« Les tours de contrôle » de la supply chain pour une visibilité dans le cloud
Plus d’une dizaine d’années après son apparition comme fonction centrale du management de l’entreprise, le Supply Chain management (SCM) , n’a pas encore répondu à toutes les attentes, notamment dans un contexte de mondialisation croissante.
La plupart des grandes ou moyennes entreprises ont lourdement investi dans la mise en place d’outils intégrés de gestion (ERP), mais seulement une infime partie d’entre elles peut se targuer d’en avoir obtenu un retour sur investissement (ROI) mesurable et significatif. Le problème est que ces outils ont été conçus il y a plusieurs décennies pour gérer des activités à forte prévisibilité, dans des environnements économiques stables, capables de tenir compte du changement et des évolutions sur des périodes programmées à l’avance, ce qui ne reflète en aucun cas la complexité des interdépendances du business d’aujourd’hui.
La réalité économique de nos jours se traduit par une demande volatile, un
mix produit fluctuant sans cesse, des cycles de vie courts, et des partenariats
avec un panel de fournisseurs géographiquement dispersés dans différentes
régions du monde et en perpétuelle évolution. En
l’absence de technologie permettant de gérer cette complexité (opérationnelle), la plupart
des grandes entreprises y compris
les plus dynamiques, ont mis en place depuis des années des processus hétérogènes fonctionnant souvent en mode batch avec leur
réseau de partenaires via des feuilles de calcul, téléphone, fax, e-mails,…
Face à de telles limitations, de nouveaux concepts de « Supply Chain Management »
ont vu le jour, tels que le « multi-tier collaborative execution » ou
« pilotage collaboratif multi-niveaux » permettant ainsi de franchir
une nouvelle étape dans son évolution. Le « recalage » permanent de
la Supply Chain est désormais possible en
associant le donneur d’ordre et l’ensemble de ses partenaires (fournisseurs,
sous-traitants, transporteurs, 3PL,
distributeurs) dans la prise de décision en temps réel.
Au-delà des ERP et outils de planification qui gèrent surtout la bonne
utilisation des moyens productifs, les donneurs d’ordre d’aujourd’hui ont
besoin d’avoir une visibilité complète (end to end) de leur réseau de
distribution, et d’une réactivité de celui-ci afin d’assurer la fluidité de
l’approvisionnement en fonction de la demande. Cela nécessite de mettre en
place une collaboration « many to many » entre tous les acteurs du réseau
de partenaires malgré des systèmes d’information hétérogènes. En résumé les
donneurs d’ordre ont besoin de solutions nouvelles pour résoudre un problème
nouveau !
Une solution nouvelle : la Tour de Contrôle de la Supply Chain
La Tour de Contrôle de la Supply Chain apporte au réseau de partenaires (entreprise étendue) une structure de contrôle souple et collaborative offrant une vue centralisée du plan et des systèmes d’exécution ainsi qu’une rapidité de détection et de résolution des problèmes .
De même que dans le transport aérien voire chez les opérateurs de
télécommunications, la Tour de Contrôle de la Supply Chain pilote l’ensemble du
système et permet de mettre en évidence, en temps réel, les écarts ou non conformités avec le plan
prévu. Elle donne de façon instantanée, la photographie exhaustive (end to end)
de l’état de la demande et des approvisionnements des stocks de produits
finis à ceux des en-cours et composants aux différents points de la
chaîne, de l’état des livraisons chez
les distributeurs et fournisseurs, des promesses de production de ceux-ci ainsi
que des dernières prévisions issues des promotions récentes à l’initiative des
distributeurs ou détaillants.
Cependant, l’information sans action ultérieure n’ayant que peu de valeur, au-delà de son rôle de
consolidation des données issues de l’exécution de la Supply Chain, la Tour de
Contrôle doit aussi piloter le processus
collaboratif de prise de décision en réponse aux ruptures et écarts constatés
avec le plan.
