En pleine dérégulation, le marché de l'énergie emprunte les mêmes chemins que ceux des télécoms il y a 15 ans. Les acteurs historiques donnent naissance - en se scindant - à de nouvelles structures indépendantes et certaines entreprises, dont ce n'était pas l'activité initiale, se positionnent sur le créneau.
Il en résulte une multiplication des intermédiaires qui développent de nouvelles applications pour répondre à de nouveaux besoins (relation client, services, échanges collaboratifs, transactions temps réel...) où les nouvelles
technologies occupent une place de choix.
"Les opérateurs historiques ont été obligés de se faire à l'idée de client. Des systèmes de CRM et de connaissance client ont offert des services personnalisés sur Internet. Les acheteurs d'énergie disposent désormais de tableaux de bord sur ce qu'ils achètent, et de plus d'information sur les tarifs. Des services à valeur ajoutée sont également apparus : conseil sur Internet, simulations de consommation par type d'abonnement, etc. Et pour les particuliers, une meilleure visibilité globale sur les consommations et les services a été fournie", analyse Pierre Olivier Charlemagne, directeur du secteur énergie chez Unilog Management.
De par la volonté du législateur, les acteurs historiques ont par ailleurs dû très clairement dissocier la production d'énergie de sa commercialisation et de la gestion de son transport. De profonds changements au sein des systèmes d'information ont ainsi eu lieu. "Chez les commercialisateurs, outre la relation client, le SI a dû prendre en considération la dimension 'services' et se doter de capacités de flexibilité marketing et de création d'offres adaptées, qui changent fréquemment, tout en surveillant les marges. Bref, tout ce qui caractérise le métier des sociétés de services de détail aux particuliers et aux entreprises", commente Patrice Ferrault, expert du secteur énergie chez Euriware.
| "EDF devient une sorte de holding : il a donc fallu un ERP commun" |
Cette dislocation en plusieurs branches distinctes a également fait naître des besoins d'uniformisation des SI au sein d'acteurs désormais autonomes mais continuant de travailler étroitement ensemble. "EDF devient une sorte de holding possédant des branches indépendantes. Il a donc fallu se doter d'un ERP commun - en l'occurrence SAP. Nous opérons l'ensemble des systèmes SAP d'EDF, soit 60 000 utilisateurs en ligne, ce qui assure une continuité de service", précise Gilles Le Cottier, directeur du secteur énergie et utilities chez EDS.
Autre défi pour les acteurs historiques : leur capacité à vendre d'autres énergies que la leur. "EDF va pouvoir offrir du gaz et d'autres énergies, de même pour GDF. Il faut donc prendre en compte dans le SI ces offres duales, et décliner sur le Web, ainsi que les services qui les accompagnent, comme par exemple la maintenance des chaudières, leur financement ou le diagnostic des installations tous les 3 ans", ajoute Pierre Olivier Charlemagne (Unilog).
Quant aux nouveaux acteurs, ils sont nombreux et peuvent être classés de la manière suivante : producteurs, transporteurs, distributeurs, traders, commercialisateurs et sociétés de service en énergie. "Tous ces gens-là doivent interagir au travers des marchés - de gros ou de détail - qui se sont créés et par des communications bilatérales. Les technologies Internet ont rendu possible ces communications par des sites Web ou des liaisons Internet portées par XML", complète Patrice Ferrault (Euriware).
| L'ouverture de tous ces SI vers l'extérieur pose la question de la sécurité |
Bien entendu, l'ouverture de tous ces systèmes d'information vers l'extérieur pose la question de la sécurité. "De grands programmes de revue des aspects de sécurité des réseaux et des applications sont en cours. Unilog participe d'ailleurs à une mission plan de secours pour EDF", note Pierre Olivier Charlemagne (Unilog).
Qui plus est, la multiplication des partenaires et des systèmes dans la chaîne de l'information requiert de la part des exploitants des capacités de pilotage et de flexibilité avancées, supportant des volumétries importantes, dans des conditions de marché n'assurant plus aucune stabilité.
"Désormais, de fréquents changements sont à absorber tout en assurant une production sure. Les risques actuels se situent au niveau du SI et s'expriment en termes commerciaux, de transparence de l'information, de justesse des transactions. Le changement de fournisseurs stresse pas mal de systèmes et peut provoquer des situations confuses, notamment d'attribution des énergies et de qui doit facturer qui, par quel intermédiaire", conclut Patrice Ferrault (Euriware).
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