Monitoring de la performance : 4 outils cloud à la loupe

Monitoring de la performance : 4 outils cloud à la loupe AppDynamics, Datadog, Dynatrace et New Relic : quels sont leurs points forts, leurs faiblesses, leurs tarifs ? Sur quoi concentrent-ils leurs offres ?

Ressources machines ou mémoire, bases de données, réseaux… Les raisons pour lesquelles une application génère des temps de réponse anormaux peuvent être nombreuses et parfois se combiner entre elles. Pour trouver le problème, un développeur doit avoir une vision fine de l'environnement où le code s'exécute pour déceler la transaction qui ralentit l'ensemble. C'est à ce travail de diagnostic que s'attellent les solutions d'Application performance management (APM). S'inscrivant dans la mouvance DevOps, elles permettent aussi, avant la mise en production, de valider des évolutions fonctionnelles et techniques et de procéder à des tests de charge, de robustesse et d'endurance.

Sur ce marché en forte croissance (il devrait passer de 2,72 à 4,98 milliards de dollars entre 2014 et 2019 selon MarketsandMarkets), on trouve des acteurs historiques comme HP, BMC, CA ou encore IBM. Ces géants de l'IT ont été bousculés par la montée en puissance de Dynatrace rachetée en 2011 par Compuware. Depuis quelques années, on assiste également à l'avènement d'une troisième génération d'éditeurs nativement SaaS parmi lesquels figure New Relic. Ce dernier a été classé par le Gartner parmi les "leaders" du marché, aux côtés de Dynatrace et AppDynamics (voir le quadrant magique publié par le cabinet en décembre 2016). Trois outils que le JDN a comparés avec l'aide de Christophe Legland, directeur général du cabinet C2L2 Consulting, en ajoutant Datadog, une figure montante de l'APM, d'origine française (lire l'article : Datadog peut-il faire de l'ombre à New Relic ?).

Comparatif des outils d'APM en mode cloud
  Points forts Points faibles Tarifs
AppDynamics - Couverture fonctionnelle étendue
- Le choix laissé entre mode SaaS et déploiement sur site
- Un positionnement avant tout axé sur les grandes entreprises
- Le rachat d'AppDynamics par Cisco qui interroge sur l'évolution de l'offre
Une version Lite gratuite mais limitée (nombre d'unités, conservation de données). Un forfait Pro sur devis. La gestion de la performance applicative est facturée par "unités d'agent".
Datadog - L'accent mis sur les services cloud
- L'ouverture aux plateformes open source, le nombre de connecteurs
- Couverture fonctionnelle moins riche que New Relic
- La présence en Europe
15 $ par hôte et par mois pour la version Pro, 23 $ pour la version Enterprise (support et administration étendus, apport du machine learning…)
Dynatrace - La volonté de proposer un monitoring intégral
- Le choix laissé entre le mode SaaS et le déploiement sur site
- La promesse d'une interface unifiée pas encore tenue  
- Le changement fréquent d'actionnaire
Modèle de prix basé sur la consommation : 0,30 $ par hôte et par heure, 0,30 $ pour 100 sessions, 0,30 $ pour 50 "check-in" web 
New Relic - Le positionnement 100 % SaaS
- La couverture fonctionnelle
- Complexité tarifaire
- Pas de datacenter en Europe
Le prix dépend du type d'instance retenue chez Amazon, Google, Microsoft ou Rackspace. Chez Amazon : tarif à partir de 9,37 $ par mois pour l'offre Essentials et 18,75 $ pour l'offre Professional.

New Relic, le leader de l'APM en mode SaaS

New Relic fait figure de star dans le monde de l'APM. Cotée en Bourse après plusieurs levées de fonds, cette société californienne créée en 2008 est valorisée 1,64 milliard de dollars. C'est le seul pure player indépendant positionné par le Gartner parmi les "leaders" de l'APM. Avec un chiffre d'affaires en croissance de 65 % entre 2015 et 2016, la société revendique plus de 14 000 clients.

New Relic propose un portfolio très complet. Aux côtés de sa suite générique (New Relic APM), on trouve des modules dédiés au monitoring des applications mobiles, à la performance des sites web ou des systèmes hébergés sur Amazon Web Services. New Relic Synthetics permet, lui, de simuler un processus du point de vue de l'utilisateur. Grâce à ses multiples connecteurs, des alertes peuvent être envoyées sur des outils comme Slack.

