Après des années de bons et loyaux services, la mémoire DRAM et la mémoire flash vont-elles disparaître ? C'est en tout cas ce qu'espèrent les producteurs de MRAM, Freescale en tête. Le fabricant de semi-conducteurs vient de lancer en premier la commercialisation de ce type de puces en volume après plusieurs années de recherche.
La MRAM, ou mémoire magnétique résistive à accès aléatoire, a été présentée en laboratoire au début des années 2000 par IBM, Motorola (anciennement propriétaire de Freescale) et Toshiba. D'autres sociétés ont également activement travaillé sur cette technologie comme NEC, Altis Semiconductor, Spintron. Dernièrement, le français Crocus a même levé 13,5 millions d'euros à cet effet (lire l'article du 20/06/2006).
Le principe de cette nouvelle mémoire repose sur un champ magnétique qui dirige l'électron dans un sens ou dans l'autre créant ainsi les valeurs 0 ou 1 omniprésentes dans l'informatique. La spécificité de cette mémoire vient dans sa capacité à fonctionner même à très faible tension. De même, une fois la mémoire déconnectée du courant, les données stockées demeurent. Enfin, cette mémoire se révèle résistante aux ondes, radiations et autres perturbations électroniques.
Ces caractéristiques en font une mémoire idéale pour les appareils mobiles à la recherche d'autonomie mais aussi dans le marché de l'informatique embarqué, sensible aux arguments de la solidité. De plus, contrairement à la mémoire flash et la mémoire DRAM, la MRAM possède aujourd'hui une durée de vie quasi-infinie. La mémoire flash ne dispose que d'un nombre d'opérations de réécriture limité.
Mais d'autres critères la poussent aussi à conquérir des marchés plus établis comme celui des PC ou des portables. D'abord, sa vitesse d'accès qui s'établit à 35 nanosecondes à l'instar de la mémoire vive actuelle. La permanence de ses informations stockées pourrait permettre de démarrer un ordinateur plus rapidement qu'aujourd'hui où la mémoire vive doit d'abord être alimentée en électricité avant de pouvoir charger le contenu du disque dur.
| Un prix encore élevé mais qui pourrait baisser avec l'amélioration de la finesse de gravure |
Autre avantage, remplir la mémoire MRAM ne prend pas plus de temps que le processus d'écriture, soit quelques nanosecondes, là où il faut beaucoup plus de temps pour effacer le contenu d'une mémoire flash. La MRAM pourrait donc remplir idéalement le rôle de mémoire tampon dans un ordinateur, sorte de mémoire relais entre le disque dur et la mémoire vive par exemple.
Reste que l'industrialisation de la MRAM doit encore faire face à certaines limites. Tout d'abord, Freescale indique ne pouvoir livrer aujourd'hui qu'en volume réduit cette mémoire. Deuxième limite, son prix s'élève aujourd'hui à 25 dollars la barrette de 4 Mo pour un achat de 1 000 unités. Sur le marché, une mémoire DRAM 256 Mo se négocie au même prix pour les particuliers, ce qui inclut les marges prises par les intermédiaires.
Ces deux barrières pourraient prochainement voler en éclat. Le processus de fabrication actuel des MRAM se base sur une technologie de gravure en 180 nanomètres et basculera prochainement en 90 nanomètres, une première étape pour faire baisser le prix de vente. Deuxième évolution, la taille de la mémoire, pour l'instant limitée à 4 Mo, franchira à l'avenir les 8 Mo. La capacité de cette mémoire à monter en puissance au niveau de la capacité déterminera sa faculté à s'imposer dans les PC.
En espérant que le marché ne soit pas verrouillé par les brevets des différents fabricants, cette technologie prometteuse devrait logiquement s'imposer en regard des performances qu'elle offre. Les analystes estiment à 2010 son exploitation dans les PC, mais une application immédiate en ce qui concerne le marché de l'informatique embarquée et des terminaux mobiles.
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