PaaS : une plate-forme à votre service ?

La montée en puissance des offres de Platform as a Service appelle à repenser la consommation des logiciels informatiques en entreprise. Quelques éléments d'explication sur cette technique.

Que signifie l'acronyme PaaS ?

PaaS signifie Platform as a Service. Le terme PaaS aurait été forgé par le cabinet Saugatuck Technology. Il fait suite logiquement à l'acronyme SaaS (Software as a service), utilisé pour définir les logiciel disponibles à la demande via une interface Web par exemple, et proposés par des prestataires en alternative aux progiciels classiques qui requièrent une installation chez le client.

Le PaaS, à quoi ça sert ?

Le PaaS propose à l'utilisateur, en plus d'un service d'utilisation de logiciel à distance, d'avoir accès à une véritable plate-forme de développement, équipée d'un langage de programmation, d'outils de développements, de modules. L'utilisateur bénéficie donc d'un environnement de développement managé, hébergé, maintenu par un prestataire, basé sur une infrastructure externe à son entreprise. Il aura donc la possibilité de développer des outils uniques pour son activité.

Qui sont aujourd'hui les acteurs du PaaS ?

Acteur naturel du SaaS, Salesforce a été la première à proposer une plate-forme de développement, baptisée Force.com. Ce service de PaaS permet de modifier les services à la demande de CRM existants, mais aussi d'écrire et de modifier ses propres applications. Les applications écrites avec le langage Apex sont multi-locataires, automatiquement mises à jour au même moment que les services classiques de Salesforce.

Google quant à lui vient de proposer Google App Engine. L'idée de Google est de fournir un outil qui permette de développer et d'héberger un site dynamique. Pour l'heure, le langage de programmation est obligatoirement Python, et le compte gratuit permet 500 MB de stockage et 5 millions de pages vues au maximum par mois. A noter que Google a signé un partenariat technique avec Salesforce sur ce point.

Microsoft de son côté propose une plate-forme de développement CRM en ligne, baptisée Titan (Microsoft Dynamics CRM 4.0).

Amazon, la librairie en ligne, a profité quant à elle de son infrastructure informatique pour proposer plusieurs services, dont EC2 (Elastic Computing Cloud), qui permet d'avoir à disposition des machines virtuelles. Ce service ne propose pas à proprement parler de plate-forme de développement, mais permet à d'autres acteurs, comme Bungee Labs, de fournir des prestations de PaaS en utilisant son infrastructure. Dans ce contexte, l'activité d'Amazon sera décrite comme du Cloud Computing, soit de la puissance de calcul brute proposée à un client. Sur ce secteur, on trouve aussi des prestataires tels que Mosso, ou encore Joyent.

Le développement et le fonctionnement des applications peut se faire sans préoccupation pour les mises à jours de la plateforme et des logiciels

Dans la même lignée que Bungee Labs, OpSource propose un service de plate-forme pour les applications Web. A noter qu'Intuit propose un service PaaS sur son logiciel de comptabilité Quicken.

Est-ce que le PaaS signifie la fin du SaaS ?

Le PaaS permet à des utilisateurs en interne de développer des outils spécifiquement destinés à leurs besoins. Le SaaS quant à lui est un outil fini mis à disposition de l'utilisateur. En fonction de leurs besoins et de leurs ressources internes, les clients seront à même de choisir une solution modulables ou bien un produit peu adaptable, mais qui ne nécessite pas de compétence particulière en programmation.

Louis Naugès fait une comparaison éclairante entre les différents types de services proposés en ligne, le PaaS, le SaaS et le Cloud Computing ; et les différents états de raffinements des carburants à partir du pétrole brut.

Le Cloud Comptuting peut être comparé à de l'achat d'énergie de base, permettant juste du calcul et du stockage par le client. Le SaaS serait lui un produit pétrolier fini, qui peut être utilisé dans le cas d'un usage très spécifique et défini. Le PaaS enfin serait un produit pétrolier que les entreprises chimiques pourraient se procurer avant de le raffiner plus encore pour en faire des produits à très forte valeur ajoutée.

Quels sont les avantages du PaaS ?

L'argument majeur du PaaS est que le développement et le fonctionnement des applications peut se faire sans aucune préoccupation pour les mises à jours de la plateforme et des logiciels qui fonctionnent dessus, qui sont entièrement pris en charge par le prestataire.

Par ailleurs, l'accès à la plate-forme se fait directement par un navigateur Web, sans nécessiter d'installation particulière ni de plug-in. L'idée du PaaS, c'est aussi que le développement et l'exécution d'un programme peut s'effectuer sur la même plate-forme, fournie à distance et par le biais d'une interface Web par un prestataire.

Quels sont les risques du PaaS ?

Plusieurs enjeux techniques et fonctionnels questionnent le PaaS tel qu'il est présenté aujourd'hui.

Les problèmes de sécurité des données sont majeurs. Tout comme pour le SaaS, les données des clients sont externalisées. Mais, bien plus, les outils des clients sont accessibles uniquement via le Web, et en un sens ne leur appartiennent pas. La question de la disponibilité est essentielle. Pour ses services SaaS, Salesforce assure cependant que la disponibilité est de 99,9%.

Ensuite, côté prestataire, la question de la mutualisation des services proposés sur un minimum de ressource pose la question de la bonne gestion des montées de versions, de la mise en place des correctifs, tout ceci dans un contexte incrémental. Il existe aussi de gros enjeux autour de la montée en charge, qui peut être parfois soudaine.

Enfin, les enjeux de la personnalisation côté utilisateur, au niveau de l'interface, des processus, des briques de code propres sont autant de problématiques qui questionnent la capacité du client à se servir de manière complète de l'ensemble des outils proposés.