Lorsque Microsoft décide
de rentrer sur un marché, c'est l'heure des grandes
manoeuvres qui sonne. Pour mettre à flots le navire
de la CRM, Microsoft a racheté deux gros éditeurs :
Great Plains et Navision ; puis le géant a
créé un quartier général baptisé
Microsoft Business Solutions. La campagne aura coûté
au total plusieurs milliards de dollars ; elle devrait
déboucher d'ici la fin du mois sur un premier produit.
Les fonctionalités ?
Celles que l'on retrouve dans tout produit de CRM, sans
plus : le suivi du compte client, le traçage
de l'historique client, la gestion de commandes, ainsi
que quelques outils de communication - apprend-t-on
dans un article de nos confrères d'Infoworld.
Pour
les familiers de Microsoft
Microsoft a décidé
d'attaquer le marché par le bas : les entreprises
visées emploient quelques douzaines, voire quelques
centaines d'employés.
Et ce n'est pas un hasard : les PME ont certes
un taux d'équipement plutôt faible
- de l'ordre de 10 % selon AMI Partners, mais elles
songent à s'équiper : AMI Partners
prédit une croissance de 50 % par an d'ici
2006 sur ce segment du marché, et notre récente
enquête vient corroborer cet intérêt
des PME pour les applicatifs CRM.
Ici plus qu'ailleurs,
Microsoft est idéalement positionné pour
capter cette croissance : le géant bénéficie
d'une excellente visibilité dans l'univers des
PME, son réseau de diffusion est bien implanté,
et l'on connaît sa puissance marketing.
Microsoft joue la carte
de l'intégration avec ses produits de bureautique
professionnelle - Outlook et Office en particulier,
très présents en entreprise. A
en croire la firme de Redmond, mêler les interfaces
et les données des produits CRM et bureautique
sera chose facile. Plus gênant encore pour la
concurrence : Microsoft va pratiquer une politique
tarifaire agressive - la solution coûtera
400 $ par poste aux USA, auxquels il conviendra
d'ajouter 1000 $ par serveur - toujours selon
Infoworld.
De la
place pour tout le monde ?
Du côté des éditeurs concurrents,
on affiche un optimisme de bon aloi : l'arrivée
de Microsoft pourrait dynamiser le marché, en
apportant au CRM un sursaut de crédibilité,
et en faisant profiter à chaque acteur des retombées
des puissants investissements marketing auxquels le
géant devrait consentir.
Quid des clients que Microsoft
va tenter de sédurie ? Les éditeurs
de solutions de CRM écartent l'éventualité
de défections en chaîne, en mettant en
avant le manque de maturité de l'offre Microsoft,
ainsi que sa méconnaissance des canaux de distribution.
Du côté des
géants de la CRM, l'optimisme affiché
est assurément justifié : la guerre
sur le terrain des grands comptes n'a pas encore été
programmée par Microsoft. Du côté
des rares éditeurs qui ciblent résolument
les PME - Pivotal, Onyx Software, Salesforce.com,
Best Software notamment - les choses sont plus
complexes.
En mariant son expertise
de la distribution dans les PME à celle de Navision
et de Great Plains dans le domaine du CRM, Microsoft
devrait disposer de canaux commerciaux très efficaces.
Cependant, le marché du CRM est morcellé
en une constellation d'acteurs, qui ont presque tous
un point fort. Aucune offre - fut-elle celle de
Microsoft - ne peut prétendre à l'excellence
dans chaque compartiment de la CRM.
Microsoft devrait donc séduire une partie des
clients de la concurrence, mais aussi répondre
à des besoins qui n'avaient pas pu s'exprimer
jusqu'alors. Dans l'immédiat, l'arrivée
du géant sur un marché en plein boom menace
surtout les acteurs dont l'offre se rapproche le plus
de celle de Microsoft.
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