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Les achats informatiques pris entre deux feux |
Tiraillée entre
réduction des coûts et couverture des besoins utilisateurs, la fonction des achats
informatiques tente, tant bien que mal, de tirer son épingle du jeu, entre la
DSI et les services généraux.
(23/02/2007)
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Satisfaire les prescripteurs tout en caressant le précieux retour sur investissement
dans le sens du poil. Telle est la délicate mission à laquelle sont quotidiennement
confrontées des centaines de directions achats, appartenant - le plus souvent
- à de grandes organisations.
C'est ainsi qu'au fil des années, l'établissement de multiples listes de fournisseurs
homologués ou de nombreuses opérations de suivi des procédures d'appel d'offres
donnant lieu à l'envoi d'aussi nombreux cahiers des charges, sont devenus, petit
à petit, incontournables. Et tout particulièrement dans le domaine des achats
logiciels, matériels mais aussi des prestations externes.
Pour
répondre aux impératifs de directions fonctionnelles de plus en plus exigeantes,
mieux vaut pour l'entreprise que le dialogue entre direction des systèmes d'information
(DSI) et direction des achats soit des plus sereins.
"Le métier de la DSI n'est pas de s'occuper des achats, mais d'être attentif à
la qualité des prestations offertes, tout en jouant un rôle de corde de rappel
auprès de directions des achats qui auront toutefois, et bien souvent, le dernier
mot", prévient Yvon Donval, managing director en charge de l'activité supply
chain au sein du cabinet de conseil BearingPoint.
Car l'entreprise a bien intérêt à trouver le point d'équilibre idéal entre satisfaire
les besoins de ses utilisateurs d'une part, et à la tendance légitime et naturelle
de ses acheteurs à tirer les coûts vers le bas d'autre part : "consciente du fait
que le prix ne peut être l'unique variable pour juger de l'achat d'une prestation,
la direction des achats est amenée à prendre également en compte tous les aspects
de qualité des prestations informatiques", poursuit Yvon Donval.
Afin de répondre (en partie) à cette problématique, on a ainsi pu voir apparaître
- et se pérenniser - en l'espace de dix ans, une fonction de responsable d'achats
dédiés aux actifs informatiques comme les matériels, logiciels ou encore prestations.
"Rattacher
les achats informatiques aux achats groupe est plus efficace"
(Jean-Pierre Bes - Air France) |
"Les achats informatiques sont gérés directement au sein de la DSI, et managés
par un responsable des achats informatiques ayant un lien fonctionnel avec la
délégation générale aux achats du groupe", fait savoir Jean-Pierre Bes, directeur
des achats du groupe Air France.
Et le directeur de poursuivre : "il convient de concilier efficacité et proximité
des prescripteurs informatiques avec les acheteurs, cette efficacité étant mieux
assurée en rattachant hiérarchiquement les achats informatiques à ceux des achats
du groupe, impliquant de meilleures capacités de contre-pouvoir et de neutralité".
Pour autant, la direction des systèmes d'information n'a-t-elle qu'un rôle marginal
à jouer vis-à-vis de ses propres achats ? En fait, tout dépend de la nature des
achats informatiques, selon que l'on se situe dans le prisme du couple logiciel/matériel
ou bien dans celui des prestations, de conseil mais aussi d'assistance.
Et il semblerait à ce titre qu'un nécessaire balancier entre le service des achats
et la DSI se mette bel et bien en marche : "les achats en termes de prestations
d'assistance technique dépendent davantage de la direction des systèmes d'information
et du service des achats de l'entreprise plutôt que de son seul service achats
", fait savoir Bertrand Ducurtil, directeur général de la SSII Neurones.
Avant de préciser : "plus le nombre de ressources informatiques est élevé sur
le marché, plus le service des achats a tendance à garder la main sur ces derniers,
alors, qu'à l'inverse, le manque de disponibilités de ressources informatiques
fera pencher la balance en faveur des opérationnels et de la DSI".
En jouant son rôle de négociateur tout au long du processus de sélection des offres
ou des prestations informatiques, le service des achats ne répond-il pas simplement
à sa vocation et mission première, décidée et avalisée par la direction de l'entreprise
? Sans aucun doute. Mais encore faut-il que les prérogatives de chacun soient
clairement établies et que directions informatique et achats apprennent à surmonter
leurs différends.
"Hormis des frictions dues à d'éventuels trop longs délais de réflexion et de
prise de décision de la part du service des achats, il n'existe pas de frein fondamental
pour qu'il coopère et travaille main dans la main avec la direction informatique,
surtout si l'on tient compte des enjeux et gains financiers pour l'entreprise",
conclut Bertrand Ducurtil.
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