La transformation numérique, entre usages et données

L’économie est devenue « collaborative » et l’Etat lui-même devient une « plateforme » permettant d’accéder en ligne à un nombre grandissant de services publics.

La transformation numérique est aujourd’hui sur toutes les lèvres, mais avec des acceptions fortes différentes vis-à-vis du sens premier du terme « numérique ».

Désormais le « numérique » s’applique aussi bien aux nouveaux devices (ordinateurs portables, tablettes, smartphones, IOT…), qu’aux nouveaux services (logiciels, applications …) et semble se construire essentiellement autour d’internet et du web social.

Ce sens donne toute sa place à la logique des usages. Le numérique devient synonyme d’accès immédiat à l’information, y compris en mobilité, de partage et de personnalisation.

L’économie est devenue « collaborative » et l’Etat lui-même devient une « plateforme » permettant d’accéder en ligne à un nombre grandissant de services publics.

Pour autant, la pertinence et l’efficience de la transformation numérique requièrent d’aller plus loin que la mode du « tout digital ». En intégrant certes la logique des usages afin de donner du sens aux processus de dématérialisation et d’automatisation du traitement de l’information. Mais aussi en plaçant la donnée et sa construction au cœur de cette intégration.

Ce qui nous permet d’ailleurs de revenir au sens propre du terme « numérique » à savoir la traduction en termes binaires (0 et 1) de l’information. Cette traduction numériquement exploitable de l’information doit permettre à des données stabilisées d’être communiquées de bout en bout, avec une fiabilité maximale du fait de la captation « à la source » de la donnée.

La véritable transformation numérique ne consiste donc ni à s’éblouir du digital, en oubliant la réalité des données et de leur construction, ni à dématérialiser et à automatiser à tout va en oubliant le sens, c’est-à-dire l’usage.  

A ce titre, la transformation numérique des organismes de protection sociale peut être citée en exemple. Dans un premier temps, la conception et la mise en œuvre du portail Net-entreprises.fr permet aux entreprises d’effectuer leurs déclarations sociales en ligne de manière gratuite et sécurisée. La dématérialisation des flux facilite ainsi la vie des entreprises en même temps qu’elle permet d’optimiser la performance des organismes, mais si des données circulent ce ne sont pas alors les données « sources ».

La mise en œuvre de la Déclaration Sociale Nominative (DSN) prolonge réellement ce modèle dans le monde numérique, puisqu’elle cesse de demander des flux propriétaires au profit d’un appui sur les données réellement utilisées dans les entreprises, et dont l’usage direct va constituer un réel allègement, puisque ces données existent déjà.

Pour profiter réellement de gains de gestion sur la transmission des données, les données en question doivent avoir un sens pour celui qui les gère au quotidien. Ceci pose clairement la question d’une normalisation qui seule permettra une transmission efficace de l’information de bout en bout du processus.

Il est également essentiel de garantir la sécurité des échanges, ce qui suppose de garantir l’intégrité des données notamment à travers l’authentification des déclarants et la sécurisation des flux.

En conjuguant Net-entreprises et la DSN, les ingrédients d’une réelle numérisation sont en place.

Avec à l’horizon un nouvel enjeu : ne pas seulement permettre aux entreprises d’opérer « nativement » leurs déclarations mais aussi rendre possible le « retour » d’une information enrichie et personnalisée, de l’administration en direction des entreprises. Il s’agit, autrement dit, de passer d’une logique de portail à la mise en œuvre d’un « nœud » de services impliquant une gestion intégralement numérique de la relation.

La DSN ouvre déjà ce chemin puisque les données sont optimisées à travers les retours des organismes de protection sociale. C’est un modèle à étendre.

Avec en complément, des nouveaux services à apporter sur Net-entreprises pour accompagner la digitalisation croissante : sécurisation des accès à toutes les procédures à partir des éléments déjà connus au niveau du portail, numérisation des envois de flux « officiels » actuellement seulement portés par des courriers recommandés, fluidité de la circulation entre les fonctionnalités pour les utilisateurs.

Pour être réellement efficiente, la transformation numérique requiert donc une utile modestie bien éloignée de la digitalisation à tout crin. Afin de délivrer tous ses bénéfices aux différents acteurs et usagers, elle suppose de croiser la parfaite maîtrise technique des systèmes d’information et de la production des données avec le recueil attentif des besoins et des usages. A ces conditions, les données révèleront toute leur valeur et les processus de numérisation délivreront tous leurs bénéfices économiques et sociaux.