Les API, pourquoi elles sont devenues incontournables pour l’innovation !

Que ce soit dans les banques, dans l’industrie logicielle ou presque n’importe où ailleurs, les interfaces de programmation sont devenues des maillons incontournables des organisations.

L’ère informationnelle que nous vivons a un impact majeur sur toute la société dans son ensemble : elle accélère le rythme de collecte des données. Du concept de « big data » nous évoluons progressivement vers celui de « full data ». C’est une manière de dire que la donnée sous toutes ses formes, mais aussi ses méthodes (son extraction, son traitement, son partage, etc.), représentent un pivot central de toutes les organisations quelles qu’elles soient. Mais une entreprise, un individu esseulé n’est rien face à l’immensité de l’océan numérique. Si bien que pour mieux collaborer et échanger, le concept d’API (Interface de programmation) devient de plus en plus commun, apportant certaines valeurs comme l’échange donc, mais aussi la transparence et le respect de certains standards.

Accélérateur d’innovation

Qu’est-ce qu’une API ? En informatique, il s’agit d’un ensemble de méthodes notamment. En termes plus concrets, c’est une interface qui va permettre d’ouvrir les fonctions d’un logiciel à un autre. Voyez l’API comme le maillon qui relie deux chaînes entre elles, ou comme une bibliothèque ouverte qui prépare à de nouvelles connaissances et possibilités. Les logiciels principalement, mais aussi les systèmes d’exploitation ou les bases de données utilisent des API pour communiquer avec l’extérieur et même parfois avec l’intérieur. Elles ont donc à elles seules « cassé les murs » qui existaient auparavant entre les organisations et les différentes communautés de développeurs notamment. C’est ainsi que s’est ouverte la voie vers une innovation plus rapide et qui connait ces dernières années une accélération sans précédent.

Une révolution s’est produite dans le monde des API récemment. C’est la standardisation des interfaces, avec des contrats prédéfinis et une assurance de la pérennité notamment, qui a permis leur essor. Nous avons assisté à une sorte d’industrialisation du secteur. Car tout est question de confiance ! En trame de fond, la popularisation des API dites « RESTful » a également participé à leur démocratisation. Les « API REST » sont en fait un style d’architecture informatique pensé pour les systèmes distribués. Elles trouvent donc naturellement leur place dans le web et ailleurs, en apportant une certaine standardisation que l’on peut résumer par l’obtention, le placement, la publication et la suppression des données. Les géants d’Internet, Amazon, Facebook, Google et consorts, font tous appel à ce genre d’API qui sont par nature modulaires.

Pour résumer, l’API est le moyen pour une entreprise ou une organisation d’ouvrir une porte vers ses biens, son patrimoine informationnel que ce soit les données, les processus ou les systèmes par exemple. En retour, elle s’ouvre sur un monde illimité en matière de possibilités puisqu’il y a autant d’idées qu’il y a de développeurs prêts à ses saisir de ces outils. Les API sont donc devenues une réelle valeur ajoutée, permettant parfois de donner un sens inattendu à un produit. Des milliers d’entreprises travaillent désormais ainsi pour une raison commune : accélérer l’innovation en proposant au monde entier des éléments qui étaient jusqu’à récemment encore les secrets de l’entreprise.

La course est lancée !

Les API se retrouvent donc caractérisées par une notion de confiance entre celui qui propose ses biens et/ou tout ou partie de son patrimoine informationnel, et celui qui va les utiliser. A tel point que le marché s’est donc industrialisé ces dernières années. Fin 2016, Google n’hésitait pas à débourser presque 700 millions de dollars pour s’offrir Apigee et ses solutions de gestion des API. C’est un nouveau signe de l’enjeu derrière ces interfaces qui sont au cœur de la course à qui innovera le mieux et surtout, le plus vite. Mais les géants (américains pour la plupart) du web ne sont pas les seuls à avoir recours à ces technologies, bien qu’ils fassent régulièrement la démonstration de leur savoir-faire en la matière.

Globalement, le secteur bancaire a timidement commencé lui aussi à faire sa révolution. Ces « grandes muettes », souvent assez repliées sur elles-mêmes, inamovibles et campées sur leurs histoires et leurs historiques, évoluent désormais doucement vers l’ouverture. Nuance : les API sont utilisées dans les banques depuis plusieurs années, mais en grande majorité pour des usages internes pour faire interagir leurs différents systèmes bancaires construits traditionnellement en silos. Mais l’essor des « FinTechs » (contraction de Finance et de Technologie) les pousse à s’ouvrir pour innover elles aussi. Et pour discuter, dialoguer et travailler avec ces jeunes entreprises prêtes à bouleverser leur métier, les API deviennent la voie royale. Il s’agit de « Favoriser une intégration sur mesure entre les banques et une tierce partie, dans le but de développer certaines manières de procéder, ou de développer de nouvelles offres », lit-on dans le « World Retail Banking Report » de Capgemini. En revanche, les aspects sécuritaires sont encore très contraignants pour les banques qui, en plus d’être fortement régulées, sont aussi très surveillées. Par extension, le secteur du paiement est lui de moins en moins frileux et cherche justement à s’ouvrir un maximum. Depuis la démocratisation de PayPal au début des années 2000, ce marché a connu plusieurs évolutions et les pionniers ne veulent pas perdre pied. Fin juin 2017, Mastercard lançait par exemple plusieurs nouvelles API à destination des développeurs pour répondre aux entreprises « qui souhaitent un commerce cohérent, transparent et sécurisé ».

Encore une fois les API touchent à peu près tous les secteurs, toutes les activités. Et nous avons pléthore d’exemples qui traduisent tous une envie d’ouverture, de transparence et d’accélération de l’innovation. Sujet sensible et difficile, l’identité numérique en France a fait son chemin depuis moins de quatre ans avec le projet France Connect notamment. Soutenu par La Poste, cette dernière avait par exemple elle aussi ouvert l’API IDentité Numérique Développeurs pour offrir à tous les acteurs du web des échanges numériques sécurisés. In fine, cela permet à un internaute d’attester que son identité a été vérifiée physiquement par La Poste. Enfin, les API sont aussi un moyen comme un autre de s’entourer de talents, à une époque où les ressources humaines dans l’informatique au sens large se font rares. C’est très concrètement ce que fait Orange cette année encore dans le cadre de son Orange Summer Challenge 2017. L’opérateur historique propose en fait à des entrepreneurs, développeurs, etc., seuls ou en équipes, de les accompagner pendant deux mois sur la création d’outils en utilisant les API Orange. Cette initiative pourrait même aboutir sur la création de start-ups ! En l’occurrence, il s’agit d’exploiter les  « API SMS » et « API Direct Carrier Billing ». L’opérateur fait ainsi d’une pierre deux coups : attirer des talents et créer de nouveaux services innovants. Bingo !