C'est une personnalité emblématique du monde américain des affaires qui doit quitter la tête du constructeur d'imprimantes, de serveurs et de PC. Carly Fiorina, qui dirigeait Hewlett-Packard depuis presque 6 ans, était la seule femme aux commandes d'une entreprise du Dow Jones, et elle avait menée (lire notamment l'article du 01/03/2002) la délicate opération de fusion avec Compaq, racheté en 2002.
Malgré tout, HP n'a depuis pas répondu aux attentes de ses actionnaires, alimentant la controverse sur l'opportunité de l'opération. Depuis peu, il était apparu que Fiorina présentait des divergences de vue sur l'avenir et notamment l'organisation de la société avec les autres membres du conseil d'administration. Ceux-ci ont finalement obtenu son départ, mercredi 9 février, tandis que l'action HP, immédiatement après l'annonce, prenait 9% à la Bourse de New York.
"Je respecte leur décision" a commenté l'intéressée dans un communiqué officiel. C'est le directeur financier d'HP, Robert Wayman, qui a été nommé CEO par interim, et l'une de ses premières déclarations a été, lors de la conférence de presse qui s'est tenue mercredi matin, d'infirmer les rumeurs de revirement stratégique qui n'avaient pas manqué de fleurir une fois connue la nouvelle du départ de Carly Fiorina.
Signe précurseur de départ de Fiorina : sa dégradation à la 2e place du dernier classement Fortune des "femmes d'affaire les plus puissantes", au profit de Meg Whitman, qui dirige eBay. Fiorina était numéro 1 depuis la création du classement en 1998.
En décembre, la désormais ex-PDG affirmait aux analystes qu'il avait été envisagé à 3 reprises de diviser HP en entreprises séparées, mais qu'à chaque fois la décision avait été contraire. De fait, pour beaucoup d'observateurs, la séparation des activités grand public des activités professionnelles pouvait être bénéfique, ou encore la séparation de l'activité de fabrication d'imprimante (la plus profitable) du reste des métiers de l'entreprise.
| "La question est de savoir si HP a besoin d'une nouvelle direction ou d'un nouveau leader" |
Car HP doit se battre, sur le marché du PC grand public (lire l'article du 10/02/2005) contre des profits suffisamment resserrés pour avoir contraint IBM, dont l'activité boursière est pourtant plus dynamique que celle d'HP, à vendre sa branche correspondante au chinois Lenovo (lire l'article du 09/12/2004). Côté serveurs, la situation n'est pas meilleure, car HP perd des parts de marché face à Dell sur le low end, IBM sur le high end. Ses résultats pour l'exercice 2004 seront annoncés (la date ne change pas) le 16 février prochain, et devraient faire état d'une hausse des dividendes de 5% par rapport à 2003, ainsi qu'une volume d'affaires de 20,9 milliards de dollars (+7%).
Patricia Dunn, membre de conseil d'administration et nommée (non-executive) Chairman, ainsi que Robert Wayman, doivent maintenant trouver un nouveau président pour HP. Ce pourrait être Vyomesh Josh, ancien patron de la division Printing And Imaging d'HP et actuellement en charge d'une division combinant les activités PC et imprimantes ou, plus probablement, selon les propos de Dunn lors de la conférence de presse tenue mercredi, quelqu'un venu de l'extérieur de la société.
Pour
Douglas Hayward, analyste sénior chez Ovum, "la question est de savoir si HP a besoin d'une nouvelle direction ou d'un nouveau leader. Nous pensons qu'il faut une nouvelle direction". Et d'ajouter "Fiorina a échoué à combiner les services et les lignes de produits, logicielle et matérielle : il faudra qu'HP établisse ce type de liens, ou bien se débarasser de ce qui n'engendre pas des profits en croissance".
Carly Fiorina a passé 20 ans chez AT&T et Lucent Technologies, où elle a occupé divers postes de direction.
Elle est titulaire d'un Bachelor's degree en histoire médiévale et en philosophie à l'université de Stanford, d'un MBA à l'école de commerce Robert H. Smith de l'université du Maryland, et d'un Master of sciences du MIT Sloan School.
Elle avait rejoint HP en juillet 1999.
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