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Analyser la maturité d'une technologie pour mieux l'adopter
A partir de quel moment un DSI décide-t-il d'adopter une technologie ? Quelles sont les étapes préparatoires à cette décision ? Eléments de réponse et témoignages.   (13/06/2005)
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Dossier Innovation
Soumis aux sirènes des éditeurs et des prestataires, il est parfois difficile pour un DSI de se faire un avis circonstancié sur la maturité d'une technologie et sur l'opportunité de la déployer.

A partir de quel moment un DSI décide-t-il d'adopter une technologie ? Quelles sont les étapes préparatoires à cette décision ? Quels sont les critères du "j'y vais - j'y vais pas" ? Quels éléments externes peuvent rentrer en ligne de compte ? Eléments de réponse à travers divers témoignages de DSI.

"Une nouvelle technologie, c'est une menace", déclare d'emblée Jean-Pierre Corniou, DSI de Renault et président du Cigref. "Ma première réaction est quand même le conservatisme. La réaction normale d'un DSI est de se demander si cela va marcher et quel va être le coût. Nous sommes dans un système de méfiance, il y a risque de déstabilisation de nos patrimoines. Nous avons été échaudés depuis fort longtemps par des promesses non tenues et des ambitions irréalistes. Notre objectif est de garantir l'excellence au quotidien de nos systèmes", précise M. Corniou.

"L'informatique est au service de l'entreprise, son rôle n'est pas d'explorer tous les produits qui sortent chaque jour. Il faut selon moi regarder si la technologie est basée sur les grands standards de l'industrie informatique et qu'un certain nombre d'entreprises l'aient déjà adoptée. Pour moi, un des principaux critères est le seuil des 5% de parts de marché. Si un éditeur ou un fournisseur ne les atteignent pas, méfiance...", ajoute Jean-Pierre Boedt, DSI de Somfy et président du club utilisateurs français SSA Baan.

Un groupe de veille pour identifier les technologies les plus matures
"Pour vérifier qu'une technologie est bien mature, nous disposons d'un groupe de veille, qui se réunit mensuellement et qui travaille sur les axes définis pour l'année, à savoir l'EAI, les bases de données, le reporting, le monitoring des plates-formes et le workflow. Cela nous permet de valider que des exemples concrets existent", note Eric Souchaud, DSI d'Easynet.

"Pour étudier la maturité d'une technologie, j'utilise une matrice qui possède deux axes. Le premier concerne 3 types de groupes : les acteurs qui font les spécifications, ceux qui produisent la technologie et ceux qui l'utilisent. Sur l'autre axe, des critères relatifs à ces groupes : l'indépendance de leurs membres, le nombre de ces derniers, leur niveau d'expertise et le temps d'existence de la technologie", avance Alireza Banaei, architecte des systèmes d'information au sein de l'ATIH (agence technique de l'information sur l'hospitalisation), en charge de la plate-forme e-PMSI (programme de médicalisation des SI) dont le rôle est de permettre la télétransmission des fichiers de patients au plan national.

Cette méthodologie lui a permis de choisir le monde des plates-formes Java pour son projet et, pour ce qui est des serveurs d'applications, de s'orienter vers les technologies de BEA. "Autre critère de choix : plus une technologie bascule vers l'Open Source, plus elle est robuste, car la communauté répond à tous les critères du deuxième axe", affirme l'architecte.

"Nous réalisons des pilotes, sur des théâtres d'opération secondaires"
(J.-P. Corniou)
Une fois qu'une technologie a été repérée comme présentant du potentiel, les mécanismes mis en oeuvre par les DSI sont multiples, mais la création d'un pilote est une constante. "Nous réalisons des pilotes, sur des théâtres d'opération secondaires, où nous avons une bonne connivence avec les utilisateurs. Cela nous permet d'expérimenter le potentiel de cette nouvelle technologie et de voir si elle est capable de faire bouger de façon substantielle le rapport coût/valeur", déclare Jean-Pierre Corniou.

