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Analyse
29/01/2008
L'offshore à l'île Maurice, toujours d'actualité ?
Loin des clichés touristiques, l'île Maurice est depuis moins de dix ans un véritable Eldorado pour les entrepreneurs et les sociétés à la recherche de prestations à bas coûts dans le domaine de l'informatique. Une ruée qui a débuté en 1992, non pas dans le secteur de l'informatique, mais dans celui de la finance. Cette année là, Maurice devenait le premier centre offshore de l'Hémisphere Sud. Depuis, plus de 1500 sociétés offshore s'y seraient implantées. Côté IT, c'est essentiellement dans les domaines de l'infogérance, des centres d'appel et du développement informatique que les entreprises internationales ont implanté des unités. Selon les derniers chiffres publiés par le BOI (Board of Investment), en mars 2007, 185 sociétés étaient présentes dans le domaine du BPO (Business Process Outsourcing) à Maurice pour des investissements de l'ordre de 353 millions d'euros, selon la mission économique du MINEFI. Cédric Ferté, directeur général de MMS Outsourcing, entreprise qui travaille dans l'infogérance et les centres d'appels, explique les raisons pour lesquelles il a choisi Maurice. "J'ai installé mon entreprise depuis trois ans à Maurice. Les prix sont 20 à 30% moins chers qu'au Maroc et les gens ont une capacité culturelle d'accueil exceptionnelle, ce qui est très important dans les métiers du call center". Cédric Ferté met également en avant l'infrastructure présente sur place. "La fibre optique est là, et un quartier d'affaires proche de l'université permet de travailler confortablement", explique-t-il. Autre avantage, directement concurrentiel avec le Maroc celui là, la question du coût du travail. "Complètement chargé, un salaire de télé-acteur sera de 200 à 300 euros par mois". Un constat que partage le responsable de l'agence Web Kalawave, installée en France. L'agence va très prochainement ouvrir une structure à Maurice, qui va effectuer du travail de développement informatique sur des outils Web. "Pour 1000 euros on trouve quelqu'un de très bien dans le domaine du code", note-t-il. "Par ailleurs, l'informatique est un secteur qui attire beaucoup de travailleurs locaux. Certains sont même prêts à se réorienter pour travailler avec nous".
Une attraction qui ne doit cependant pas faire oublier une réalité qui s'installe peu à peu : la pénurie de main d'uvre. Car fort d'un million deux cent milles habitants, Maurice a du mal a former un volume suffisant de travailleurs pour occuper des postes dans le domaine IT. "5000 personnes par an sont formées à l'université, mais ce n'est pas assez pour notre secteur", insiste Cédric Ferté.
"Il faut débaucher, il n'y a pas le choix", renchérit-on à l'agence Kalawave. Un problème qui a aussi un lien avec le niveau de formation. "Au niveau bac, une personne fera de la gestion de donnée, du call center en bac +2", précise Cédric Ferté. "Une personne avec un Master pourra coder très correctement", ajoute le responsable de Kalawave. De fait, le postes d'encadrement et de cher de projet sont difficiles à pourvoir. "Tout mon staff d'encadrement est français", évoque Cédric Ferté. Un choix qui a aussi attrait à la différence culturelle qu'il faut gérer entre des clients français et des opérateurs mauriciens, qui n'ont parfois pas la même conception des délais et des horaires selon le responsable de MMS Outsourcing. Au final, L'île Maurice semble rester un terrain intéressant pour des activités IT, avec des bases solides, mais une sécheresse de la main d'uvre qu'il faut surmonter. Mais avec un tiers de moins en coûts par rapport au Maroc, cela donne tout de même à réfléchir.
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