Fran Gonzales supervise l'informatique
du Centre de recherches contre le cancer de l'Université
de Salamanque, en Espagne. Les chercheurs du CRC observent
les gênes impliqués dans le développement
des tumeurs : ils doivent tracer le comportement
de 33 000 gênes dans des conditions variables.
Les protocoles expérimentaux débouchent
sur des tableaux très complexes, que seul un ordinateur
puissant peut interpréter. Ces calculs s'étalent
sur un à plusieurs jours lorsqu'on les confie à
une machine ordinaire. Pour améliorer le confort
des chercheurs, Fran Gonzales a décidé de
réduire ce temps à quelques heures.
Plutôt que d'investir
dans un supercalculateur, le CRC a choisi la voie de
la grille : le centre est équipé
de 150 ordinateurs qui ne fonctionnent ni à plein
régime, ni 24 heures sur 24. Autant dire que
leurs processeurs passent la plus grande partie de leur
journée à se reposer.
Fran Gonzales a décidé
de rassembler dans un premier temps 32 de ces machines.
Un parc particulièrement hétérogène :
"nous avons deux serveurs Sun biprocesseurs, quelques
Macs, des PC Pentium III et IV sous NT et XP. Nous avons
également deux Silicons Graphics". Au total,
36 processeurs qui consacrent désormais chaque
seconde de libre à la grille du CRC.
Rapport
performances/coût record
Difficile de connecter des machines si différentes ?
Pas tant que ça : "nous avons choisi
la solution de Grid Systems en partie parce qu'elle
fonctionne sur toutes les plate-formes, tout en restant
simple d'utilisation". Les machines sont reliées
par un réseau Gigabit Ethernet, bien "qu'un
Fast Ethernet serait suffisant à priori".
Trois serveurs mènent le bal : "ils
distribuent les calculs aux agents présents sur
chaque machine, ces agents se signalant bien entendu
aux serveurs lorsque leur machine dispose de ressources
disponibles".
Résultat, "un
calcul prend désormais deux heures plutôt
qu'un jour : notre infrastructure informatique
était apparemment exploitée à 10 %
de ses capacités. Pour ce qui est de la facture,
on est très loin des 300 000 euros que nous
aurions dû dépenser pour acquérir
un supercalculateur. La facture de la grille se monte
à 36 000 euros". De quoi faire réfléchir ...
Mais attention : une
grille n'a pas que des avantages. Là où
l'on peut prévoir avec précision les ressources
qu'un supercalculateur pourra dégager à
un moment T, une grille reste beaucoup plus imprévisible.
Cependant : "les 32 machines impliquées
dans la grille ont une activité relativement
constante. Nous pouvons donc prévoir les capacités
dont nous bénéficierons d'un mois sur
l'autre".
Idéal,
dans certaines conditions
Et la question
des coûts humains ? Un supercalculateur
n'est-il pas plus facile à maintenir qu'une grille ?
"D'après mon expérience, ce serait
plutôt le contraire" estime Fran Gonzales.
Quant aux calculs : n'est-il pas nécessaire
de les préparer - de les fragmenter en petites
tâches - avant de les confier à une
grille ?
"C'est vrai que c'est
un défaut de la grille. Je travaille depuis quelques
mois sur des algorithmes qui automatisent ces tâches -
concède Fran Gonzales. Mais cette solution sera
exploitable des années durant, je crois donc
qu'elle sera extrêmement rentable à long
terme".
La grille est-elle à
mettre entre toutes les mains ? "Probablement
pas : la nature de nos calculs se prête très
bien à cette architecture. Les opérations
peuvent être facilement fragmentées en
petits calculs, et il n'est pas capital que les échanges
entre chaque tâche se fassent extrêmement
rapidement, comme c'est le cas à l'intérieur
d'un supercalculateur. Ailleurs, dans certains centres
et certaines entreprises, les besoins sont parfois diamétralement
opposés. Si les calculs sont indivisibles -
et que les échanges entre chaque tâche
doivent se faire presque instantanément -
la grille perd beaucoup de son intérêt".
Prochaine étape pour le CRC : l'extension
de la grille à 150 machines.
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Grid Systems |
"Nous avons
choisi ce prestataire pour trois raisons :
premièrement, c'est le plus gros acteur
du marché de la grille en Europe. IBM commercialise
d'ailleurs une solution développée
par Grid Systems.
Deuxièmement, Grid Systems est soutenu
par une fondation qui reverse aux universités
des aides lorsqu'ils optent pour ses systèmes
de grille. Troisièmement, Grid Systems
est une entreprise espagnole, comme nous".
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