INTERVIEW 
 
Bernard Pargamin
Chef du Service Intelligence Artificielle Appliquée SICG
Renault
Bernard Pargamin
"Nous jouissons d'une liberté totale, mais c'est une tolérance"
Le chef du service intelligence artificielle appliquée, au sein de la DTSI de Renault, décortique les enjeux qui sous-tendent son activité au quotidien, entre activité de recherche et pression du résultat.
26/06/2005
 
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Bernard Pargamin. J'ai à la fois un pied dans le "R" et dans le "D" de R&D. Je suis jugé sur les applications opérationnelles que je fournis et non sur les papiers que je publie.

La grosse différence entre un chercheur du CNRS et moi est que je produis des composants métiers - ou des API - réutilisables, dédiés à la gestion ou à la manipulation de la diversité. Au sein de Renault, une douzaine de directions sont confrontées aux problèmes de la diversité et chacune de nos API est hautement réutilisable.

Sur quels domaines précis intervenez-vous ?
Je n'interviens que sur un domaine, qui est d'ailleurs un sujet de recherche actif : la compilation des bases de connaissances propositionnelles. Cela consiste à chercher à représenter des domaines dans leur diversité.

Par exemple, pour la gamme Renault - dont la diversité est très importante -, il est impossible d'énumérer chaque véhicule. La gamme est alors définie par des contraintes, sur un lexique de variables discrètes. Le travail des ordinateurs sur cette définition de la diversité de la gamme est un travail d'inférence sur une base de connaissances spécifiées par des contraintes.

On peut ainsi faire de la configuration de véhicules, activité qui guide l'utilisateur vers le véhicule de son choix ou de ses rêves, en gérant l'intégralité des contraintes, en orientant le dialogue et en proposant des choix successifs compatibles entre eux.

Comment s'organise votre quotidien ?
Mes collaborateurs peuvent acquérir une véritable expertise des processus métiers"
Mon emploi du temps se répartit entre ma vie de chef de service et d'expert en modélisation de la diversité produits. Par goût, je fuis l'activité de chef de service et ses aspects administratifs, qui ne représentent que 5% de mon temps. Sinon, j'anime une équipe de 7 personnes "Renault", c'est-à-dire qui ne sont pas prestataires.

Ce sont des gens stables, qui travaillent avec moi depuis de nombreuses années, il n'y a en effet pas de turn over dans mon équipe. Ce sont également des gens pointus, il y a parmi eux de très bons développeurs, style "hackeur". Dans mon équipe, ils peuvent acquérir une véritable expertise des processus métiers sachant que, en face, ils ont comme interlocuteurs des organisateurs dont le turn over est élevé. Pour moi, la taille idéale d'une telle équipe se situe en-dessous de 10 personnes. Au-delà, l'efficacité se dégrade.

Et votre activité de chercheur ?
Une autre des différences avec mes collègues chefs de service est que je consacre beaucoup de temps à la réflexion, devant un tableau ou une feuille blanche. J'ai des piles de documents scientifiques sur mon bureau, je passe en effet plusieurs heures par jour à explorer les sites des chercheurs, à lire les thèses de leurs thésards, etc. On est vraiment branché sur l'état d'art.

Je ne revendique pas la qualité de chercheur mais j'ai la même activité qu'eux"
Je connais d'ailleurs la plupart de la douzaine de chercheurs les plus actifs dans le domaine de la compilation de la diversité. Nous travaillons ensemble, nous publions des articles et participons à des conférences. Je fais aussi partie de groupes de travail du CNRS.

Je ne revendique pas la qualité de chercheur mais j'ai la même activité qu'eux sur ces domaines. Nous créons nos algorithmes, nous faisons évoluer l'état d'art. L'avantage, c'est d'avoir des clients, d'être passé à l'acte, le rêve d'un chercheur, dans ce domaine en tout cas, étant de commercialiser ses produits.

Ressentez-vous quelques formes de pression ?
Oui, la pression à laquelle tout le monde est soumis, celle des engagements de résultats et des objectifs quantifiés. Mais nous sommes dans une situation ambiguë. Si nous appliquions l'ensemble des règles et des processus de la DTSI [Direction des Technologies et Systèmes d'Information, ndlr] - qui se consacre à l'informatique de gestion -, nous ne survivrions pas plus de 3 mois, nous ne pourrions pas travailler.

Nous avons identifié de très nombreux problèmes à traiter, nous sommes donc là pour durer"
Nous avons une espèce de liberté totale mais nous sentons bien que c'est une sorte de tolérance et que cela ne dure que parce que nous produisons. Comme nous avons de bons résultats, je ne suis pas pessimiste du tout, l'expérience dure maintenant depuis 10 ans. Et nous avons identifié de très nombreux problèmes à traiter, nous sommes donc là pour durer !

En dix ans de temps, comment ont évolué vos recherches ?
Nos travaux ont débouché dès 1996 / 1997 sur des applications de contrôle de cohérence de la documentation. Puis, ils se sont orientés vers des applications de représentation du mix produit, embrassant des thématiques de cohérence, de prévision... toujours sous la contrainte de la diversité.

En 2002, nous avons fait un assez joli coup. Renault était en effet lié à l'éditeur Trilogy et à son configurateur. Nous avons remplacé les produits de Trilogy par notre propre configurateur. L'impact financier a été colossal, concernant plusieurs millions d'euros par an, de manière récurrente.

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Actuellement, nous travaillons sur le diagnostic après-vente, à base de réseaux bayésiens, ce qui peut être vu comme une généralisation des structures logiques précédemment utilisées pour décrire la diversité de la gamme. Quand il y a un dysfonctionnement sur un véhicule, il peut y avoir plusieurs causes, mais elles ne sont pas équiprobables. Les réseaux bayésiens sont très utiles pour traiter ce genre de problématiques.

 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Bernard Pargamin est ingénieur, diplômé de l'Ecole des Mines de Nancy.
A sa sortie de l'école, il rentre chez Renault, qu'il ne quittera plus. Il commence par travailler, pendant 15 ans, dans l'informatique de gestion et les gros systèmes IBM.

1985 Alors que la micro-informatique fait son apparition, il lance le concept de documentation électronique pour l'après vente et convainc son employeur de s'engager dans cette voie. Cela se concrétise par le logiciel Dialogis, aujourd'hui déployé sur 30 000 postes dans le réseau Renault.
1995 Il commence à réfléchir sur la modélisation de la diversité produit. Dès 1998, la documentation Renault (véhicules et pièces) est entièrement contrôlée par ces systèmes.
2002 Lancement d'un configurateur maison.
Actuellement Il travaille au diagnostic après-vente, à base de réseaux bayésiens.

   
 
 
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