout les PME, à l'inverse
de la problématique de distribution qui s'adresse
surtout aux grands comptes."
Dès le départ, l'extranet est en partie
développé par une filiale à 100 %
de Danel, C-Sium, dont le nom est récemment devenu
eCilium.
C'est elle qui a notamment été chargée
du développement de la prise de commande et des
interfaces web. La plate-forme Microsoft NT avec le
serveur web IIS, la base de données SQL Server
et ASP pour la composition des pages dynamiques, est
aussi hébergée dans ses locaux.
Dans la salle blanche, e-Danel cohabite avec Danel Electronics
devenu BlueMega,
éditeur d'un middleware pour contrôler
les coûts d'impression des clients (Burger King,
Leroy Merlin, Amadeus...), l'intégrateur DanelNet
positionné sur la gestion globale de la fonction
documentaire, et bientôt le site Pourkoipa
dédié à l'impression numérique
et à la création multimédia. Ces
trois dernières années, l'équipe
d'eCilium a également consacré le tiers
de son temps au développement d'extranets chez
certains clients de Danel (Citybank, BNP Paribas, Editions
Juris...).
Du spécifique
sur HP 3000 à la "progicialisation"
Sur e-Danel, une
partie des services proviennent en direct du back-office
sur un serveur HP 3000 qui doit être abandonné
à terme. Il s'agit principalement du système
de gestion commerciale issu d'un développement
propriétaire en raison de la particularité
du métier de Danel, et des applications de devis.
Pour communiquer entre le back-office et le web, le
choix s'est porté sur la solution d'intégration
(EAI) Data Exchanger de l'éditeur français
Cross
Database Technology, qui ramène les données
du site dans le système central.
"La complexité est trop grande pour passer
sur du standard car il y aurait des couches spécifiques
à redévelopper", explique Dominique
Morel. "Nous avons donc fait le choix de pousser
sur le site web des fonctions spécifiques de
notre HP 3000. Nous développons aussi des fonctions
nouvelles sur le web dans la logique de ce qui est particulier
à notre activité. Et quand on estimera
que nous aurons réglé pas mal de problèmes,
nous débrancherons le HP 3000 et nous le
remplacerons par une plate-forme de gestion commerciale.
Nous voulons progicialiser tout ce qui peut l'être
et nous concentrer sur nos développements vis-à-vis
des spécificités nécessaires à
nos grands clients." Des spécificités
qui concernent, par exemple, la gestion de contrats
complexes sur lesquels Danel s'engage sur le taux de
service, et le passage d'ordres de livraison sur des
commandes ouvertes avec des prix fluctuants.
MSMQ
et Sterling pour le b-to-b sécurisé par
Maiaah!
L'un des grands
chantiers liés à e-Danel a été
celui de l'intégration aux systèmes des
partenaires, car la société leur donne
une visibilité sur la chaîne logistique
de distribution. Là encore, les quelque 20 sites
industriels du groupe sont gérés par le
progiciel maison. Lorsque l'ordre de livraison arrive
sur le serveur web, il est pris en charge par l'échangeur
de messages applicatifs MSMQ,
équivalent Microsoft de MQSeries. Celui-ci s'assure
que le partenaire est en ligne, et n'envoit les données
qu'au cas express ou il est connecté. Sinon,
il les stocke en attendant sa prochaine connexion. Avec
la plupart des clients, les messages sont à la
norme EdiFact. Les logisticiens, quant à eux,
échangent les informations sous forme de fichiers
FTP, ou à l'aide de messages XML dont la spécification
propriétaire a été définie
en coopération avec l'un de ces logisticiens.
Vis-à-vis de certains clients, les transferts
sont réalisés à travers une liaison
propriétaire EDI (échange de données
informatisé) basée sur le protocole x.25.
Ici, les messages sont dépouillés par
la solution Gentran de l'éditeur Sterling
Commerce, racheté il y a 18 mois environ
par SBC. Une fois pris en charge, ces messages sont
poussés sur les serveurs de différents
prestataires EDI qui assurent la tenue des boîtes
aux lettres. Parmi ces serveurs, l'un est hébergé
par Sterling et un autre par Transpac (Atlas400). "Nous
travaillons avec des moyens très variés,
et notre offre est un peu 'patchwork'", soutient
Dominique Morel. "Mais comme cela, nous avons plusieurs
cordes à notre arc."
Pour sécuriser son réseau en garantissant
sa performance, Danel a aussi fait le choix d'un VPN
(réseau privé virtuel) sur le réseau
privatif de l'opérateur Maiaah!.
Pour le directeur informatique, "le fait d'externaliser
la problématique du VPN en la confiant à
un opérateur nous permet de nous affranchir de
la dépendance aux ressources critiques de l'entreprise,
qui vu sa taille ne peut pas se payer une équipe
d'ingénieurs systèmes chargée de
toute la sécurité. Nous bénéficions
ainsi d'une expertise sans cesse renouvellée,
à la pointe du progrès, et qui propose
de nouvelles solutions."
Un seul
module de CRM... et bientôt un ERP flexible ?
En parallèle,
le système HP 3000 joue aussi le rôle de
point central pour d'autres applications disponibles
sur le site web. Il s'agit, par exemple, de Cognos
Powerplay qui s'occupe de l'analyse et fournit un reporting
à destination des clients grands comptes. De
leur côté, les commerciaux exploitent une
partie de l'offre CRM d'Access
Commerce. Certains prix sont calculés à
l'aide du configurateur Cameleon Visual Selling. "Les
prix des produits qui peuvent rentrer dans la case d'un
configurateur", précise Dominique Morel.
Une fois composés, ces prix repartent vers le
serveur web... en passant par le HP 3000 pour s'assurer
que tout est bien enregistré et historisé.
Alors que le moment s'approche de décider la
mise à la retraite du système ancien,
le choix d'un ERP est envisagé pour la suite.
Dans ce cadre "nous allons probablement privilégier
la recherche d'un outil flexible. Mieux vaut choisir
une offre à 70 % pour ses fonctions et 30 %
de flexibilité, que 90 % fonctionnelle et
10 % avec des menottes". Un point de vue qui
est celui du directeur informatique. D'après
celui-ci, "la difficulté majeure a été
le mariage de la culture technique des
informaticiens sur HP 3000, à forte valeur ajoutée
fonctionnelle sur le processus commercial, avec celle
des profils des nouvelles technologies n'ayant pas la
même expérience des systèmes de
gestion intégrés et bouclés. Il
faut faire coexister les deux mondes. [...] Si c'était
à refaire, j'aurais intégré complètement
les équipes de développement web aux équipes
traditionnelles. Et maintenant, pour poursuivre, je
souhaite vivement trouver un socle de gestion commerciale
web natif qui me permettra d'avoir un Internet intégré
mais personnalisable."
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