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HIGH TECH
Ces français d'influence |
"Il est difficile aujourd'hui de distinguer l'e du business, il n'y a plus de débat sur le besoin ou non de nouvelles technologies, car [ce besoin] est évident. Aujourd'hui la compétitivité de l'entreprise se juge sur sa supply chain". L'homme qui s'exprime ainsi sait de quoi il parle. Depuis 1993, à la DSI de Dassault où il est à la tête du pôle e-business & CRM, il coordonne des projets qu'il qualifie de "fortement prescripteurs". En ajoutant : "quand nous définissons des standards, nous travaillons avec des grands éditeurs comme SAP pour qu'ils les intègrent dans leurs logiciels. Nous avons donc une influence sur la politique IT des entreprises du secteur aéronautique et cela, quelle que soit leur taille
".
 Mais Pierre Faure a d'autres casquettes, associatives. Avec le soutien de son entreprise, cet ingénieur des Mines, par ailleurs docteur en géologie (un domaine où il a exercé avant d'enseigner comme professeur de mathématiques en Nouvelle Calédonie, puis de rejoindre Dassault), s'investit dans deux entités : l'AFNET (Association Française des Utilisateurs du NET, anciennement l'AFUU - Association Française des Utilisateurs Unix et des systèmes d'information ouverts), et le GIFAS (le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales).
"Je suis rentré à l'AFUU [en 1994] principalement parce que j'étais directeur des systèmes Unix de Dassault et qu'à l'époque, la plupart des responsables Unix faisaient parti [de l'organisme]". Il en devient par la suite le président tout en s'occupant, depuis 5 ans, de la cellule e-business du GIFAS.
"L'AFNET a connu trois phases, se souvient-il. Jusqu'en 2000, sous l'appellation d'AFUU, l'association avait une orientation plutôt technique puisqu'elle regroupait des informaticiens oeuvrant sur les logiciels libres. Entre 2000 et 2002, rebaptisée AFNET, elle s'est élargie aux usages et aux aspects sociétaux des nouvelles technologies, toujours avec un fonctionnement associatif assez classique. Enfin au début de l'année 2003, nous sommes davantage entrés dans une logique d'action et de projets. Des experts ont ainsi été financés sur plusieurs missions."
| "Le projet BOOST-AERO accèlere la numérisation des échanges entre les entreprises" |
Pierre Faure dirige lui-même deux de ces projets : e-PME, destiné à accompagner les PME dans leurs transformations e-business, et BOOST-AERO (Business Opportunities with new Organizations, Standards and Technologies) qui vise à favoriser l'intégration numérique des entreprises du secteur Aérospace et Défense (A&D).
"BOOST-AERO veut améliorer la compétitivité des industries A&D en accélérant d'une part la numérisation des échanges entre ces entreprises au sein de leurs supply chains et d'autre part la standardisation des processus des travail. Le GIFAS s'appuie sur l'AFNET pour développer ce second aspect dans l'aéronautique. Les standards devraient être livrés fin 2004 à l'ensemble des industriels du secteur A&D" indique l'intéressé.
Mais si le projet a d'abord été amorcé pour ce secteur particulier, il devrait par la suite être élargi à l'ensemble de l'industrie. "Les standards à définir doivent donc être les plus intersectoriels possibles. Le secteur aéronautique était un des plus urgents à aborder puisque, Airbus en tête, il fallait homogénéiser, avec les fournisseurs, les modes de travail."
e-PME s'adresse d'ailleurs en premier lieu à ces fournisseurs de l'industrie A&D, pour les accompagner dans le changement induit par BOOST-AERO. "C'est un projet d'intérêt public, financé en partie par les pouvoirs publics. L'AFNET forme des consultants pour aider ces PME à s'adapter aux nouvelles demandes de leurs donneurs d'ordres. Ce sont des évolutions techniques et organisationnelles."
| "Dans trois ans, il n'existera plus d'EDI dans l'aéronautique, remplacé par des échanges XML en numérique" |
C'est en 1984, en entrant chez Dassault, que Pierre Faure se tourne vers les métiers de l'informatique. D'abord responsable Unix dans l'informatique scientifique à la Direction Générale Technique de Dassault, il devient adjoint du DSI en 1993, et s'occupe notamment de la migration du système d'information vers les systèmes ouverts.
En 1998, il prend la direction du pôle e-business. Et depuis l'année dernière, ses fonctions se sont étendues au CRM (gestion de la relation client). Des fonctions multiples qui ont une conséquence : "Je travaille entre 70 et 80 heures par semaine, mais je bénéficie du soutien de mes équipes des deux côtés, au niveau associatif et au niveau professionnel".
Côté CRM, il s'occupe "du back office au front office", ainsi que du "portail fournisseur et de la relation employé", et il sépare en deux grandes catégories les projets e-business de son industrie : "des projets d'e-design et des projets d'e-supply chain". Quand Dassault a mis en place un processus de conception collaborative pour la réalisation du Falcon 7X en plateau virtuel par différentes équipes réparties dans le monde, "le travail s'est fait en extranet sécurisé. Ce type de projet qui généralise le concept de la maquette numérique à l'entreprise étendue permet l'amélioration de la qualité dans la conception".
Et de citer encore Airbus avec SuperWorld qui, en l'espace de trois ans, compte généraliser la numérisation des échanges avec ses fournisseurs de rang 1, qui l'étendront eux-mêmes par la suite aux fournisseurs de rang 2.
"Ce sont des projets qui permettent d'espérer des croissances à plusieurs chiffres. Si dans l'e-design nous avons été leader, dans l'e-supply chain, c'est plutôt Airbus. Ce sont les premiers à avoir initialisé ce genre de projets mais tout le monde suit. Dans trois ans, il n'existera plus d'EDI dans l'aéronautique car le système sera remplacé par des échanges XML en numérique".
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