Acteurs > Microsoft menace l'Open Source
ACTUALITE
 
15/05/2007

Pour Microsoft, l'Open Source viole 235 de ses brevets

Steve Ballmer précise la menace qu'il laissait planer sur l'Open Source depuis la signature de son accord avec Novell. Il invite les éditeurs à régulariser leur situation en lui payant des droits.
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La menace n'est pas nouvelle, mais elle est récurrente. Déjà en 2004, Microsoft invitait les Etats du monde entier à se méfier des technologies Open Source. A l'époque, Microsoft par la voix de Bill Gates, accusait l'Open Source de violer plus de 280 brevets appartenant à Microsoft (lire l'article : "Microsoft met les gouvernements en garde contre les risques juridiques de Linux" du 22/11/2004). Pour le P-DG de Microsoft de l'époque, l'Open Source s'apparente à un "communisme d'un nouveau genre".

Deux ans et demi plus tard, l'éditeur poursuit sa croisade contre l'ennemi "rouge". Dans une interview accordée au magazine Fortune, le nouveau P-DG, Steve Ballmer, indique que l'Open Source viole précisement 235 de ses brevets : 42 pour Linux, 45 pour OpenOffice, 15 pour les clients emails, 65 pour les interfaces KDE et Gnome, 68 pour les autres applications populaires de l'Open Source. Cette estimation a été réalisée par Brad Smith, le directeur juridique de Microsoft.

Steve Ballmer demande que les concurrents Open Source de Microsoft "répondent aux mêmes règles que celles des autres acteurs du secteur". Le P-DG de Microsoft ajoute : "Nous vivons dans un monde où nous respectons, et où nous encourageons au respect de la propriété intellectuelle". Pour le magazine Fortunes, l'éditeur aurait renoncé à porter plainte individuellement mais veut encourager les sociétés Open Source à signer avec lui d'autres accords du même type que ceux signés avec Novell en novembre dernier (lire l'article "Accord de collaboration entre Microsoft et Novell" du 06/11/2006).

Reste que la menace est diffuse, voire confuse pour les clients. En février 2007, pour répondre aux provocations de Microsoft, la communauté Open Source demande à l'éditeur de publier le code qui violerait ses brevets et s'engage à réécrire les portions de code litigieuses en cas de fait avéré. Aucune lettre n'a été envoyée par Microsoft jusqu'au 1er mai 2007, date limite fixée par le mouvement "Show us the code".

Les observateurs doutent qu'une vaste campagne juridique puisse être lancée par Microsoft

Mais ce nouvel appel du pied ressemble davantage à une tentative désespérée de Microsoft pour obtenir quelques compensations de la concurrence de l'Open Source, plutôt qu'une réelle menace. Les observateurs doutent en effet qu'une vaste campagne juridique puisse être lancée par Microsoft.

D'abord, parce que Microsoft ne peut cibler les clients de l'Open Source sans risquer de renforcer l'opposition à son encontre, alors que l'éditeur passe déjà pour un fournisseur hégémonique. Attaquer les éditeurs Open Source directement semble également sans issue, la plupart des gros éditeurs du marché ayant déjà construit une partie de leur activité autour (IBM, Oracle, Red Hat, HP, Sun).

 
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Craintif pour son activité, le premier éditeur mondial mène depuis trois ans une politique ambiguë, tantôt donnant des signes d'ouverture vers l'interopérabilité lorsqu'il s'agit par exemple d'imposer ses formats face à la concurrence (OpenXML pour Office, format XPS contre PDF), tantôt menaçant l'Open Source et refusant d'appliquer les décisions de la justice américaine et européenne le contraignant à fournir à tous ses partenaires le code source permettant l'interopérabilité du système Windows avec des produits tiers.

Cette nouvelle tentative d'intimidation intervient à un moment clé pour Microsoft. L'entreprise a lancé fin janvier 2007 son nouveau système d'exploitation client Windows Vista, une de ses principales sources de revenus et dont dépend tout l'écosystème de l'éditeur. Grâce à la vente liée avec les micro-ordinateurs, Microsoft détient encore aujourd'hui 95% des parts de marché dans le monde sur le segment des systèmes postes clients.


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