Depuis le rachat d'Opsmatic en 2015, l'éditeur se positionne aussi sur la supervision d'infrastructure (avec New Relic Infrastructure). Avec son projet Seymour, il s'étend aussi au terrain du machine learning et de l'intelligence artificielle afin de donner une dimension de prédictibilité à ses outils de mesure. Le Gartner pointe néanmoins quelques faiblesses comme l'absence de datacenter en Europe - ce qui peut être un critère rédhibitoire en termes de conformité et de respect de la vie privée - et une présence chez les grands comptes qui doit encore être accentuée.

AppDynamics, un poids lourd racheté par Cisco

Autre poids lourd de l'APM, AppDynamics a été racheté en janvier dernier par Cisco pour la bagatelle de 3,7 milliards de dollars alors que la société californienne s'apprêtait à entrer en Bourse. Une manière pour l'équipementier réseau de monter en puissance dans les couches applicatives.

Fondé en 2008, AppDynamics donne la possibilité de déployer sa solution sur site (on-premise) ou de l'utiliser en mode SaaS. Gestion de la performance applicative, surveillance de l'utilisateur sur mobile ou navigateur web, monitoring des serveurs et des bases de données… La couverture fonctionnelle est très étendue.

Le Gartner souligne la capacité de l'éditeur à personnaliser son offre pour répondre aux attentes spécifiques d'une entreprise. Revers de la médaille, les tarifs des produits sont jugés par le cabinet trop élevés pour les petites entreprises aux besoins plus modestes.

Datadog, le challenger français qui surfe sur le cloud

Créée en 2010 par deux Français, la société Datadog est établie aux Etats-Unis où elle réalise 90% de son chiffre d'affaires. Comptant 180 employés, elle vient de lever 94,5 millions de dollars pour notamment se renforcer en Europe. Elle compte des références prestigieuses comme Airbnb, Twitter, Salesforce ou Adobe.

Souvent comparé à New Relic, Datadog, autre pure player de l'APM en mode SaaS, se focalise davantage sur la supervision d'applications en environnement cloud (AWS, Microsoft Azure, Google Cloud Platform…). Datadog utilise un agent qui va se positionner sur les applications, les services cloud, les bases de données ou les containers logiciels pour recueillir des métriques d'utilisation de type CPU, mémoire et entrées-sorties.

Ces informations, recueillies en temps réel, sont consolidées au sein de tableaux de bord. Datadog permet aussi de partager et commenter des alertes et des événements via un module de collaboration de type chat. Datalog supporte des environnements open source comme D3, Cassandra, Kafka ou PostgreSQL. L'éditeur a aussi multiplié les connecteurs pour remonter des alertes via Slack, Jira ou Zendesk.

Dynatrace, la plateforme "tout-en-un"

Dynatrace est un autre acteur fort de l'APM, fondé en 2005. Rachetée par Compuware en 2011, la société basée à Boston appartient aujourd'hui au fonds d'investissement Thoma Bravo. Elle revendique plus de 8 000 clients dont, en France, PagesJaunes, Cdiscount, EDF ou La Redoute. Anciennement appelée Ruxit, sa technologie se présente sous le forme d'une plateforme unique analysant l'ensemble de la chaîne applicative. Ce monitoring intégral (full stack) vise à donner une vision exhaustive de l'expérience utilisateur en surveillant les performances des applications mais aussi des infrastructures, y compris des conteneurs et services cloud.

Pour le Gartner, qui classe l'éditeur parmi les "leaders" du marché, ce travail d'unification n'est pas encore totalement achevé. L'offre présente, à ses yeux, encore trop de consoles ou d'écrans, ce qui contredit la promesse initiale.  

Début février, Dynatrace a dévoilé plusieurs nouveautés visant à rendre la gestion de la performance plus accessible aux métiers que les tableaux de bord classiques. L'éditeur a notamment présenté "davis" : un assistant virtuel intelligent conçu pour répondre oralement à des questions - de type "Quel est le niveau d'activité de mes utilisateurs ?". Il s'interface avec Alexa d'Amazon ou Slack. Autre nouveauté mise en avant : UFO qui est, lui, un boîtier connecté (fixé au plafond) qui s'éclaire en rouge lorsque la performance d'un service se dégrade.