ANALYSE
 
12/04/2007

Les éditeurs français prennent la voie rapide

En 2006, ils affichent un rythme de croissance supérieur à la moyenne mondiale. Très spécialisés, ils occupent le segment des applications métiers et des progiciels de gestion.
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Les éditeurs français peinent encore à se diversifier en 2007, mais regagnent du terrain face à leurs homologues internationaux grâce à une croissance soutenue. Le bilan annuel mené par Truffle Venture auprès des 100 premiers éditeurs de logiciels français établit ainsi la croissance du secteur à 16,5% en 2006, soit 4,2 milliards d'euros, contre 6 à 7% de croissance dans le monde selon les chiffres du cabinet d'études Gartner.

Mieux, cette croissance soutenue profite à l'ensemble de la chaîne des acteurs, du plus petit au plus gros. Ainsi, 86% des éditeurs du top 100 établi par Truffle ont connu en 2006 une croissance de leur chiffre d'affaires "édition" par rapport à 2005, contre 12% ayant connu une décroissance. Et désormais, 25 éditeurs français sur les 100 premiers sont cotés à la bourse, soit 9 de plus qu'en 2004.

La rentabilité nette des éditeurs atteint 11,5%, soit 483 millions d'euros de profits. Ces bénéfices sont en revanche inéquitablement répartis : en 2005, 81% des bénéfices étaient générés par les 5 premiers du classement, contre 90% en 2006. Malgré tout, les éditeurs français ne représentent que 33% des dépenses en logiciels effectuées par les entreprises de l'Hexagone, estime le cabinet Pierre Audoin Consultant.

Selon les segments, la part de marché des éditeurs français sur le territoire national varie toutefois fortement. L'indice PAC / AFDEL estime à 6% leurs parts de marché dans les logiciels systèmes, à 11% dans les progiciels / outils, et à 54% dans les progiciels applicatifs. Les éditeurs américains, tous secteurs confondus, détiennent 55% du marché français.

Le Small Business Act pourrait changer la donne. Très en vue dernièrement par les responsables politiques, il obligerait dans un premier temps l'Etat à réserver une partie de ses commandes aux PME. Le secteur privé souhaiterait étendre cette obligation aux grands comptes. En effet, selon PAC, "les très grandes entreprises achètent très majoritairement des progiciels d'origine internationale, dans toutes les catégories de produits".

 
Chiffre d'affaires des éditeurs français 2004-2006
 
  Editeur CA 2006 CA 2005 CA 2004  
  Dassault Systèmes 1 177,5 934,5 755,0  
  Business Objects 994,0 865,0 712,0  
  Cegid 196,3 192,3 83,0  
  GL Trade 184,8 179,2 128,0  
  Axway - Sopra Group 139,2 99,3 57,6  
  Ilog 109,7 98,5 85,9  
  GFI Informatique 92,5 92,5 88,0  
  Cartesis 92,4 86,6 85,6  
  Avanquest Software 75,1 68,6 54,9  
  ESI Group 66,0 48,5 45,2  
  Soltim - Proval 59,8 57,5 56,0  
  Generix - Influe 46,0 21,0 11,0  
  Linedata Services 44,5 33,0 33,0  
  Fiducial Informatique 40,0 40,0 -  
  Groupe SAB 35,0 24,9 22,2  
 
Source : Truffle 100 / avril 2007
 


Même inégalité chez les éditeurs français. Ainsi, les premiers à bénéficier de la croissance se classent parmi les poids lourds existants du logiciel français : Dassault Systèmes (+26%), Business Objects (+15%), Ilog (+11%) et Cartesis (+6,6%). Quelques acteurs sortent cependant du lot comme Generix-Influe (+28%), Coheris (+48%), Systar (+34%) ou EmailVision (+42%).

L'édition logicielle en France encore trop peu présente à l'international
Partant de loin, la France rattrape son retard mais fait encore figure de petit dans la cour des grands. Seuls 6 éditeurs français réalisent plus de 100 millions d'euros de chiffres d'affaires. Seuls 2 acteurs français se classent parmi les plus grands éditeurs mondiaux en franchissant la barre des 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel.

L'édition du logiciel en France se caractérise par sa très grande spécialisation : progiciels de gestion, applications métiers à destination des banques, de la finance, de la santé ou de l'industrie, sécurité et administration de parc, mobilité et gestion de processus. Elle est aussi concentrée d'abord en Ile-de-France. En effet, la région accueille 61 des 100 éditeurs du classement Truffle 100, contre 16 pour la région Rhône-Alpes (2e) et 5 pour l'Alsace (3e).

De plus, les dépenses en logiciels en France ne suffisent pas à alimenter les acteurs nationaux contrairement aux marchés des services informatiques en France. Dans le premier cas, la taille du marché est évaluée par le Syntec Informatique à 9,2 milliards d'euros en 2006, contre 24,2 milliards d'euros sur le marché des services.

Or, les éditeurs français exportent peu, notamment du fait de leur spécialisation mais aussi en raison des difficultés rencontrées pour pénétrer un marché européen très hétérogène aussi bien culturellement que juridiquement, et un marché américain déjà servi par des acteurs locaux.

 
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En moyenne, le cabinet PAC estime que 30% du chiffre d'affaires des éditeurs français sont réalisés à l'étranger. Un taux qui monte à 90% pour les deux premiers, à savoir Dassault Systèmes et Business Objects.

La croissance externe pourrait remédier à ce problème et plusieurs acteurs français s'y sont d'ailleurs lancés en 2006. C'est notamment le cas d'Influe-Illicom, de Cegid et de Business Objects. L'autre levier de développement porte sur les montants consentis en recherche et développement. Les éditeurs français ont y consacré 17% de leur chiffre d'affaires en 2006, soit 1,1 milliard d'euros.


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