Même stratégie chez Somfy : "nous faisons un pilote qui ne coûte pas cher, cela nous permet de valider les briques avant de commencer tout projet", ajoute Jean-Pierre Boedt. "Mais les échanges avec d'autres utilisateurs, via les clubs utilisateurs notamment, sont aussi très instructifs. Par exemple, pour un projet de GED connectée à notre ERP, nous avons échangé sur les déploiements en cours pour vérifier si c'était mature ou pas".

"J'utilise souvent des briques Open Source. Pour être certain de ne pas me tromper, je choisis un petit projet, sans pression stratégique, mais avec de vrais besoins et de vrais utilisateurs, un projet qui rentrera en production. Je recrute un stagiaire, que j'associe à un expert interne et éventuellement à un prestataire. Le stagiaire mène un pilote puis fait un compte-rendu détaillé, lors de petits-déjeuners mensuels, devant l'ensemble de la DSI, en analysant le développement, la documentation, la maintenance, le temps de réalisation, la simplicité, le travail en groupe, etc.", confie Eric Souchaud (Easynet).

"La RFID présentait un problème de maturation à deux niveaux"
(Sernam)
Easynet, qui a récemment basculé le monitoring de toutes ses plates-formes vers Nagios, a au préalable confié un petit pilote - puis un plus gros - à un stagiaire et acheté quelques journées d'expertise auprès d'un prestataire spécialisé dans cette solution Open Source. "Le risque pris est important, si cette technologie nous lâche, nous perdons le monitoring de toutes nos plates-formes. Mais aujourd'hui, le groupe envisage d'adopter cette technologie pour toutes ses filiales", complète Eric Souchaud.

"Lorsque nous avons fait le constat, en mars 2004, que la technologie RFID répondait à beaucoup de nos problématiques, il y avait un véritable problème de maturation, sur 2 plans distincts. Sur le plan de la maîtrise technologique et sur le plan de l'intégration de la technologie. Nous nous sommes donc intéressés au développement de la solution qui serait construite autour de la technologie, la solution étant d'avoir des étiquettes, des imprimantes et des lecteurs. Ce qui nous a aussi décidé était de savoir que nous avions un partenaire - IBM - qui nous accompagnait", remarque de son côté Vincent Banchet, DSI de Sernam.

Sur le choix de l'adoption de la RFID, Sernam s'est montré avant-gardiste, avec un profil d'early adopter. Ce n'est pas toujours le cas, la décision d'être dans les premiers à déployer une technologie étant liée aux avantages concurrentiels qu'il est possible d'en tirer.

"Si vous êtes dans une approche d'early adopter, il vous faut préalablement bien étudier la faisabilité du projet et analyser de manière très pointue la technologie, pour bien comprendre l'état de sa maturation et pour bien l'appréhender. Si, à l'inverse, vous êtes dans une démarche de suiveur, l'approche projet n'est pas la même. Il vous faut alors analyser les retours d'expérience de vos concurrents et analyser la meilleure implémentation possible de la technologie", précise Vincent Banchet.

"Attention aux idées excellentes qui peuvent ne pas réussir à s'imposer"
(Easynet)
Un deuxième exemple venant de Sernam illustre bien cette approche de "suiveur". Le déploiement de baies SAN, couplées à des serveurs servant de puissance d'accès, s'est fait selon des critères liés aux déploiements déjà existant ailleurs. 'Il y avait aussi des critères de coût et de sécurité. Et nous nous sommes assurés que la migration ne présentait pas de risque majeur", ajoute Vincent Banchet.

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Dernier élément de réflexion sur la maturité d'une technologie : la prise en compte, au niveau d'un marché donné, des forces en présence. "De très bonnes idées viennent de l'Open Source. Mais si elles doivent s'interfacer avec Microsoft par exemple, il risque d'y avoir un problème. En d'autres termes, même si une idée est excellente, elle ne pourra pas forcément s'imposer. Il sera alors peut-être plus judicieux de choisir un outil moins performant mais plus adéquat, pour ne pas s'engager dans un chemin où personne ne va. La veille stratégique, les discussions informelles, les lectures personnelles et la consultation des forums Internet permettent de bien sentir ces enjeux", conclut Eric Souchaud (Easynet).

Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions Sommaire DSI
 
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