Il y a près de trois semaines,
le 31 juillet, IBM Global Services (IGS) annonçait
le rachat, à l'échelle mondiale, de la branche
conseil du cabinet PricewaterhouseCoopers, PwC Consulting.
Les réactions et analyses n'ont pas manqué
de suivre, s'interrogeant sur l'impact de cette acquisition
de poids sur le marché des services informatiques.
Retour, à froid, sur cet événement,
intervenu alors que KPMG Consulting, également,
voyait deux de ses implantations locales (Royaume-Uni
et Pays-Bas) rachetées par Atos Origin.
Une
opération bénéfique sur le papier
pour les deux parties
Pour
IBM, le rachat offre deux apports majeurs: d'une part,
un portefeuille de client et de contacts à très
haut niveau dans l'entreprise, non plus seulement dans
les cercles technologiques, d'autre part, une expertise
accrue dans des domaines comme le processus métier
et les ERP. Par ailleurs, la crédibilité
de l'entreprise dans le secteur du conseil se trouve accrue.
Enfin, IBM acquiert PwCC pour une somme particulièrement
faible (3,5 milliards de dollars), notamment par rapport
à l'offre d'HP (18 milliards) - qui n'avait pas
aboutie - en 2000.
Pour PwC Consulting, l'opération intervient à
un moment où une introduction en bourse plus qu'hasardeuse
était envisagée (accompagnée d'un
changement de nom - pour "Monday" - qui a suscité
- comme le rappelle Stephanie Moore, du Giga Group, dans
une analyse du 31 juillet - un certain nombre de moqueries).
D'autre part, IBM est présent dans 100 pays non
couverts par PwC Consulting, et dispose d'un budget conséquent
en R&D.
Selon Pierre Audoin Conseil (PAC), qui considère
l'acquisition (à la lumière, notamment,
de l'opération menée par Atos Origin citée
plus haut), comme un "développement normal",
le couple IBM-PwCC deviendrait en particulier numéro
trois mondial du conseil en stratégie et management,
derrière McKinsey et Accenture (et bien sûr
leader sur le marché des services informatiques,
autant en Europe que dans le monde).
Des différences culturelles parmi d'autres difficultés
Autant
Pierre Audoin Conseil que le Giga Group soulignent les
divergences entre les deux entreprises dans les habitudes
de travail des employés (IBM figure en tête
de notre
enquête sur les entreprises "où
il fait bon travailler", et PwC se caractérise
par un très fort engagement de ses salariés).
Le problème pour IBM va donc être d'harmoniser
ou, à défaut, de faire cohabiter ces deux
"cultures" (au préalable, il faudra bien
sûr retenir les consultants PwC).
Mais d'autres difficultés pourront surgir: en premier
lieu, les implantations locales de PwCC n'approuveront
peut-être pas la décision "corporate",
d'autant que le cabinet, rappelons-le, cherchait son indépendance
via l'introduction en bourse et le changement de
nom.
Enfin, un point d'interrogation entoure l'attitude des
clients PwCC face à la nouvelle entité.
Ces derniers craindront peut-être, comme le souligne
le Giga Group, que leur prestataire ne soit plus, désormais,
qu'une émanation directe du service commercial
d'IBM. Mais on doit mentionner que PwCC, par le passé,
a développé des partenariats avec des acteurs
comme HP: de telles alliances posaient déjà
la question de l'objectivité du cabinet. Elle ne
se pose donc aujourd'hui ni plus ni moins qu'avant.
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