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| Pierre Feillet (Ilog) : "Pour faire de la création logicielle, il faut avoir une bonne vitesse d'apprentissage" |
| Le responsable d'équipe R&D de l'éditeur passe en revue les qualités requises pour être un bon chercheur. Curiosité, analyse, synthèse et souplesse neuronale sont indispensables.
(26/08/2005) |
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JDN Solutions. En quoi votre métier se différencie-t-il de celui d'un chercheur en laboratoire ?
 Pierre Feillet. J'encadre des équipes de développeurs et d'architectes. Le but d'une équipe est de faire un module dans un produit. Cela implique de gérer des plannings, de faire l'interface avec le marketing, de travailler sur l'expression des besoins... Nous sommes créateurs de logiciel, nous ne faisons pas de recherche pure. Ici, nous créons des logiciels tout en étant innovants, avec des délais de mise sur le marché de 1 à 2 ans, ce qui est du très court terme par rapport à la R&D classique et la recherche appliquée.
Pour créer des produits, il n'y a pas de recette toute faite. Nous avons des équipes qui créent des modules différenciés. Sur ces modules, nous devons couvrir des fonctionnalités définies par le marketing qui soient plutôt innovantes, c'est-à-dire pas encore couvertes par d'autres produits. Nous devons à la fois comprendre les besoins et voir où se déplace le marché.
La définition du positionnement et de la stratégie est du ressort du marketing et de la direction. Une fois que la vision produit a été définie sur 3 ans, à nous de dire de quelle manière on peut avancer. Soit nous utilisons des technologies émergentes, où les versions sont naissantes, même pas en 1.0, ce qui implique une notion de gestion de risque. Soit nous avons recours à des technologies matures mais qui peuvent être vite dépassées.
Quelles qualités doit-on posséder pour exercer des fonctions telles que les vôtres ?
Pour faire de la création logicielle, il faut avoir une bonne vitesse d'apprentissage et une bonne capacité d'analyse et de synthèse, le tout allié à de la rigueur. Il faut aussi être curieux et inventif, essayé d'imaginer des solutions qui n'existent pas encore. Il faut également une bonne capacité d'écoute pour recevoir ou échanger des idées. La maîtrise de l'anglais est évidemment un minimum incontournable.
Il faut aussi aimer les technologies et rester curieux, tout en se préparant à oublier et à appendre très vite. Bref, il faut une bonne souplesse neuronale. Concernant les connaissances technologiques, une étude d'IBM à montré que 50% étaient à mettre à la poubelle au bout de 3 ans. Concernant les connaissances liées aux langages, plus on monte en haut de la pile, plus c'est instable. Pour la technologie J2EE, le manuel de base fait 1 300 pages je crois, et cela ne fait que grossir...
| "Il faut savoir faire des paris sur tel ou tel cheval" |
Il faut aussi savoir faire des paris sur tel ou tel cheval, sur telle ou telle solution alternative. Parfois, on peut s'investir sur une technologie qui ne va pas être adoptée par le marché. Il y a
parfois un coté jeu de l'évolution, à la Darwin...
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous orienter vers ce métier ?
Mes motivations sont de pouvoir appliquer une créativité, d'avoir une certaine autonomie dans le choix des technologies et des architectures.
La liberté d'innover est importante et on peut voir en pratique ce que nos recherches donnent, à travers un produit ou un projet, avec des clients. On peut donc avoir une satisfaction au niveau des résultats, ce qui peut être différent d'une recherche fondamentale.
Si vous construisez une architecture, une technologie, des algorithmes, au bout d'un an, la mise sur le marché a lieu, vous savez immédiatement si c'était une bonne approche ou pas, les retours clients sont là pour vous le dire.
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