Le tableau interactif : la classe !

Le "tableau blanc interactif" souffle ses vingt bougies mais c'est aujourd'hui que son potentiel se révèle. Outil moderne d’enseignement, le TBI pourrait bien constituer une interface utilisateur particulièrement puissante pour nous faire entrer en profondeur dans la culture numérique.

L'utilisation des tableaux blancs Interactifs (TBI) est loin d'être répandue et peu d'entres nous ont eu l'occasion d'assister à une démonstration de cet outil. Mais pour ceux qui ont eu cette chance ou qui ont pu en voir une sur Internet, un seul mot "une application bluffante !".

Et pour cause, ce tableau d'un nouveau genre est capable tout à la fois de sauvegarder les données écrites à la va-vite sur son support, de réviser au besoin leur mise en forme et de corriger leurs tracés pour qu'ils soient plus nets, de communiquer à distance pour utiliser toutes sortes de données additionnelles et bien entendu d'aller surfer sur Internet pour collecter d'autres informations et animer une séance collective voire collaborative au fur et à mesure de son déroulement.

Des fonctionnalités supplémentaires permettent éventuellement au public d'agir directement sur le tableau à l'aide d'une tablette numérique et d'un boîtier de vote.


Un produit innovant qui passionne Apple, Microsoft et la Pub...

 

Si le bon vieux tableau noir est tout à fait dépassé, on ne sait pas encore très précisément comment faire un usage efficace et adapté de cette technologie innovante... Il semble que certains grands groupes, notamment Apple et Microsoft, aient quelques idées sur la question.

Séduits par l'innovation que le TBI apporte dans le domaine de l'interface utilisateur tactile, notamment avec ses possibilités "multi-touch", ils n'ont pas hésité à l'introduire dans leurs propres produits, le premier dans le très médiatique iPhone ; le second dans sa prometteuse table tactile baptisée "Surface".

 

Dans un tout autre univers, celui des annonceurs, il semble que le potentiel du TBI ne soit pas passé inaperçu. Sa capacité à capter à coup sûr l'attention du public interpelle les publicitaires. Dove, Nokia, Adobe, BBC World, l'enseigne C&A - pour ne citer qu'eux - ont récemment installé des TBI dans les rues de New York, de Berlin ou d'ailleurs (on en retrouve des vidéos sur Internet), et toujours face à un public bluffé.

Des pratiques d'entreprise qui rechignent à intégrer le TBI Pour l'heure, le TBI est bien peu présent dans les entreprises.

Pourtant, les prix sont de plus en plus abordables (compter 1 500 euros en moyenne). On imagine que le TBI pourrait remplacer le tableau blanc lors des conférences et des réunions. Ne le dit-on pas exemplaire pour faire des présentations de logiciels, sauvegarder des notes lors de brainstorming, travailler sur des projets collaboratifs et plus encore ? Les rares entreprises équipées montrent que les possibilités d'applications sont énormes et qu'elles vont dans des directions parfois inattendues.

Le monde de l'éducation en pointe sur le sujet


En fait, le seul succès que peut décemment mettre en avant aujourd'hui le TBI, c'est l'intérêt que lui porte le monde de l'enseignement ; il semble même que la majorité des enseignants qui l'essayent en deviennent vite des adeptes enthousiastes. Leurs témoignages font ressortir de réels bénéfices, se mesurant sur l'auditoire à la fois sur la motivation, l'enthousiasme, l'autonomie au travail et la communication entre les participants.

Ces outils laisseraient en fait plus de responsabilités d'apprentissage aux élèves, lesquels deviendraient plus indépendants. Plus à l'aise aussi. La possibilité de surfer sur Internet depuis un TBI serait un élément de motivation évident pour l'écolier qui se retrouverait alors dans un univers familier, un lieu où il aime aller quand il est à son domicile.

Elisabeth Korte, enseignante à Ashburn (USA), offre un témoignage en ce sens dans le Washington Post du 30 août 2007 : "nous allons à la rencontre du monde des adolescents avec le TBI... Avec cet outil, chaque cours est une nouvelle aventure".

 

TBI = big bang dans l'enseignement ?


Reste un défi de taille pour l'enseignant, le TBI remet en question de façon radicale sa façon d'enseigner et le conduit à une réécriture complète des cours qu'il avait préparés. Le TBI lui impose une espèce de spontanéité lors du déroulement de la "leçon", leçon qui se construit avec les élèves et peut prendre un tour inattendu. Il lui faut sans cesse s'adapter, savoir réagir à des situations imprévues, tout en montrant qu'il reste bien le pilote du groupe.

Enseigner avec un TBI devient une vraie performance au sens fort du terme, presque au sens du jeu de l'acteur, avec tout ce que cela a d'épuisant : un gros travail de préparation, une expérience qui ne cesse de s'enrichir au fil du temps, un travail d'improvisation à chaque séance. LE TBI, un outil à la fois interactif et collaboratif vraiment dans l'air du temps.


Un outil un peu révolutionnaire on l'a compris et pour autant le TBI est un bon exemple d'un phénomène en cours : de nouveaux outils puissants se répandent dans notre environnement professionnel ou personnel, de nouveaux outils tellement puissants qu'on a du mal à se les approprier, à les comprendre, à anticiper leurs usages.

Dans cette vague de nouvelles solutions, comme l'explique le célèbre chercheur en interfaces tactiles, Jeff Han, "ce n'est pas la technologie qui fait la différence entre les produits, mais de plus en plus, l'interface utilisateur qui devient le facteur différenciant". On peut effectivement s'interroger sur le nouveau rôle que sont en train de jouer les interfaces dans leur relation avec les utilisateurs et dans lesquelles le TBI comme l'e-paper sont amenés à jouer un rôle essentiel.

 

Le TBI, par sa remise en cause de la façon d'enseigner, ne va-t-il pas se montrer encore plus révolutionnaire que l'ordinateur à l'école ? Dans ce cas, on comprend que les entreprises réservent cette puissance "révolutionnaire" en priorité aux opérations de communication avec leurs clients. Il n'est, en effet, pas certain qu'elles osent reconsidérer radicalement leur façon de communiquer, de collaborer en interne et de mener des réunions.