Veille IT dans les secteurs privé et public : même combat ?

Se faire battre est excusable, se faire surprendre est impardonnable. Cette expression de Napoléon prend une résonance toute particulière transposée dans un contexte de veille et d'intelligence économique.

Et s'il est acquis que les entreprises - aussi bien les grands comptes que les PME - s'emploient à mettre en place des cellules de veille technologique avec le double objectif de garder une longueur d'avance sur leurs compétiteurs et continuer à accroître leur position concurrentielle, qu'en est-il réellement des organismes publics ?

"Bien qu'évoluant rapidement, le secteur public, regarde peu les prospectives technologiques non seulement par manque de temps mais également parce que cela ne rentre pas dans le cadre d'une enveloppe budgétaire allouée ", note de son côté Robert Cunillera, directeur Enterprise Solutions de la SSII SCC.

Et le directeur de poursuivre : "les projets d'acquisition de technologies innovantes se font sous forme d'appels d'offres qui figent une réponse technique sur 36 ou 48 mois, ce qui apparaît antinomique avec l'évolution des technologies qui passent des gaps tous les ans".

Malgré ces problématiques de temps et - parfois - de financement, il n'en demeure pas moins que les organismes publics (ministères, collectivités…) gardent l'œil ouvert en matière de veille informatique, notamment dans le domaine de l'Open Source même si d'autres problématiques ont émergé avec le temps.

"L'Open Source constitue une thématique de veille beaucoup moins marquée aujourd'hui qu'il y a 2 ans, et le secteur public se focalise sur d'autres besoins liés notamment à la consommation, la virtualisation, au stockage et au plan de reprise d'activité, la sécurité ou encore à l'archivage", indique Robert Cunillera.

Pour autant, les besoins en termes de veille technologique dans le secteur public pourront difficilement se confondre, nécessitant de les extraire au cas par cas.

"Nous surveillions les technologies innovantes dont l'introduction et la diffusion dans le système productif peuvent avoir des conséquences en terme d'emplois et analysons les politiques publiques et les moyens mis en œuvre par les entreprises pour innover, développer des savoir-faire et transférer des technologies", note Cyril Bouyeure, Coordonnateur Ministériel à l'Intelligence Economique au sein du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Emploi.

Et Cyril Bouyeure de préciser : "nous sommes à la fois producteurs et consommateurs d'informations stratégiques. En tant que producteurs, nous éclairons les mutations à venir et mettons à la disposition des acteurs économiques une information utile, tandis qu'en tant que consommateurs de technologie, nous suivons les développements permettant d'assurer la convergence des systèmes informatique des différents services, la dématérialisation des dossiers, l'extension de l'e-learning, le logiciel libre ou encore les outils de la mobilité".

Avec des thématiques et des problématiques qui se recoupent partiellement - voire en totalité - , les responsables informatiques et veilleurs IT dans les entreprises privées ne sont désormais plus les seuls à accompagner leur démarche, rejoints par leurs homologues du secteur public.

"Les DSI des organismes publics viennent très régulièrement aux journées techniques des acteurs du marché, participent aux salons informatiques, mais restent toujours extrêmement prudents quant à leurs choix, même si le déclencheur a peut être été l'adoption de l'Open Source", conclut Robert Cunillera.