ENQUETE 
 
Jean-René Boidron
Vice-Président
CroissancePlus
Jean-René Boidron
"Pouvoir échanger entre dirigeants, même concurrents, apporte un réel plus"
Rôle des associations de chefs d'entreprise, défis des éditeurs français, contraintes fiscales et sociales : le vice-président de CroissancePlus évoque les freins aux gazelles.
30/10/2006
 
  Enquête

Le kit du créateur d'entreprise IT

 Analyse
 Démarches
 Olivier Njamfa (Afdel)
 Olivia Pilo (Océan)
 Michel Safars (INRIA Transfert)
 Jean-René Boidron
(CroissancePlus)

JDN Solutions. Quel est le rôle de CroissancePlus ?
Jean-René Boidron. Nous défendons les entreprises de croissance. Cette association, créée en 1997 par un des co-fondateurs de Business Object, a depuis drainé derrière elle un certain nombre d'acteurs, du secteur informatique et d'autres secteurs. Nous réalisons une action de lobbying très forte auprès des pouvoirs publics pour obtenir un environnement fiscal, social, juridique et financier qui soit favorable à la fois à la création des entreprises, mais aussi à leur développement dans les premières années.

En France, nous dépassons aujourd'hui les 250 000 créations d'entreprise par an. C'est un très bon résultat mais le taux de mortalité qui s'accompagne reste élevé. Ce taux est pour partie logique, mais il y a aussi un environnement qui ne favorise pas le développement de ces jeunes sociétés alors que d'autres pays comme la Grande Bretagne ou les Etats-Unis parviennent à faire éclore de nouveaux leaders, je pense entre autres à eBay, Google ou Amazon.

En quoi CroissancePlus peut-elle aider les jeunes créateurs d'entreprise du secteur IT ?
Je vais prendre mon exemple, car d'autres sociétés de CroissancePlus ne font pas partie de ce secteur. Pour ma part, j'ai adhéré en 1998, lors du lancement de Cosmosbay-Vectis. J'ai adhéré d'une part parce que je m'identifiais dans le combat de l'association, et d'autre part pour pouvoir côtoyer mes alter ego entrepreneurs confrontés aux mêmes sujets et aux mêmes problématiques que moi.

Ca ne dérange pas les chefs d'entreprise d'échanger des secrets de fabrication ?
Non, il est intéressant de voir ce que les autres faisaient, comment il traitait un problème donné. Ca ne les dérange pas de livrer ce type d'information, d'autant plus que la moyenne d'age des dirigeants de CroissancePlus est relativement jeune au regard des autres dirigeants d'entreprise française. C'est aussi lié à cette génération Internet, très ouverte. Nous sommes dans une ère du partage, car de toute façon toutes les communications finissent par se savoir.

Je n'analyse jamais la performance de mon entreprise en vase clos"
Un des énormes apport d'ailleurs avec le recul, a consisté à échanger avec des concurrents. Nous gardons le contact ainsi avec l'ensemble du marché, nos clients et nos fournisseurs pour sentir comment se porte notre marché et où nous nous positionnons par rapport à sa trajectoire de développement.

A quoi êtes-vous attentif lorsque vous analysez les tendances du marché ?
J'essaie de savoir si je suis tout seul à vivre des phases euphoriques ou des phases de moins bien. Je n'analyse jamais la performance de mon entreprise en vase clos, mais toujours en regardant l'ensemble du marché. D'autre part, sur un sujet précis, il est important de confronter son expérience avec d'autres dirigeants. Savoir comment gérer des périodes critiques, comme l'explosion de la bulle en 2001/2002, s'entourer de partenaires de confiance : avocats, experts comptables…

A quels défis les jeunes éditeurs de logiciels vont-ils être inévitablement confrontés pendant leur croissance ?
Nous souffrons incontestablement d'un continent européen très morcelé. Si l'Europe peut exister d'un point de vue contractuel, elle abrite une vingtaine de langues différentes, qui représente 20 zones bien distinctes à adresser pour un éditeur de logiciel. C'est d'autant plus un problème que le marché intérieur est souvent trop limité pour se développer pleinement dans notre industrie.

Il n'est pas facile d'aller à l'international, alors avant de partir l'idéal consiste à sécurisation sa position sur son propre marché. D'ailleurs, c'est une erreur de croire que si vous n'avez pas réussi en France, vous réussirez ailleurs à mon avis.

Et la conquête des intégrateurs, est-ce un véritable enjeu ?
L'autre défi tient au soutien des intégrateurs. Ils représentent une étape importante du développement d'un jeune éditeur. Or, en France, alors que nous sommes l'un des pays les plus développés au niveau des services, ils n'offrent que peu de relais aux jeunes éditeurs français. C'est un souhait de leur part d'éviter de prendre des risques, conclusion ils se tournent vers des éditeurs de grande taille, souvent américains donc.

Nos jeunes éditeurs ne poussent pas assez selon moi sur l'aspect commercial et sur le financement de la croissance"
Enfin, dernier point : la France est un pays d'ingénieurs. Aussi, nos jeunes éditeurs ne poussent pas assez selon moi sur l'aspect commercial et sur le financement de la croissance. C'est un point important pour aller vite sur ce marché.

Vous pensez qu'il existe aujourd'hui des freins propres à la France. A quel niveau ?
Nous venons juste de sortir un livre blanc qui s'intitule "Laissons courir les gazelles". Ce livre blanc prévoit 91 mesures pour lever certains obstacles qui entravent aujourd'hui les PME innovantes. Je citerais quelques uns de ces points qui me semblent les plus importants.

D'abord, il faut gommer les effets de seuils. Je n'ai pas honte de le dire mais durant les 2 premières années de création d'entreprise, j'ai probablement été constamment en infraction avec la législation car celle-ci change que l'on soit à 20, 50 ou plus de 100 salariés. Il y a un travail de simplificiation générale à faire à ce niveau.

  Enquête

Le kit du créateur d'entreprise IT

 Analyse
 Démarches
 Olivier Njamfa (Afdel)
 Olivia Pilo (Océan)
 Michel Safars (INRIA Transfert)
 Jean-René Boidron
(CroissancePlus)

Deuxième mesure importante à prendre, les délais de paiement. Toutes les entreprises de taille moyenne témoignent d'une situation qui se détériore au niveau des délais de paiement. Beaucoup ont le sentiment de se retrouver tributaire des grandes entreprises qui leur imposent aujourd'hui des délais de paiement de 90 à 120 jours. Nous proposons d'imposer aux grands groupes des pénalités élevées pour tout paiement qui dépasserait 30 jours.

Enfin, il faut revoir les contrats de travail notamment sur le point de la sortie du contrat de travail. Les règles de licenciement économique font peut être sens pour les grands groupes mais pas toujours chez les PME. Je parle ici de l'obligation de reclassement, qui consiste à proposer un autre poste au salarié avant de lancer un licenciement économique. Dans un grand groupe, cela peut se faire si une seule branche est déficitaire, mais dans le cadre d'une PME ça n'a pas de sens.

Il faut aussi pouvoir trouver avec nos collaborateurs les moyens de se séparer dans d'autres conditions que l'invention d'une faute pour le salarié qui se règle derrière par une transaction à l'amiable. Dans une économie moderne, il faut pouvoir se séparer en proposant une indemnité correcte au salarié. Je pense que cela peut aider à la résolution du chômage en France.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jean-René Boidron, est P-DG de Cosmosbay-Vectis, société de conseil en management et en nouvelles technologies. Il est par ailleurs vice-président de l'association Croissance Plus.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY
 
 
 


Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters