IBM s'envole vers les 18 milliards de chiffre d'affaires dans le cloud

IBM s'envole vers les 18 milliards de chiffre d'affaires dans le cloud L'objectif pourrait être atteint cette année. Le groupe se hisse dans le top 3 des principaux fournisseurs, derrière Amazon et Microsoft.

IBM est engagé dans une course contre la montre pour faire croître le plus vite possible ses activités de cloud computing. Son but : compenser la réduction de ses revenus générés par l'informatique traditionnelle qui grève son chiffre d'affaires depuis 20 trimestres d'affilée. En 2016, le groupe de New York a enregistré un chiffre d'affaires de 79,9 milliards dollars dont 13,7 milliards issus du cloud. Un résultat en progression de 35%. Au premier trimestre 2017, il maintient le cap avec un CA tiré du cloud de 3,5 milliards, en hausse de 33% en un an. Quant à son revenu annuel récurrent (correspondant aux souscriptions à ses services cloud sur 12 mois), il s'établit désormais à 8,6 milliards dollars.

Objectif de Big Blue : une croissance de 35% par an 

"Nous ciblons encore les 35% de croissance sur le cloud pour 2017", indique Anthony Cirot, directeur du cloud chez IBM France. Si cet objectif est atteint, le géant IT pourrait alors hisser ses revenus dans ce domaine à plus 18 milliards de dollars - un volume qui représenterait alors potentiellement 20% de son chiffre d'affaires global.

Autant dire que le cloud est plus que jamais stratégique pour IBM. "Avec l'intelligence artificielle, c'est l'un de nos axes de croissance prioritaire. D'où notre baseline : Cloud & Cognitive", souligne Anthony Cirot. Pour accélérer son déploiement dans le nuage, IBM affirme investir quelque 3 milliards de dollars chaque année. Rappelons que la firme américaine se hisse pour l'heure à la troisième place sur ce marché, derrière Amazon Web Services et Microsoft.

Une seule marque, une seule plateforme : Bluemix

Ces derniers mois, IBM a notamment cherché à optimiser la cohérence et la lisibilité de son offre cloud. En octobre dernier, il annonçait le regroupement de tous ses services cloud sous la marque Bluemix - qui se limitait jusqu'ici au champs du PaaS (Platform as a Service). Cette ombrelle recouvre désormais également l'IaaS (Infrastructure as a Service) issu du rachat de Softlayer, ainsi que l'environnement de cloud privé infogéré d'IBM, basé sur OpenStack.

"Les investissements vont se poursuivre dans l'IaaS"

Exit donc la marque Softlayer. Une mise en retrait qui n'a pas manqué de susciter des interrogations sur le marché. L'abandon de cette appellation laissait-elle présager la mise l'écart (voir l'abandon) du IaaS par IBM ? La réponse est non. "Nous n'allons pas nous désengager du IaaS. Nous allons même continuer à investir dans ce domaine. D'autant que les niveaux de performance sur lesquels nous nous engageons impliquent de garder la pleine maîtrise de cet aspect", martèle Anthony Cirot.

Preuve de cette volonté : en parallèle de la consolidation de ses solutions cloud autour de la marque Bluemix, IBM a aussi décidé de faire de l'infrastructure héritée de Softlayer (rebaptisée Bluemix IaaS) le socle unique de tout son portefeuille cloud. "C'est un choix structurant qui va nous permettre de fiabiliser notre technologie", commente Anthony Cirot. Ajoutons que l'IaaS d'IBM est aussi utilisé pour un autre produit phare : l'offre "Cross-Cloud" développée par le groupe en lien avec VMware. Un service qui permet de migrer une pile complète VMware, avec toutes les applications qu'elle supporte, vers le cloud de Big Blue. En France, Boursorama figure notamment parmi les entreprises clientes de cette offre.

Le PaaS enregistre la plus forte croissance

Pour autant, ce n'est pas dans le IaaS qu'IBM enregistre aujourd'hui la croissance la plus forte au sein de ses offres cloud. "C'est sur le PaaS que l'accélération est la plus intense", souligne Anthony Cirot.  Il faut dire qu'IBM n'a cessé d'enrichir cette couche ces dernières années. Elle comprend une myriade de solutions à destination des développeurs : dans la blockchain, les containers (avec le support de Docker et Kubernetes), le Big Data (avec Hadoop)... La brique cloud d'intelligence artificielle d'IBM (Watson) est aussi basée sur elle, tout comme l'offre d'analyse météorologique issue de l'acquisition de la Weather Company.

"Nous accompagnons beaucoup de projets basés sur Bluemix PaaS en France, notamment dans l'industrie ou la banque", précise Anthony Cirot. Parmi les clients d'IBM basés dans l'Hexagone, le Crédit Mutuel a par exemple recours à Watson pour aider ses chargés de clientèles à personnaliser leur discours. Autre exemple, la SNCF fait appel à Bluemix PaaS pour son système temps réel de supervision ferroviaire. Elle l'utilise notamment pour agréger et analyser les données en provenance de milliers de capteurs disséminés sur l'ensemble de son réseau.

53 data centers à travers le monde

Qu'en est-il des capacités d'IBM en termes de centres de données ? Au total, le géant informatique compte pas moins de 53 data centers à travers le monde. En Europe, ses infrastructures serveur se répartissent sur 12 localisations (voir la carte ci-dessous), dont deux en France – en Ile-de-France et à Montpellier.

Sur certaines localisations, IBM compte plusieurs data centers. C'est le cas dans la région de Londres, où le groupe en compte cinq, ou encore sur celle de Francfort, où IBM revendique deux sites. © IBM

Pour la suite, IBM a défini plusieurs axes d'investissement prioritaires. "Nous souhaitons mettre en œuvre de nouveaux modèles d'engagement dans la logique de l'accord que nous avons signé avec le groupe chinois Wanda Internet Technology", confie Anthony Cirot. "Wanda va embarquer notre cloud dans ses propres datacenters et le commercialiser en marque blanche." Via ce partenariat qui prévoit la création d'une coentreprise, IBM entend booster le développement de son cloud public en Chine. L'entreprise de Virginia Rometty pourrait réitérer ce type de démarche avec d'autres partenaires sur d'autres plaques géographiques.

Créer un cloud "cognitif"

Autre axe de développement en ligne de mire : multiplier les services cloud à base de technologies cognitives. "Récemment, nous avons par exemple lancé un outil d'automatisation des déploiements sur Bluemix, à base d'IA, avec une logique d'infrastructure as code. Nous multiplions aussi les services cognitifs reposant sur Watson. Nous venons par exemple d'annoncer un assistant personnel basé sur cette technologie pour simplifier la vie au travail", égraine Anthony Cirot. Enfin, en vue d'élargir sa base de clientèle historique très centrée grands comptes, IBM déploie aussi des dispositifs d'accompagnement à destination des start-up. Au sein de son siège français de Bois-Colombes, le groupe a par exemple mis en place un accélérateur pour guider des jeunes pousses dans la mise en œuvre d'applications adossées à Bluemix. Centrée sur l'IoT, sa première promotion comptait une dizaine de start-up.