Les solutions « cloud » les plus avancées fournissent les données
en temps réel à la Tour de Contrôle, grâce à une plate-forme gérant les écarts
et créant des alertes transmises aux membres du réseau et fournisseurs
concernés pour les problèmes nécessitant une résolution immédiate tels que la rupture de stock imminente d’un produit due
à un pic de la demande non prévu dans le circuit de distribution. Les alertes sont déclenchées via un système d’indicateurs de mesure de
consommation, de seuils et de tolérances permettant d’assurer que les problèmes les plus important seront pris en
compte rapidement.
Lorsqu’il s’agit de véritablement résoudre les non conformités au plan
détectées, le mode collaboratif devient alors indispensable. Savoir qu’une rupture s’est produite dans la Supply Chain est une chose, y répondre rapidement et
de la manière optimale en est une autre et c’est ce qui sépare une Supply Chain
performante des autres.
Les tours de contrôle les plus avancées fournissent un tableau de bord donnant la visibilité en temps réel à l’ensemble des entreprises partenaires connectées, ainsi que les outils d’analyse des impacts financier et opérationnel des alternatives envisagées, en particulier grâce à l’utilisation de scénarii de simulations de prise de décision de type « what-if ». Les décisions retenues sont alors connues de tous les partenaires ce qui facilite leur adhésion en vue d’une exécution rapide.
Après la prescription…l’action
Une véritable « Tour de
Contrôle » n’est pas seulement un
outil logiciel ainsi défini par son éditeur à des fins commerciales, mais
plutôt une démarche mise en place par l’entreprise donneur d’ordre et qui inclut
nouvelles technologies, nouveaux processus et personnel formé et compétent.
Le challenge le plus important pour les supply chains actuelles souvent
éclatées entre de nombreux acteurs globaux, est la synchronisation « many
to many » de tous les flux
d’information disparates et hétérogènes qui sont nécessaires pour
approvisionner, fabriquer, et livrer les
produits. Un pré-requis fondamental à la mise en place d’un programme de Tour
de Contrôle est donc une parfaite intégration entre les différents systèmes
d’information et les formats de données échangées.
L’étape clé est la définition des indicateurs de performances (KPI) de la Tour de Controle qui permettront de mesurer la performance générale
Grâce à un tableau de bord de ces KPI, les utilisateurs de la Tour de Contrôle pourront piloter le cœur de la Supply Chain en offrant la visibilité sur les principaux sites de production et de stockage afin de suivre l’évolution des stocks, les objectifs de production, le suivi des livraisons en cours, les commandes de composants critiques… Pour la définition des KPI la qualité doit primer sur la quantité : l’objectif est de produire des critères de performances réellement significatifs et facilement gérables, et non de tenter de tracer chaque détail de chaque opération élémentaire.
La bonne exécution doit être au centre de toutes les attentions
Un plan
aussi parfait soit il est sans intérêt s’il n’est pas exécuté dans une période
de temps définie à l’avance. C’est pour cela qu’une fenêtre de résolution des
non-conformités détectées apparaît en général au centre de la Tour de Contrôle
réunissant toutes les données utiles à la bonne prise de décision.
Enfin, il est essentiel de faciliter
les méthodes communes entre les différents services de l’entreprise mais aussi d’encourager
et de favoriser l’adhésion au programme par les partenaires fournisseurs,
transporteurs ou distributeurs.
S’affranchir des frontières des organisations afin d’assurer une
intégration étroite entre les différents partenaires ainsi qu’un service en
continu nécessite une quantité de travail non négligeable à prendre en compte
le plus tôt possible. L’équipe transverse ainsi constituée devra être pourvue de l’autorité suffisante ainsi
que des procédures d’escalades adéquates afin d’être en capacité de prendre les
décisions finales quelque soit la situation rencontrée.
La mise en place et le bon fonctionnement d’une Tour de Contrôle efficace
nécessitent donc beaucoup d’efforts, de ressources et d’expertise, mais aussi
de restructuration interne et d’investissements dans des technologies de
pointe. C’est aussi la meilleure décision que peut prendre aujourd’hui un
décideur industriel à la fois pour sa carrière et pour la croissance des parts
de marché et de la profitabilité de son entreprise.