INTERVIEW
 
31/05/2007

Claude Czechowski (CSC) : "L'offshore constitue notre principal vecteur de croissance"

Le P-DG de la société de conseil passe en revue les raisons qui incitent les entreprises à recourir à l'externalisation. Plus que l'effet de taille, la complexité du système d'information semble jouer un rôle déterminant.
 EnvoyerImprimer 

 
En savoir plus
 
 
 

Comment ont évolué les besoins des entreprises en termes de prestations d'intégration et d'externalisation ?

Claude Czechowski. Dans la plupart des secteurs, on assiste à une nécessité de plus en plus forte des entreprises à recourir à la standardisation de leurs processus métiers ou administratifs. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison qu'elles se tournent vers des sociétés de conseil proposant des projets d'accompagnement et de transformation de leur système d'information.

La demande en termes de conseil et d'intégration de solutions métiers touche la plupart des secteurs industriels ou encore les secteurs de la banque et de la finance dans des domaines assez spécifiques comme la gestion des risquesdans les back-offices et la mise en œuvre de solutions métiers tel que Murex ou encore Calypso.

Dans le secteur industriel, on observe une forte demande en termes de rationalisation des back-offices et d'intégration de solutions packagées telles qu'Oracle, PeopleSoft ou encore SAP. Bien que l'on note une évolution de la demande qui concerne aujourd'hui le domaine du sourcing, des achats et de la logistique.

Pour les services financiers, la demande en termes de progicialisation et d'industrialisation applicative se précise, en lien avec les processus métier et back-offices. L'une des problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises du secteur de la banque finance, dans un contexte où elles sont confrontées à un phénomène de concentration et d'opérations de fusion, est d'ailleurs la nécessité de les faire travailler ensemble autour d'un langage commun.

Enfin, pour d'autres secteurs comme celui de l'énergie, on voit émerger la nécessité de mettre en place des standards de gestion des processus clés relation-client, facturation, comptabilité de manière à permettre à ces entreprises de s'adapter à la globalisation, à la dérégulation et à une concurrence devenue de plus en plus vive sur leurs marchés respectifs. Sans compter la nécessité pour les entreprises de se mettre en conformité par rapport aux multiples normes comptables telles que IFRS ou encore Sarbanes-Oxley.

Pourquoi externaliser tout ou partie de son système d'information ?

On observe aujourd'hui deux tendances majeures d'externalisation. L'une historique qui concerne l'externalisation de l'infrastructure informatique, de la gestion de la production informatique, mainfraimes, serveurs et réseaux pour les raisons suivantes.

Dans un contexte de fusion et d'acquisition pour atteindre la taille critique au plan national et international, les banques et les assurances ont besoin de standardiser leur back-office pour mieux intégrer les nouvelles acquisitions. Par ailleurs, les équipes doivent faire face au renouvellement des équipes internes du fait de nombreux départs en retraite qui fragilisent le système et aboutissent à un manque de compétences disponibles en interne.

"Les entreprises recherchent la flexibilité dans le domaine de la production informatique"

Enfin, les entreprises recherchent plus que jamais une flexibilité dans le domaine de la production afin d'être en mesure d'accompagner de la meilleure façon possible les changements organisationnels.

C'est par exemple le cas avec Renault-Nissan qui recherche à la fois à industrialiser ses processus métiers en s'adaptant au marché global, afin de soutenir ses activités commerciales ou de production.

Dans le domaine bancaire, et compte tenu de la transformation des métiers dans ce secteur, nous constatons une attente forte en termes de transformation des processus métiers et de rationalisation des back-office. Ces établissements éprouvent un besoin de plus en plus fort d'accompagnement en termes de production informatique en raison du développement de leurs activités à l'international et des nombreuses fusions auxquelles elles sont confrontées.

Un autre facteur incitant les entreprises à recourir à l'externalisation concerne les besoins en termes de maintenance corrective et d'évolution des applications, ceci se trauit avec une accentuation du phénomène nearshore et offshore pour répondre à cette demande dans les meilleurs conditions possibles dans ce secteur. L'activité offshore constituant par ailleurs notre principal vecteur de croissance, 70% de cette activité concernant d'ailleurs la maintenance applicative ou corrective.

Pour quelles raisons l'externalisation de la maintenance applicative est-elle si recherchée ?

L'externalisation de la maintenance applicative permet notamment aux entreprises de réduire les coûts, tout en leur procurant une forte valeur ajoutée. Cette tendance de fond traduit un phénomène qui a initialement débuté dans le secteur industriel - soumis à davantage de pressions concurrentielles que d'autres secteurs - mais qui s'étend désormais à d'autres.

Les pressions de marché et de la concurrence amènent les entreprises à externaliser de plus en plus souvent certains processus administratifs et recourir au Business Process Outsourcing où la technologie tient, et de plus en plus, un rôle d'intermédiation fort.

