18/12/01
Survivre
grâce à l'externalisation
Geoffrey
Moore est un spécialiste de l'innovation à l'heure d'Internet
et de la géographie. Il arrive fort bien à décrire ce
qui se passe dans la première en employant le vocabulaire
de la seconde. Ainsi, en 1996, un de ses ouvrages était
titré "Dans l'il du cyclone". Il y comparait la tourmente
qui saisit l'entreprise en proie à une innovation radicale
au tourbillon créé par un cyclone. Il revient aujourd'hui
ce sujet avec une livre au titre aussi imagé : "Sur
la ligne de faille ou les nouveaux business models et
la création de valeur à l'ère d'Internet" (*). Il fait
évidemment référence à la faille de San Andrea, qui
serait à l'origine des violentes secousses infligées
périodiquement aux habitants de la Californie. De la
rupture surgit l'innovation, semble affirmer Geoffrey
Moore, à condition bien sûr de ne pas tomber dans le
gouffre.
Dans le contexte économique actuel, cette rupture se
manifeste par six transitions : on passe de l'économie
d'actifs à celle de l'information, des biens aux services,
de l'intégration verticale à l'intégration virtuelle,
du modèle "commande-contrôle " aux systèmes autogérés,
de l'argent au temps, des profits et pertes à la capitalisation
boursière. Evidemment pour que le passage soit effectif,
le système d'information de l'entreprise doit jouer
un rôle central. Or il y est souvent mal préparé, constate
l'auteur, qui le trouve plutôt englué dans un enchevêtrement
de tâches et de responsabilités connexes qui ne relèvent
pas du cur de métier. Les technologies de l'information
ne sont pourtant plus des accessoires, elles représentent
l'activité même de l'entreprise : "Qu'est-ce qu'une
banque sinon un ordinateur doté d'un service marketing
? [
] Qu'est-ce que l'assurance, le courtage, la télévision
par câble, la téléphonie, la messagerie électronique,
le fax ? Qui sont Amazon, Yahoo !, eBay, Priceline,
America OnLine ? Qu'est-ce que le Web lui-même ? Tout
cela n'est rien d'autre qu'une déclinaison des technologies
de l'information associée à tel métier ou à tel autre."
Impossible dans ces conditions que le système d'information
assume seul toutes les fonctions de l'organisme. Une
seule solution, selon l'auteur : engager une externalisation
massive de ces activités annexes. Pour Geoffrey, la
bonne nouvelle était qu'Internet favorisait ce phénomène
grâce à "l'abondance de capitaux, de technologies et
de prestataires de services ". On serait tenté de modérer
aujourd'hui cet optimisme : abondance fait place à rigueur
de gestion. Nul doute que la survie sur la ligne de
faille devra passer par une gestion assez subtile des
priorités. Et une concentration sur l'adéquation stricte
des développements informatiques aux choix stratégiques
de l'entreprise. Une bonne piste de réflexion, si vous
avez un peu de temps entre Noël et Jour de l'An
Note (*): Sur la ligne de faille ou les nouveaux
business models et la création de valeur à l'ère d'Internet
", Geoffrey Moore, présenté et commenté par Unilog Management,
Editions Maxima, 306 pages, 27 euros.
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