|
| |
|
Sage, intrépide
éditeur de la gestion comptable et financière |
Comptant parmi les plus importants éditeurs européens, le britannique a fait du marché des PME, depuis plus de 20 ans, sa cible de prédilection. Avec un certain succès.
(19/01/2007)
|
|
Peut-on être à la fois boulimique et en bonne santé
? A en croire l'exemple de Sage, on peut sans nul doute répondre par l'affirmative.
Car, en ayant avalé pas moins de 16 sociétés en moins de cinq
ans, on aurait pu craindre une probable indigestion.
Né
en 1981 à Newcastle, le britannique Sage affiche en effet plus d'1,36 milliard
d'euros au compteur de son chiffre d'affaires pour 2006. Il s'offre par là même
la deuxième place (derrière SAP) du classement Truffle
100 des plus grands éditeurs européen de logiciels (classement élaboré
par Private Equity Truffle Venture, le cabinet d'études CXP et Mar-Tech &Financedes).
Comptant près
de 13 000 employés, coté au London Stock Exchange depuis 1989, le
groupe fait sans aucun doute partie des plus précieux joyaux
de la couronne d'Angleterre (lire le focus pays du 17/01/2006 : Le
Royaume-Uni, champion de la croissance informatique en Europe).
Sa
principale force ? Avoir procédé méthodiquement à des rachats
de sociétés particulièrement bien positionnées
- voire leaders - dans leur secteur d'activité, à l'image du convoité
éditeur de PGI français Adonix (lire l'article du 14/11/2005
: Sage
s'empare d'Adonix et cible le haut du mid-market), englouti à l'époque
pour 116 millions d'euros.
"Alors que Microsoft est un acteur global
qui localise ses produits, Sage est un acteur multilocal qui procède à
une stratégie d'acquisitions par segments de marché, pour s'adresser
aussi bien à la PME spécialisée dans le BTP de moins de dix salariés
qu'à la société de plus de 300 salariés dans le secteur du transport", fait savoir Eric
Ménard, consultant senior au sein du cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC).
Tableau
des 10 principales
acquisitions de Sage
|
Société
|
Pays
|
Activité
|
Montant *
|
Année
|
Emdeon
Healhcare
|
Etats-Unis
|
Informatique de gestion pour
les professionnels de santé
|
297
|
2006
|
Best
|
Etats-Unis
|
Gestion comptable et financière
|
286,4
|
2000
|
Peachtree
|
Etats-Unis
|
Gestion comptable
|
190,5
|
1999
|
Interact
|
Etats-Unis
|
Gestion de la relation client
|
190,4
|
2001
|
Verus
|
Etats-Unis
|
Traitement des cartes bancaires
et chèques pour PME
|
184
|
2006
|
State
of the Art
|
Etats-Unis
|
Gestion comptable
|
163,1
|
1998
|
Tetra
|
Grande-Bretagne
|
Gestion
comptable
|
81,1
|
1999
|
Adonix
|
France
|
Gestion comptable
|
78,4
|
2005
|
Softline
|
Afrique
du Sud
|
Gestion
comptable
|
66
|
2003
|
Timberline
|
Etats-Unis
|
Gestion des constructions
|
63,6
|
2003
|
* en millions de £ |
En se positionnant sur le marché des petites et moyennes
entreprises, Sage a d'abord réussi à éviter la confrontation
directe avec les poids lourds de l'industrie que sont par exemple SAP mais également
Microsoft ou Oracle. L'éditeur a par ailleurs mis un point d'honneur à
verticaliser le plus possible ses offres en prenant acte de la très grande
hétérogénéité du marché des solutions
pour PME.
"Sage est passé d'un statut d'éditeur généraliste
du back office à celui de leader sur le segment des progiciels verticaux,
répondant à un marché pour PME particulièrement éclaté",
analyse Eric Ménard.
Le
rachat d'Emdeon pour 564 millions de dollars est la plus importante acquisition
du groupe |
A l'heure actuelle, l'éditeur
est donc présent sur des segments de marché aussi variés
que la gestion comptable et financière, la gestion de la paie, des ressources
humaines, de la relation client ou encore du commerce en ligne.
Ainsi,
parmi ses récentes acquisitions, citons celle d'Emdeon Healthcare, dans le domaine de
l'informatique de gestion pour les professionnels de santé, pour 564 millions
de dollars, la plus importante réalisée
à ce jour par l'éditeur. Protx, fournisseur de solutions de paiement en ligne pour les PME, a été absorbé en
novembre dernier pour 38 millions de dollars. Quant au français Elit
Group, spécialisé
dans les solutions pour entreprises du transport, de la logistique et de l'agro-alimentaire, il a été croqué en juillet 2006, pour près de 16 millions d'euros.
Une
question brûle pourtant les lèvres : la stratégie de croissance
externe (lire l'article du 27/10/2006 : Les
atouts croisés de la croissance interne et externe) opérée
par le groupe ne risque-t-elle pas de se faire au détriment de l'organique,
avec un risque latent de se retrouver en face d'une (grosse) coquille vide ?
Paul
Walker, directeur général de l'éditeur depuis 13 ans, a pu
balayer d'un revers de main cette théorie en précisant - par le
biais d'un communiqué réalisé à l'occasion de la publication
des résultats annuels du groupe en novembre dernier - que la croissance
organique du groupe est estimée à 7 % pour cette année.
Evolution
comparée des chiffres d'affaires et EBITA
(en millions de livres sterling)
|
Indicateurs
|
2006
|
2005
|
2004
|
Chiffre
d'affaires
|
935,6
|
776,6
|
687,6
|
EBITA
|
249,3
|
203,3
|
181,1
|
Et côté chiffre d'affaires, la croissance est également
au rendez-vous, avec une hausse de plus de 36% entre 2004 et 2006. Sans compter
une augmentation dans des proportions identiques du résultat opérationnel
avant prise en compte des charges et des amortissements (EBITA).
Du point
de vue de la répartition géographique des revenus, l'Europe demeure
la région du monde où l'éditeur réalise la plus grande
partie de son chiffre d'affaires, avec 58% du revenu total en 2006, soit 543 millions
de livres sterling. Notons également que la part des revenus générés
dans son pays natal est en hausse de 4% par rapport à 2005 et pèse
pour près de 28% de ses revenus globaux.
En revanche, la répartition du chiffre d'affaires entre la vente
et la mise à jour de progiciels d'une part et la facturation de services
- notamment de support - d'autre part, n'a pas connu d'évolution sensible
depuis 2004. Ainsi, les deux tiers des revenus générés le
sont par la vente de services (487 millions de livres sterling en 2005).
Seul
couac à noter dans la biographie du jeune - mais non moins mature - Sage : le renoncement,
à l'été 2006, d'une offre de rachat initialement proposée
quelques mois auparavant sur le norvégien Visma, éditeur de solutions
d'aide à la productivité. A 585 millions de dollars, il a semblé
- cette fois-ci - que Sage ait eu les yeux un petit peu plus gros que le ventre.
|
| |