"Certains domaines applicatifs se prêtent moins que d'autres à l'externalisation"

Avec cependant des succès inégaux selon les domaines applicatifs. Ainsi, les domaines de la finance, des RH et des achats constituent des domaines se prêtant moins que d'autres à l'externalisation, les modèles économiques n'apparaissant pas encore clairement gagnant-gagnant. Ce qui n'est pas le cas de la maintenance applicative et des centres d'appel, où le BPO s'avère être particulièrement porteur.

Les besoins en termes de réorganisation des systèmes d'information émergent de deux syndromes. Notamment ceux liés tant à la gouvernance qu'à la performance des systèmes d'information en termes de retour sur investissement.

Ainsi, on constate de plus en plus que les changements de gouvernance permettent de rapprocher l'informatique des métiers pour éviter un doublonnement des équipes entre maîtrise d'œuvre et maîtrise d'ouvrage.

Comment accompagnez-vous les entreprises dans leur projet de réorganisation stratégique ?

Les entreprises sont de plus en plus confrontées à la problématique de l'accélération des opérations de fusion et d'acquisition mais également de cessions. Afin de répondre à ces problématiques, nous avons développé une approche globale de service sur trois étapes.

La première constitue en une analyse et à un diagnostic sur les projets de fusion et de création de valeur, tant en termes de processus métiers que de systèmes d'informations, de gestion des programmes ou encore de centre de données.

"Dégager une valeur ajoutée d'un processus de fusion peut demander du temps"

Ensuite, lorsque le projet de fusion est mis en œuvre, nous déterminons les perspectives d'économie réalisées les back-offices informatiques des sociétés concernées par le processus de fusion.

Des chantiers de transformation sous la forme de gestion de programme, soit en termes d'organisation des systèmes d'information, soit sur l'optimisation du système d'information post fusion, sont réalisés.

Mais il ne faut pas perdre de vue que le fait de dégager de la valeur ajoutée à un processus de fusion peut demander du temps et nécessite d'intégrer non seulement des processus métiers communs et notamment ceux en termes de gestion des achats, logistique, mais également gestion du personnel.

Plus que l'effet de taille, c'est la complexité du système d'information et la maturité de l'organisation et des équipes informatiques qui pourront constituer des critères déterminants pour recourir à l'externalisation.

Pourquoi avoir procédé au rachat de la SSII Covansys ?

Nous recherchons avant tout à répondre à la demande de nos clients en leur proposant un éventail de solutions organisées par secteur d'activité. Afin de satisfaire la demande en termes d'externalisation applicative, nous nous sommes naturellement tournés vers l'Espagne pour le nearshore et l'Inde pour l'offshore nous doter en ressources et compétences les plus pertinentes pour soutenir notre activité.

C'est notamment ce qui nous a poussé à procéder au rachat de Covansys (pour 1,3 milliard de dollars, NDLR). L'Inde est un pays qui fournit près d'1 million de diplômés qualifiés par an, soit plus que ceux formés par l'Europe et les Etats-Unis réunis dont 300 000 en matière de développement informatique.

Cette main d'œuvre qualifiée demeure en outre très qualifiée. Pour autant, nous disposions déjà d'une forte présence en Inde avec 4 centres de développement offshore avec près de 8 000 collaborateurs.

Mais Covansys est une structure différente, spécialisée davantage dans les projets et solutions d'entreprise plus que sur le développement applicatif pur. Au travers de Covansys, nous complétons notre offre de projet offshore et donnons la possibilité ainsi aux entreprises d'avoir un accès direct à leurs projets d'externalisation applicatif, constituant pour nous un important facteur de différenciation, essentiel pour gagner des parts de marché.

Quid du décalage de la publication définitive de vos résultats 2006 ?

Nous sommes en ligne avec les objectifs que nous nous sommes fixés. Le décalage de la publication des résultats est du à des délais en termes d'intégration des résultats de plusieurs filiales et la publication des chiffres audités interviendra sous peu.

 
En savoir plus
 
 
 

Sur l'année à venir, nous comptons sur une croissance à 2 chiffres tant au niveau monde que pour la France. Notre activité d'intégration et de transformation de processus dans les secteurs aéronautique, automobile, de la santé, connaît d'ailleurs une croissance de l'ordre de 10 à 15% tandis que celle d'externalisation se situe plutôt aux alentours des 5 à 10% de croissance.

Nous comptons poursuivre le mouvement d'acquisition sur des secteurs porteurs autour de solutions sectoriellles ou métiers et investir à court terme dans plusieurs domaines, comme celui de l'industrie, et renforcer notre branche d'activité conseil, dans le domaine des services financiers ou encore de l'environnement.

 

Claude Czechowski est P-DG de CSC pour la région Europe de l'Ouest et du Sud. Il préside également les activités consulting et intégration de systèmes pour la région EMEA. Il a rejoint CSC en 1994 en prenant la direction de la division française. Auparavant, il a exercé plusieurs responsabilités à la direction générale de Sema Group et a fondé en début de carrière le cabinet de conseil en management Sogerm . Claude Czechowski est diplômé de l'ENSI et est titulaire d'un doctorat en sciences des organisations. Il est par ailleurs membre de l'International Advisory Board de l'Essec.


EnvoyerImprimerHaut de page