Cloud et réseaux : vecteurs d’exode urbain ?

Selon un sondage BVA paru en 2015, 64 % des Français souhaiteraient vivre à la campagne, alors qu’ils sont près de 80 % à vivre en ville. Et si, après l’exode rural du siècle dernier, le développement des réseaux et du Cloud ouvrait la voie à un nouveau développement économique des zones rurales ?

De la néo-ruralité personnelle...

Envie de grands espaces, besoin de calme, immobilier bien moins onéreux ou encore développement exponentiel des moyens de transports individuels comme collectifs… : dans les dernières années, nombreux sont les villages, qui avaient vu leur population inexorablement décroître tout au long du XXème siècle, à avoir retrouvé le dynamisme grâce à l’installation de jeunes ménages. Des jeunes ménages nouvellement installés que l’on n’a pas tardé à qualifier de « néo-ruraux ».

Si, dans un premier temps, les communes les plus proches des grandes métropoles ont prioritairement bénéficié de ce renouvellement, les villages plus éloignés ou proches de villes de taille plus modeste ont également très rapidement accueilli ces nouveaux arrivants. Dans ce cas, et au-delà de l’amélioration des conditions de transport, le déploiement très rapide de l’Internet Haut Débit qu’a connu la France dans les années 2000, ainsi que son coût raisonné, ont sans aucun doute participé au choix d’installation de ces néo-ruraux.

C’est ainsi que de nombreux free-lances, dont les prestations peuvent être opérées à distance, ont fait le choix de la néo-ruralité. Tandis que le développement, bien qu’encore sporadique, du télétravail permet à ces nouveaux venus de ne pas se rendre au bureau tous les jours. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : fin 2015, 8 à 10% des salariés du tertiaire seraient devenus des télétravailleurs réguliers. En parallèle, les initiatives de développement d’espaces de travail commun (co-working) en zones rurales se multiplient.

 ...à la néo-ruralité professionnelle ?

En d’autres termes, les modifications de lieux et d’habitudes de vie participent naturellement aujourd’hui à l’évolution des modes de travail. Bien qu’il s’agisse encore de démarches personnelles, alors même que les emplois occupés restent majoritairement citadins, du fait, essentiellement, d’une existence plutôt urbaine des bassins d’emplois.

Or aujourd’hui, pourquoi ne pas imaginer que les facteurs ayant conduit les individus à faire le choix d’une installation en zone rurale n’incitent les entreprises à en faire de même ? « Tout simplement parce que les enjeux ne sont pas les mêmes ! », répondront sans attendre les plus grincheux. Certes. Mais une nouvelle fois, le développement des technologies pourrait bien être à l’origine d’un futur « exode urbain » des entreprises.

En particulier le Cloud, qui offre aujourd’hui à toute organisation la facilité d’installation et la souplesse de travail. Bien sûr, dès lors que l’entreprise n’est pas qu’une TPE, il ne s’agit pas de se contenter d’une simple connexion ADSL. Mais la qualité de débit des réseaux, y compris professionnels, permet d’envisager une sereine installation d’une entreprise en zone rurale avec une informatique dite distante. Le tout en toute sécurité grâce à l’encryptage des données transitant sur les réseaux.

Sans qu’il soit nécessaire de rappeler les avantages du Cloud, nombreuses seraient donc aujourd’hui les entreprises en mesure d’imaginer une implantation, une « délocalisation régionale » ou plus simplement l’ouverture d’une succursale en zone rurale, à plus ou moins proximité des grandes métropoles régionales, de Lille à Marseille, en passant par Lyon, Toulouse, Bordeaux ou encore Nantes.

Travailler à distance comme en local

Concrètement, l’accès au poste de travail et aux données de l’entreprise dans une infrastructure Cloud ne serait pas très différent que dans le cadre d’une infrastructure interne. L’organisation générale de l’entreprise s’en trouverait néanmoins profondément modifiée, notamment sur la question des déplacements et la gestion des rendez-vous, mais c’est aussi l’occasion de développer la visio-conférence ! Pour autant, et comme n’importe quelle entreprise, pas de question de se lancer à l’aveugle ! On ne passe pas de la ville à la campagne ni d’une informatique interne au Cloud en un claquement de doigts. Plusieurs points sont à vérifier. Et notamment la maîtrise des données, ce qui passe en particulier par leur emplacement. Mais également la quantité de données échangées : une entreprise ayant besoin d’échanger de très grandes quantités de données pourrait en effet connaître des temps de latence plus importants qu’avec une informatique interne.

En bref, en ville comme à la campagne, la digitalisation de plus en plus exacerbée des méthodes de travail et la disponibilité de réseaux suffisants et de technologies adaptées telles que le Cloud ouvrent aujourd’hui la voie à un changement potentiel de paradigme de l’exercice professionnel, qui réduiront sans doute dans les prochaines années la fracture qui subsiste entre villes et campagnes. Attention toutefois : le Cloud et les réseaux ne feront pas tout. Des ressorts sociologiques restent bien sûr à lever dans une France depuis très longtemps « macrocéphale ». Mais la volonté des régions de compter tant au plan national, qu’européen voire international, et celle des pouvoirs publics de réduire la fracture numérique devraient aussi jouer un rôle dans le développement de cette néo-ruralité professionnelle !

Prêt à se lancer ? Tant mieux ! Mais un point n’est à ne pas négliger : l’accompagnement. Car en interne comme en externe, à la ville comme à la campagne, le système d’information et la sécurité des données de l’entreprise ne supporte pas l’approximation !