Carnet de bord d’un entrepreneur de la French Tech qui a rejoint The Refiners (2e partie)

Le 20 mars dernier, CloudScreener intégrait la 2ème promotion du programme d’accélération dédié aux pépites étrangères qui veulent s’implanter aux États-Unis.

Deux mois déjà que nous avons débuté notre aventure américaine et l’effervescence ne faiblit pas. Bien au contraire, après un premier temps d’adaptation visant à nous sensibiliser aux codes de la culture business américaine, c’est dans une énergie bouillonnante et une ambiance de franche solidarité que nous poursuivons sans relâche notre apprentissage.

Réfléchir autrement « out of the box » 

Après un 7 mai vécu ici aussi comme un soulagement par 95% des électeurs expatriés à San Francisco, place au Networking et à l’art de pitcher son projet ! Point névralgique d’une relation réussie auprès de tous les publics, qu’ils soient clients, partenaires ou investisseurs, savoir convaincre est sans aucun doute une œuvre délicate et cruciale à réaliser. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’exercice outre-Atlantique répond à ses propres règles : ici, on ne présente pas, on vend.

Contrairement à nous, afficher clairement ses ambitions comme son désir de réussite ne fait pas peur aux Américains. Parce que paradoxalement, ils n’ont pas peur de l’échec. Le droit à l’erreur fait partie intégrante de l’apprentissage. Il permet de tirer des enseignements essentiels sur ce qui ne fonctionne pas et de trouver des solutions pour mieux avancer et, surtout, toujours rester en mouvement. Flexible, agile, intelligent… L’important est de comprendre et s’adapter : the show must go on

Cet état d’esprit est présent dans chacune de nos prises de parole. 
Près de 100 pitchs en 1 mois

Depuis que nous sommes là, nous avons eu l’opportunité de tester, confronter, éprouver notre argumentation auprès d’une centaine de mentors parmi lesquels figurent les personnalités business les plus importantes comme Reid Hoffman, ex-fondateur et CEO de LinkedIn aujourd’hui au board de Microsoft, Jean-Louis Gassé, fondateur d’Apple France ou encore Fidji Simo, aujourd’hui à la tête des pôles vidéo et médias de Facebook. Une opportunité unique. Des rencontres d’une richesse incroyable.

Au fur et à mesure des échanges, progressivement les pitchs évoluent, s’ajustent, s’affinent, « se raffinent ». Parfois même, se reconstruisent de bout en bout. Et au-delà des mots, l’offre. Et ce n’est pas grave car c’est pour cela que nous sommes ici. Ce qui prime pour chacune des start-up incubées, c’est d’être sharp tant sur le problème que nous souhaitons adresser que sur la solution que nous voulons développer pour y répondre. Pas seulement aujourd’hui, demain aussi. Convaincre notre auditoire, c’est travailler à devenir visionnaire, à développer une acuité fine dans nos analyses du marché, presque prédictive et de définir avec précision des recommandations innovantes.

En ce sens, les retours formalisés par nos mentors après chacune de nos interventions sont éminemment précieux et nous font gagner un temps considérable que ce soit pour structurer nos réflexions que pour appréhender la stratégie Go-to-market à mettre en œuvre pour affronter la concurrence internationale. Ici plus qu’ailleurs, c’est la capacité à innover et à produire des idées nouvelles qui représente le premier avantage compétitif. Ce qui compte, c’est de pouvoir proposer des innovations de rupture suffisamment fortes pour révolutionner des usages… durablement. Etat de fait confirmé par un « ponte » de la Silicon Valley qui nous a alerté sur le fait que se contenter d’améliorer des solutions existantes était loin d’être suffisant pour susciter l’intérêt d’un investisseur, aussi pertinente soit l’amélioration et quand bien même elle pourrait générer des millions de dollars ! A bon entendeur.

Pour autant, innovation ne signifie pas complication. Pour fédérer le plus grand nombre d’investisseurs autour de nos solutions, nous devons rester simples. Si nous avons déjà intégré que chaque minute compte et que la capacité de présenter son projet en un minimum de temps est une figure de style imposée, il n’en reste pas moins que l’accessibilité de nos propos est déterminante. Il faut pouvoir rendre la présentation d’une solution BtoB aussi limpide et facile à comprendre que celle d’une brosse à dents connectée !

Si le mois de juin marquera, déjà, la fin l’incubation par The Refiners, l’immersion est cependant loin d’être finie. Devant nous, un événement phare du programme : un grand show organisé autour de l’écosystème The Refiners avec pour point d’orgue un dîner visant à nous permettre de rencontrer et nouer des contacts privilégiés avec des investisseurs. Un test grandeur nature…

Une vie d’entrepreneur branchée sur plusieurs fuseaux horaires

Ce n’est pas une surprise, intégrer un accélérateur, même sous le soleil de Californie, c’est tout sauf une balade de santé. C’est un investissement personnel, de chaque instant, et tous ceux qui, comme moi, vivent cette expérience à fond tout en gérant l’activité de leur société en parallèle ne comptent pas leurs heures. Les affaires continuent. A cheval sur deux continents, il est impératif de rester présent, d’incarner la société et ses ambitions, de garder un lien avec la réalité parisienne. Auprès des clients et des partenaires bien sûr et davantage auprès de ses propres équipes. Une aventure de ce type, aussi magique soit-elle, peut avoir de grandes répercussions en termes RH. Le manque de temps, les 9 heures de décalage horaire, l’éloignement, la fatigue accumulée sont autant de facteurs pouvant être progressivement sources d’incompréhensions et générer des malentendus.

Notre intégration nous pousse à challenger notre façon de présenter notre offre, mais pas seulement. Petit à petit, sous l’influence américaine, elle permet de mettre en exergue des améliorations techniques que nous n’avions pas imaginées jusqu’alors. Sous l’éclairage de cet accélérateur de croissance, nous voyons rapidement notre savoir-faire devenir de plus en plus pointu, de plus en plus pertinent. Encore faut-il pouvoir faire accepter et adhérer, à distance, l’ensemble des collaborateurs aux changements à initier. Là encore, il n’y a pas de secret, il faut prendre le temps d’expliquer, de démontrer, d’impliquer. Sans raccourcis. L’aventure The Refiners, si elle est partagée, peut avoir une résonance au-delà de celui qui la vit physiquement. Nous avons choisi de la concevoir comme une aventure collective.