ACTEURS
IBM / Lenovo : une fusion jugée logique par l'industrie et les analystes
Les concurrents directs, Toshiba et Dell, restent prudents quant à l'avenir du nouvel acteur tandis que les cabinets d'analyses IDC et Ovum valident la décision d'IBM.  (09/12/2004)
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Alain Kergoat, directeur marketing division PC chez Toshiba : "La rumeur se confirme. C'est un acteur qui n'a pas d'implantation ou guère à l'international. Le rachat apparaît donc comme un moyen rapide et efficace de parvenir à ses fins, l'avenir nous dira si ce moyen est efficace. Il s'agit tout de même de deux cultures d'entreprise extrêmement différentes. Je serais par ailleurs assez surpris que les personnes concernées soient ravies de cet accord et que tout fonctionne parfaitement."

"A terme ne survivront que les acteurs présents sur les trois continents majeurs : Amérique, Asie, Europe"

"Aujourd'hui le marché chinois est encore relativement petit, il égale à peine le marché français même s'il enregistre des croissances bien supérieures. Toutefois, à terme, ne survivront que les acteurs globaux ayant réussi à s'implanter sur toutes les plates-formes géographiques. Il faut non seulement une taille critique, ce qu'avait réussi à obtenir IBM, mais également la volonté à long terme de maintenir cette activité. Et c'est ce qui explique ce rachat, IBM voyait son avenir ailleurs."

"Le marché des PC a toujours été très bataillé, encore plus sur le marché des portables car il enregistre de plus fortes croissances que celui des ordinateurs de bureau. IBM, positionné sur le marché professionnel, n'a pas pu bénéficier de la bouffée d'oxygène offerte par la croissance du marché grand public. Je ne pense pas que le marché se concentre à nouveau. Peut-être que la liste des acteurs ne sera pas la même d'ici cinq ans mais parler d'une réduction du nombre d'acteurs, c'est faire une prédiction très aléatoire."

Jean Philippe Bouchard, consultant senior chez IDC France : "C'est une bonne solution pour Lenovo. Il achète directement de la notoriété et c'est cela qu'il vise. L'entreprise dispose déjà des centres de production, le rachat d'IBM va donc permettre d'accroître les économies d'échelles. C'est un argument important dans un marché de volume tel que celui des PC où l'offre est déjà très mature. IBM dispose d'une base installée déjà importante et donne accès à Lenovo aux marchés américains et européens. Le rachat d'une marque était la seule solution possible pour s'y introduire."

"Il aura fallu un an et demi à la fusion HP / Compaq pour réussir l'intégration"

"En France par exemple, le marché professionnel croît plus vite que le marché grand public en raison du renouvellement d'un parc arrivé à un état de désuétude. Cependant, rien n'est gagné d'avance. Si on observe un cas comparable, celui de la fusion HP / Compaq où chez les deux entreprises, il y avait un réel écart de philosophie, il aura fallu un an et demi pour parvenir à s'intégrer. Mais ce sont les chinois qui produisent les PC, ils disposent déjà d'une expertise métier. Toutefois, les managers ont tout intérêt à conserver les équipes déjà en place."

"C'est un marché qui va continuer à se concentrer. Seuls les constructeurs capables de faire du volume et de proposer une offre diversifiée pourront continuer leurs activités. Face à des marges étroites, un constructeur à tout intérêt à proposer du matériel plus rentable comme des imprimantes par exemple. Pour IBM, c'est aussi un moyen de mettre un pied sur le marché chinois. Les deux acteurs y gagnent. Qui y gagne le plus ? c'est difficile à dire."

Le directeur marketing d'un constructeur : "C'est un événement en lui-même, une étape qui s'inscrit dans un dynamique globale du marché. L'histoire prouve que dans le hardware, les marges sont très faibles compte tenu de la standardisation des composants et de la baisse du coût de la main d'œuvre. Du point de vue des hommes, cela pose un réel problème social. Ce sont deux cultures très différentes et deux entreprises très différentes ce qui pose un risque aussi bien pour l'acheteur que pour le cédant. 10 000 personnes vont devoir passer d'un mode de gouvernance à un autre. C'est aussi une marque célèbre qui va être diluée."

"Quelle autre alternative avait IBM ?"

"Mais je me mets à la place d'IBM : quelle autre alternative avait-il ? Le marché est piloté par des standards, ce qui fait qu'aujourd'hui pour se différencier du concurrent il ne reste que le coût et le service. Concernant le coût, le seul facteur sur lequel il est encore possible de jouer, c'est le coût de la main d'œuvre et aujourd'hui la Chine est capable d'employer de la main d'œuvre qualifiée à des coûts imbattables. Nous sommes dans une logique de marché implacable."

"Pour Lenovo, l'acteur accède d'un coup à une marque très connue ainsi qu'à un savoir faire et à une technologie réputée. Or aujourd'hui, la puissance de la marque est flagrante dans nos marchés. Pour IBM, c'est aussi un moyen de s'introduire sur le marché des services en Chine. Et cette clause, c'était loin d'être seulement la cerise sur le gateau. Elle donne une assise forte sur un marché potentiellement stratégique, même s'il n'est pas aujourd'hui très développé. Je suis d'ailleurs étonné que cette partie ait été signée par Lenovo. Au mieux, cet accord a donné naissance à une société capable de concurrencer les géants tels HP et Dell, au pire, IBM a réussi à se débarrasser d'une activité à peine rentable avec les honneurs."

Michael Dell, PDG de Dell lors d'une conférence de presse : "Nous ne sommes pas de grands partisans de l'idée d'acquérir d'autres sociétés ou de fusionner des sociétés entre elles. A quand remonte la dernière fois où une acquisition ou une fusion s'est révélée être un succès dans l'industrie informatique ? Ce n'est pas arrivé depuis très longtemps… Je ne vois pas pourquoi celle-ci serait différente. Nous préférons conquérir nos clients l'un après l'autre. Nous estimons la croissance organique comme la solution la plus pérenne."

"Il est clair que le marché de la micro-informatique n'est pas une priorité pour IBM".

"Si vous observez ces dernières années, il y a eu non seulement un déclin en terme de part de marché, mais aussi un désengagement sur plusieurs aspects de la micro-informatique chez IBM. Il est clair que ce n'est pas une priorité stratégique à long terme pour IBM. Dans notre cas, c'est assez différent. La semaine dernière par exemple, nous avons annoncé une nouvelle usine de fabrication en Caroline du Nord pour soutenir notre croissance aux Etats-Unis."

Ovum, cabinet de conseil, dans un communiqué de presse : "IBM souhaite changer sa chaîne de valeur et envisage son futur dans le conseil de haut niveau, les services IT ainsi que les logiciels et le matériel à forte valeur ajoutée, une activité qui représente le cœur de ses clients entreprise. Le prix payé, environ 15% du chiffre d'affaires de l'activité, peut paraître un peu léger. Mais ramené au fait que sa division PC contribue pour 13% de son chiffre d'affaires total mais pour moins de 1% à ses résultats, IBM va considérablement augmenter sa marge brute. De toute manière, la plupart des clients de son activité services achètent des PC assemblés par différents constructeurs."

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"Par le biais de cet accord, IBM dépose son nom sur les ordinateurs de bureau du marché IT à la croissance la plus forte et potentiellement le plus grand de tous : la Chine. C'est une relation gagnant-gagnant. Nous ne croyons pas à un positionnement à tout niveau. Dans le marché actuel, il est possible d'être soit un Accenture, soit un Dell, mais il devient de plus en plus difficile d'être les deux."

 
 
Yves DROTHIER, JDN Solutions
 
 
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